L'introduction du créole dans le système scolaire s'est faite à minuit moins cinq.
En effet, sans les efforts durant près de 4 décennies de Jean Bernabé et de son groupe de recherches de l'Université des Antilles (le GEREC) et l'obtention de haute lutte du CAPES de créole, la messe aurait été dite pour notre langue qui entre dans son quatrième siècle d'existence. Sans également, bien avant ce concours de recrutement de professeurs du secondaire, la création d'une Licence, d'un Master et d'un Doctorat en "Etudes Créoles" sur le campus de Schoelcher.
Cependant, ce sauvetage à quelques minutes du gong ou des douze coups de minuit, chose qui a empêché la messe d'enterrement, rien n'est encore vraiment gagné. La créolophobie à l'oeuvre dans notre société ne peut plus guère s'exprimer ouvertement mais si elle a perdu une bataille, elle n'a pas pour autant perdu la guerre. En témoigne la levée de boucliers qui s'est produite lorsque le parti (autonomiste) au pouvoir à la CTM a tenté de "co-officialiser" le créole aux côtés du français. Il est vrai que cette mesure aurait dû avoir été prise par le parti (indépendantiste) qui dirigeait notre collectivité majeure à l'époque où il était au pouvoir. Bref...
A notre petit niveau, nous tentons, sur le présent site-web, de ranimer un certain nombre de mots créoles disparus ou en voie de disparition et qui sont remplacés par des mots français qu'on ne prend même plus la peine de créoliser. Comment, par exemple, dire "balourd" en créole ? A cette question, la plupart des gens de moins de 60 ans seraient bien incapables de répondre. Certains jeunes diraient gwosomodo sauf que ce mot ne recouvre pas exactement la même réalité que "balourd". Il signifie plutôt : "mal éduqué" ou "mal élevé" même si la notion de balourdise n'en est pas totalement absente.
Or, la précision lexicale est quelque chose de très important, de fondamental même, pour une langue dominée tel que le créole lequel subit un grave recul tant du point de vue quantitatif (le nombre de locuteurs) que qualitatif (l'authenticité de la langue). Gwosomodo ne traduit ainsi pas exactement "balourd". Ce dernier mot se dit "lousmamé", mot dont l'origine est obscure à ce jour. Certes, on y trouve lous qui a deux sens en créole : "ours" (l'animal) et "ventru, presque obèse" (être humain), mais "mamé" demeure une vraie énigme. Les étymologies fantaisistes étant une sorte de jeu de société aux Antilles, d'aucuns disent y voir le terme espagnol mamey qui signifie "sapotille". Or, non seulement la sapotille est un fruit plutôt petit et d'aspect agréable mais le terme espagnol, qui est d'origine amérindienne, existait bien en créole, sous la forme manmen (un lieu-dit de la ville du Lamentin en Martinique, s'appelle, Kannal-manmen) et semble ne pas désigner la sapotille mais le... corossol.
Bref, peu importe l'étymologie exacte de lousmamé ! Ce qui importe c'est sa signification à savoir "balourd". Comme dans la phrase ci-après :
"Frè'w la ka fè kon an lousmamé toubannman" : ton frère se comporte comme un vrai balourd.
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Rien de plus facile que de modifier la constitution. Lire la suite