Un terme nouveau est apparu dans le vocabulaire politico-journalistique mondial ces dernières années : la post-vérité. Chacun connaissait jusque-là les mots "vérité" et "contrevérité". En fait, ce néologisme, traduction littérale de l'anglais "post-truth", désigne selon le dictionnaire Larousse :
"Concept selon lequel nous serions entrés dans une période (appelée ère de la post-vérité ou ère post-factuelle) où l'opinion personnelle, l'idéologie, l'émotion, la croyance l'emporte sur la réalité des faits"
Les champions toutes catégories de ce douteux concept furent les ex-présidents d'extrême-droite Donald Trump (USA) et Jair Bolsonaro (Brésil), utilisateurs compulsifs de ce réseau social appelé Twitter sur lequel les messages ne doivent pas dépasser 280 caractères. Messages qui doivent par conséquent être courts et précis, mais surtout sensés. Sauf que seule l'intelligence populaire avec le proverbe et l'intelligence philosophique avec l'aphorisme sont capables d'un tel exploit ! Sinon, pour expliquer quelque chose d'un tant soit peu sensé, tout le monde, fut-il président de la république, grand patron, éminent écrivain, artiste de renom ou footballeur professionnel, a besoin d'au moins 800, voire 1000 caractères. C'est pourquoi 90% des tweets sont des manifestations d'un ego démesuré ou relèvent de propos de comptoir. Le plus souvent empreints de contrevérités ! Ou de "post-vérités", si l'on préfère, car tordant allègrement le cou aux faits quoique ces derniers soient "têtus" selon l'expression d'un certain Lénine.
Malheureusement, la post-vérité a vite débordé les réseaux sociaux et s'est répandue comme une trainée de poudre dans tous les milieux, dans la bouche ou sous la plume de toutes celles et tous ceux qui estiment devoir expliquer à la terre entière leur position sur tel ou tel problème à propos duquel ce beau monde n'a strictement aucune compétence. La post-vérité sert aussi, comme le dit humoristiquement la langue créole à "mentir sur la vérité". La Martinique n'a pas échappé à cette vague mais fort heureusement, de loin en loin, de temps en temps, il y a des voix qui s'y opposent. Non sans une certaine dose de courage car dire la vérité est quelque chose de coûteux qui peut vous valoir une volée de bois vert. Ou de liane de balata.
En voici deux exemples...
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* J-P. MERT (Journal Justice du Parti Communiste Martiniquais) à propos des émeutes qui avaient secoué la Martinique au plus fort de l'épidémie de Covid-19 :
"Quel bilan peut-on tirer aujourd’hui de cette folle semaine ? Si les dégradations subies par la plupart des centres commerciaux ont été réparées, d’autres comme la destruction de la poste de Floréal, les destructions de biens privés appartenant souvent à des personnes de condition modeste ou les stigmates encore présents sur les chaussées nous rappellent quotidiennement l’ampleur de ces violences qui, pendant plusieurs jours, ont mis à l’arrêt l’économie du pays. Des violences qui ont provoqué un réel désaveu de la population. Elles n’ont abouti ni à l’abandon de l’obligation vaccinale pour les soignants, ni du passe sanitaire pour l’exercice de certaines activités. Un an après leur révolte, les soignants réfractaires n’ont toujours pas été réintégrés. Ils ne sont plus qu’une infime minorité car la majorité d’entre eux ont fait le choix de la vaccination. Le tableau apocalyptique des effets secondaires des vaccins annoncés par les porteurs de “fake news” est resté vide. L’intersyndicale s’est complètement disloquée, la population ne se déplace plus pour défendre la cause des personnels de santé non vaccinés. Les Martiniquais ont gardé un souvenir très amer de ces évènements. Beaucoup d’entre eux ont déserté l’action syndicale. Aujourd’hui, les mobilisations ouvrières n’ont plus l’ampleur de celles d’autrefois, laissant beaucoup de champ libre au patronat. Sans compter que la multiplication des homicides est venue assombrir le contexte sociétal. Notre peuple doit impérativement se ressaisir pour affronter les multiples défis auxquels il est confronté."
* Francis CAROLE (Président du PALIMA à propos de la disparition du site MONTRAY KREYOL après 15 années d'existence, interview sur le site guadeloupéen CARIBCREOLENEWS) :
CCN. Après plus de 15 ans d’existence le site” Montray Kreyol” a disparu du Net, suite à une décision de justice (affaire Ceregmia). Raphaël Confiant, affirme que les “patriotes ne l’ont pas soutenu” alors qu’il était très engagé dans le ” Gran Sanblé”…
F. Carole : La vérité nous commande de dire que le site « Montray Kreyol » a joué un rôle central dans notre victoire en 2015 et qu’il a, tout au long de la mandature du Gran Sanblé, maintenu son engagement. Au-delà de cet engagement, il a participé à la prise de conscience des Martiniquais et à toutes les luttes pour la promotion de notre langue et la dignité. Il faut aussi reconnaître que Raphaël Confiant a raison quand il affirme que Montray Kreyol n’a pas été suffisamment soutenu. Sans doute les difficultés rencontrées par le Gran Sanblé, l’éclatement de l’alliance, la campagne pour le renouvellement de la CTM peuvent-sans le justifier-contribuer à expliquer cette situation. Je pense que c’est une erreur. Il faut appeler un chat un chat.
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite