On ne sait pas s'il faut sourire du communiqué publié par le député du Nord de la Martinique, Marcellin Nadeau, suite à sa rencontre, en compagnie d'autres députés "ultramarins" avec le Ministre français de l'Education Nationale, Pap N'Diaye.
L'objectif principal de ladite rencontre était de plaider la cause dite des "néo-titulaires" à savoir de celles et ceux qui ont réussi à un concours de l'Education Nationale et qui risquent d'être mutés dans l'Hexagone. Problème récurrent mais quasi-insoluble puisque dans ce même Hexagone, un néo-titulaire n'est presque jamais nommé dans sa région d'origine. D'où ce que l'on a appelé les "turbo-profs", celles et ceux qui, natifs de Bordeaux par exemple, sont nommés dans un collège ou un lycée de Strasbourg et qui, chaque fin de semaine, prennent le TGV pour retrouver leurs familles. Impossible évidemment pour un néo-titulaire martiniquais de faire pareil !
C'est le système français qui fonctionne donc de la sorte et il est difficile de sortir du droit commun quand on est régi par l'Article 73 de la constitution. Sauf pour des cas très particuliers et donc donner de faux espoirs à nos néo-titulaires relève purement et simplement de la démagogie et du vèglaj politique. Mais passons sur cette question et venons-en à un autre point abordé par nos chers députés avec Pap N'Diaye. Dans le communiqué publié par Nadeau, en effet, on peut lire ceci :
"Enfin, il a reconnu la nécessité d’engager une réflexion sur la question de la prise en compte des langues régionales dans l’éducation des élèves. Les Députés d’Outre-Mer, au-delà des différences qu’ils incarnent ont insisté sur la démarche innovante, unitaire et solidaire qui est la leur en cette occasion."
Là, par contre, il y a de quoi franchement éclater de rire. "Engager une réflexion sur la question de la prise en compte des langues régionales dans l'éducation des élèves" ? N'importe quoi ! Comme s'il y avait quoi que ce soit de nouveau dans cela ! Comme si le GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créole), créé en 1975 et dirigé par Jean Bernabé ne s'était pas battu pour créer une Licence de créole, puis une Maîtrise de créole au sein de l'ex-UAG (Université des Antilles et de la Guyane) en 1994. Comme si un DEA (Diplômes d'Etudes Approfondies) et un Doctorat de créole n'avaient pas été créé en 1998 grâce à ce même GEREC. Comme si le GEREC ne s'était pas battu pour obtenir la création d'un CAPES de créole (2002) et d'une Agrégation de créole (2020).
TOUT CELA SANS L'AIDE AUCUNE des grands souverainistes-nationalistes-révolutionnaires qui peuplent la Martinique !
Conclusion : nous n'avons pas besoin de "prise en compte" de nos langues comme l'écrit le communiqué de Nadeau car c'est fait depuis 40 ans déjà. Ce dont nous avons par contre grandement besoin, c'est ceci :
__rendre le créole obligatoire à l'école primaire à raison de 3h par semaine.
__rendre le créole obligatoire à l'école secondaire à raison de 2h par semaine.
(Sachant que l'école n'est pas là pour apprendre à "parler" mais pour apprendre à "écrire" et à "réfléchir par écrit". Il y a des dizaines de millions d'enfants dans les pays du Sud qui n'ont pas la chance d'aller à l'école mais cela ne les empêche pas de savoir parler leur langue)
Pour l'heure, en effet, le créole n'est qu'une MATIERE OPTIONELLE. Autrement dit non-obligatoire et surtout en concurrence avec le latin, la musique ou l'informatique. Le seul combat sérieux que pourrait mener nos parlementaires serait celui d'un enseignement obligatoire du créole (comme c'est le cas pour les langues de Tahiti ou de Corse).
SINON, LE CREOLE DISPARAITRA PEU A PEU. Inexorablement. Se transformant d'abord en charabia, chose qui hélas, n'est pas très loin d'être le cas.
A quand la continuité territoriale entre Grand-Rivière et Ste Anne ?
Lire la suiteMalgré la rage qui me ronge de voir mon île dévastée par des étrangers venus d'ailleurs qui sont Lire la suite
...cette précision, cela n'a rien à voir avec le fond de l'article. Me semble-t-il...
Lire la suite"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
Lire la suite...mè "dannsòl".
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Commentaires
Quelques explicitations
Frédéric C.
13/08/2022 - 11:32
Il y a deux problèmes. 1)Les affectations des fonctionnaires ayant passé un concours "national français". Comme juridiquement la Mque est un "département français de droit commun", c'est imparable ! Le fait que les ex-CR et ex-CG soient fusionnés en CTM ne change rien à l'affaire. Ou alors il faudrait que soit créé en Mque-Gpe-Guyane un rapport de forces massif sur une base "nationale" ou "crypto-nationale". Ce type de rapport de forces, Nilor et Nadeau y ont-ils travaillé dans la période récente ? Non! Ont-ils mis leur drapeau "souverainiste" dans leur poche? Oui. Donc aller voir un ministre sans mobilisation populaire derrière, c'est comme aller se montrer pour un coup médiatique. C'est comme pour un éventuel droit de mutation "prioritaire" pour les "originaires D.O.M." (notez bien les guillemets !). Ou alors il faut revendiquer un statut dérogatoire, donc un pouvoir Mquais politiquement autonome, qui organiserait des concours locaux, donc avec affectations obligatoirement en Mque. Se sont-ils battus récemment sur une base "nationalitaire"? Naguère, oui. Mais ces dernières années, non. Ou alors c'était du sub-subliminal! 2)Je suis d'accord sur le fait que leur démarche n'est pas "novatrice". Nadeau et Nilor sont de la génération ayant pu connaître "Grif An Tè", "Antilla Kréyòl", ""Bannzil Kréyòl ", en tout cas ils y avaient accès, venant tous les deux de courants se réclamant de l'anticolonialisme" (MIM pour Nilor, GRS puis Modemas pour Nadeau). Ou alors ils considèrent qu'avant eux il n'y avait rien, et qu'ils sont des messies. Manque de culture ou nombrilisme ? Bonne question, et je me remercie de me m'être l'être posée. Ce qui est sûr, c'est que sur cette problématique précise, ils pourraient AU MOINS regarder le boulot qui a été fait avant eux, et démarré sous la Présidence de Giscard d'Estaing, à l'époque de l'assimilationnisme triomphant, et ou chaque pas en avant pour le GEREC nécessitait un combat. Ne pas oublier le DUELCC parmi les diplômes créés. 3) Pour le charabia, on y est déjà. Écoutez certains leaders syndicaux dits anticolonialistes " lors de leurs prises de parole et vous comprendrez (Exemples en Mque : PPC; Gpe: ED.). Beaux exemples pour la jeunesse actuelle... Le GEREC a-t-il une relève?