Les gens qui, en ce côté où je suis né, ont voté fasciste – voté fasciste ? ? ? ! ? ! ! ! – ne sont pas seulement des Français, Françaises à part entière mais bien des Martiniquaises, Martiniquais réel-le-s, authentiques, dévoué-e-s au Noël du boudin, au vendredi saint des accras, aux Pâque et Pentecôte du crabe en matoutou,
fidèles à la grande pompe des célébrations de leurs jours sacrés tout en manifestant avec détermination leur hostilité au « prochain », leur opposition au fait de « séparer du pain avec celui et celle qui ont faim »[1], leur refus de « faire entrer dans leur haut lieu les misérables sans asile »[2].
Elles et ils détiennent, en ce côté où je fonctionne, les seules et vraies comportations du peuple martiniquais, cette réalité construite non pas en résistance au colonialisme, mais élaborée, durant des siècles, par "la France"
qui a validé la débaptisation d’Iguanakaéra, façonné les lieux qu’elle a nommés "François" (vieil usage pour dire et écrire "Français"), "Lorrain", "Fort-de-France" (avec un stigmate monarchique dans le nom des habitants, habitantes de cette ville), "Prêcheur", "Trinité" et puis "Sainte-Ceci", "Saint-Cela", "la France"
qui nous a colonisé-e-s – qui donc décivilisé-e-s, et puis modelé-e-s,
avec sa rivière Le Vassor, sa rue du Général Galliéni,
elle seule a libéré nos ancêtres, "la France"
pour finir avec la misère, "la France"
pour la Sécurité Sociale, les allocations, l’assurance chômage, le RMI, le congé administratif, "la France"
pour le boulevard Saint-Michel, "la France"
qui a apporté jusqu’ici départementalisation, régionalisation et qui, à présent, suggère l’autonomie, "la France"
qui donne de la valeur, "la France"
etc.
Je suis resté des années sur la piste de l’aérodrome du Lamentin à regarder l’avion du 6 décembre 1989 tourner dans le ciel et puis faire marche arrière pour dévirer d’où il vient, loin de ce côté
que j’aime, avec ses gens que j’aime,
avec son Diamant, son Grand-Rivière, la Savane de sa ville capitale, sa rue de la Guinée, ses conteurs et ses traceurs, qui fait que j’ai toujours cru que le racisme, le fascisme avaient été barrés une fois pour toutes, terminé.
Même en France, je n’arrive pas à concevoir que des personnes, humaines, munies de raison et de sentiments, se soient montrées incapables de résister à la vieille idéologie du rejet des autres au point qu’une grande partie de ce peuple-là, ayant oublié Vichy, l’Occupation, se déclare parée pour le repli sur soi, la haine du pas-même-pareil et fait de l’extrême droite, une banalité. Ében alèkilé,
fodré mwen toujou ka défann mwen pa sèlman kont lèspri kolonial la ki pa ka sispann djouké nou adan tout katégori, mé kont bi popilasion isi-a bouré épi an séri mès (matnitchitans-lan) moun olwen – pasé 10 000 tjilonmèt – ka tiré fisèl pou fè sé ta isi-a boujé douvan, dèyè, asou koté, fasé tout lafèksion yo sé pé ni pou Lakarayib-la épi voté ba rasis pis sé rasis yo-menm rasis.
Yo fè lenjèsion, dijèsion sa kolonializm-lan pòté : pa menyen Chèlchè, vanté sòlda isi-a ki pati tchwé Aljérien, Viètnanmien, dérèspèkté lang-nou-an, kontinié pòté wo zafè "lapo sové" a, san égal-égal, san lagòch, san ladwèt, san frè ni sè, mé
épi sé dirèksion-ta-la : Kayas, Wonm, Blanchitid, èvè an lèspri ki adan an sèl konstipasion.
Kidonk koté-a mwen ka viv la sé pa ta-yo-a, pèp-mwen-an sé pa yo. Mwen pa Matnitché.
Mwen ka rété, sa vré, bò lanmè-a, mé adan sé woulo-li-a tou, adan klèté-li-a, anfas sièl-la, èk adan sé ñaj-la, épi latè-a, adan tout sé lodè-li-a,
mwen pa ka maché jiskont akoté ravin-lan : mwen adan mouvman-li pou monté mòn Balé....
Pou bout, mi an dènié ti bagay :
Si sé Matinitché-a pa lé Ayisien, Donmnitchen, Sent-Lisien vin kotésit, yo pou pran lavòl, désann lòt bò dlo a, nan Lafrans-yo-a. Katapou mwen,
asiré mwen ni yonn-dé moun-bò-kay. Nou pa anpil mé nou pa lé fini disparèt kidonk fòk nou tounen nou-zòt adan lendépandans an koté-ta-nou, lib, ki ni an non nou chwézi èk éti sé lapòvtans-lan ki tout
*
Jéra Nikola
[1] et 2 d’après Ésaïe, 58, 7.
"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
Lire la suite...mè "dannsòl".
Lire la suiteSi on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite