Caraïbéditions : “Nous connaissons nos forces et nos faiblesses”

Fasseur Barbara ("Actualité--Les Univers du Livre")

Créée en 2007, la maison d’édition régionaliste et indépendante Caraïbéditions s'est donné pour mission de « transmettre et faire renaître les titres connus et/ou abandonnés par les grandes maisons d’édition ». Portée par son fondateur Florent Charbonnier, c’est une maison multiple et complète qui compte à son catalogue des romans jeunesse et adulte, des essais, des polars, des ouvrages universitaires, des albums jeunesse, de la bande dessinée et bien plus encore. En juillet dernier démarrait une collection de textes de théâtre : Didascal'îles. 

Avec une collection d’ouvrages de poche particulièrement fournie, la maison Caraïbéditions s’inscrit avant tout dans un souci d’accessibilité. Florent Charbonnier nous explique comment se fait le choix des textes pour la collection Îles en poche : « Nous publions de beaux auteurs en nous tournant vers des maisons d’édition connues quand nous souhaitons acquérir des droits. Nous publions en priorité des auteurs qui ont eu des prix, dont le travail est reconnu pour “rassurer” les lecteurs, mais aussi les libraires. Nous publions également beaucoup de formats poche afin d’assurer des petits prix pour ces textes qui méritent d’être (re)découverts. »

Mais ce n’est pas tout, il résume : « Par exemple pour la toute jeune collection de théâtre Didascal’îles, ce ne sont que des pièces ayant déjà été jouées. Pour les romans Îles en poche, ce sont uniquement des textes déjà publiés. » Ainsi les textes choisis pour un passage en poche viennent soit de leur collection grand format, soit d’auteurs publiés par des maisons germanopratines comme c’est le cas avec Raphël Confiant chez Grasset, Roland Brival chez Gallimard ou encore Marie-Reine de Jaham chez Robert Laffont.

En revanche, pour ce qui est des sorties en grands formats, l’éditeur nous explique que ce sont généralement des textes inédits d’auteurs confirmés. Cependant, tout comme dans leurs collections de polars, d’essai ou de jeunesse, la maison donne également sa chance, une ou deux fois par an, à des primo-romanciers. Ce sera par exemple le cas avec Impasse Parole, de Céline Malraux, dont la publication est prévue à la rentrée de janvier.

Charbonnier nous parle également du lourd travail qui est effectué sur les textes les plus anciens : « Un véritable travail d’éditorialisation est effectué sur ces derniers, à commencer par le scannage des ouvrages. » Et de développer tout le processus de création : « Tout commence par un travail de recherche autour d’un auteur pour choisir un ouvrage. Si nécessaire, s’ensuit la phase d’acquisition de droit. Parfois, lorsque les textes sont très anciens, il n’existe pas de version numérique sur lesquels faire le travail d’éditorialisation. Il faut alors utiliser un exemplaire physique et parfois le détruire pour le scanner et récupérer un fichier texte que l’on réimporte et qui est corrigé une première fois avant d’être mis en page. Puis s’ensuit le système classique d’impression avant la diffusion et la distribution auprès des libraires. »

Si tout a commencé par la traduction en créole de Guadeloupe, Martinique, Guyane ou La Réunion d’œuvres classiques et mondialement connues, le catalogue s’est depuis étoffé. L’éditeur affirme cependant que la maison reste très sélective dans ses choix d’édition « dans une logique professionnelle, éditoriale, mais aussi de rentabilité ». 

Charbonnier rappelle également que le catalogue de Caraïbéditions tourne avant toute chose autour de problématiques locales et de textes oubliés. « Il y a toujours un lien avec l’outre-mer de manière générale », affirme-t-il, tant à travers les thèmes que porte le texte lui-même, qu’à travers les auteurs. Parfois, la traduction en créole s'impose pour des titres, comme Ladjè-a. Ce dernier n’est autre que la traduction de Guerre de Louis-Ferdinand Céline en créole par Raphaël Confiant, à paraître le 23 octobre prochain.

Une logique de demande et d'offre

La maison n’est pas à l’abri des problématiques actuelles : « En ce qui concerne la crise du papier, nous rencontrons toutes les problématiques évoquées par les éditeurs hexagonaux avec des spécificités en plus, propres à notre présence en outremer. » L’éditeur détaille ainsi les déboires liés au transport des ouvrages : désormais privés de transport en avion par la centrale de l’édition, les livres sont acheminés par bateau, avec des délais plus longs et des livraisons moins régulières.

De plus, la mise en place est de plus en plus compliquée en outre-mer, en raison des « problématiques de retour qui sont plus lourdes que dans l’hexagone et rendent les libraires de plus en plus frileux. Ces problématiques supplémentaires viennent également du fait que nous importons uniquement le produit fini. »

À LIRE: “On est vraiment moins méchant et moins bête quand on lit”

Pour autant, en près de quinze ans d’existence, la maison a su se faire une place auprès des plus grands : « Nous connaissons nos forces et nos faiblesses et nous nous basons là-dessus pour construire et entretenir cette belle image qui commence à se former. Les ouvrages en créole sont souvent notre premier tremplin quand nous devons faire face aux éditeurs, puis il nous arrive de revenir, cette fois en vue d'acquisitions de droits pour notre collection d’œuvres de poche. Désormais, nous ne sommes plus seulement dans une logique de demande, mais aussi d’offre. Les maisons nous proposent des textes, des auteurs, des ouvrages, mais aussi, de fil en aiguille, les auteurs nous parlent de ceux qui les ont inspirés et les inspirent toujours. »

Crédits photos : ActuaLitté (CC BY-SA 2.0)

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