Parmi les 4 questions à l’ordre du jour de cette édition, j’ai préféré, cette fois, soumettre au débat public uniquement ma réponse à la question 1 (ré-affinée et complétée) et mon point de vue sur une question d’actualité de mon choix.
La question 1.
Lors d ‘une réunion de travail avec le premier ministre Michel BARNIER, Serge LETCHIMY a plaidé pour une réforme économique de grande ampleur. Serge LETCHIMY demande une loi d’orientation et de lutte contre la vie chère
Cette démarche du Président de l’exécutif de la CTM est dans le prolongement de l’accord signé 16 octobre 2024. Il était parfaitement dans son rôle : s’assurer de la participation de l’Etat et plaider pour une solution durable.
Quatre remarques s’imposent toutefois :
- La première concerne la réaction de ceux qui se sont autoproclames représentants du peuple et n’ont pas signés l’accord. Ils l’ont trainé dans la boue sur les réseaux pour « intelligences avec l’ennemi ». C’est bien la preuve que la finalité de « l’armée des rubans rouge » n’était pas de trouver une solution, mais de maintenir le plus longtemps possible le chaos.
C’est pour cela que je partage l’avis du Présidant de la CCIM m selon lequel il valait mieux que leur signature ne figure pas sur l’accord ; Une manière de dire qu’ils font partie du problème, pas de la solution.
C’est pour cela que j’ai apprécié les paroles de vérité du secrétaire général du syndicat alliance police face au journaliste de « Tropique FM » qui tentait de polluer sa communication. La vidéo trop compromettante sur le manque de déontologie professionnelle de ce dernier a été enlevée depuis.
C’est pour cela aussi que je rends hommage au discernement et au courage de Mme CONCONNE qui, à contre-courant des « idiots utiles » qui aidaient, de fait, à entretenir le brasier, à bien perçu « l’urgence sécuritaire ».
- La deuxième remarque porte sur le contenu de la demande de l’exécutif de la CTM au Premier ministre. Il faut remettre en contexte : le gouvernement de Michel Barnier a été nommé pour mettre définitivement fin à l’État providence dans un contexte financier extrêmement contraint.
Par ailleurs, combien même que la situation soit depuis toujours plus fortement dégradée dans les outre-Mer, le pouvoir d’achat des français de l’hexagone est aussi durement touché. Cette question est ainsi devenue ces deux dernières années leurs priorité (sondage Institut Elabe pour BFMTV, août 2023). La marge pour une politique de « discrimination positive », puisque que c’est cela au fond la demande, est donc très étroite. Nous avons donc l’obligation de nous mobiliser collectivement et de prendre nos responsabilités pour déjà engager, dans le cadre de l’article 73, les réformes structurelles et super-structurelles à court, moyens et long termes (diversification agricole, accord sur les terres laissées en friche par nos compatriotes békés au profit de jeunes agriculteurs, réinvestissement en Martinique d’une partie des bénéfices des grandes surfaces à négocier, renforcement de nos rapports économiques avec la caraïbe avec les ajustement juridico-administratifs qui s’imposent, modification de notre rapport problématique à la consommation, s’émanciper de la tyrannie automobile par un transport public digne de ce nom et une politique de reconversion pour les professionnels de l’automobile…). Nous devons cesser de nous en remettre entièrement et indéfiniment à l’Etat français et à l’Europe même si leur aide est nécessaire aujourd’hui pour soutenir nos propres efforts, nos propres projets, notre propre volonté de changement.
- La troisième remarque, ce sont les enseignements qu’il faut tirer de l’échec de l’obsession identitaire et institutionnel à l’œuvre dans la politique conduite ces deux dernières années par l’exécutif de la CTM ; laquelle a bénéficié par ailleurs d’une connivence tacite de la classe politique. L’identitaire et l’institutionnel n’ont de sens que lorsqu’ils servent le progrès social, l’amélioration du quotidien des martiniquais. Autrement ce ne sont que des masques pour servir des ambitions de pouvoir.
- La quatrième remarque peut se résumer dans un constat : l’absence de condamnation des violences et des exactions dès le début par les élites politiques, intellectuelles et par la société civile (associations et représentants des différentes professions). Un peu comme si les tensions sociales avaient été le prétexte pour relativiser et masquer la réalité de la crise sécuritaire que nous subissions. L’action légitime de l’administration préfectorale et des forces de l’ordre s’est trouvée ainsi entravée. On a, en définitive, « fabriqué » une « crise sociale » parce que sur fond de tension social un individu sorti d’on ne sait où, défavorablement connu de la justice, a lâché ses voyous. Nous sommes en train de traverser comme dans l’hexagone une crise sécuritaire majeure qui a été de forte intensité et qui se poursuit encore avec une intensité variable à travers ces crimes qu’on s’évertue à qualifier de faits divers. Les causes sont à la fois sociales, éducatives et aussi, s’agissant des troubles récents, géopolitiques.
Didier HEIDERICH et Natalie MAROUN cité un article de Libération, (3 mai 2012) disent très justement : « Nous fabriquons des crises comme nous écrivons des œuvres dramatiques, des pièces en trois actes : hypertrophie de l’événement, mobilisation de l’émotion, mesures d’urgence. Dans ces délibérations, le politique s’autoproclame sauveteur, héros protecteur. Et les peuples qui ont peur acclament leurs messies ». Sauf que, c’est « le défavorablement connu de la justice » qui prenant de court les opportunistes et autres idiots utiles qui a réussi cette fois à s’imposer comme « le messie ».
Ce cycle de l’insécurité associe quelques vieux nostalgiques de la révolution, quelques syndicalistes en errance, des voyous en embuscade et même maintenant un curé défroqué hystérique et quelques-unes de ses ouailles. Il a débuté dans ses formes actuelles par la dégradation insensée des statues de SCHOELCHER en mai 2020, il s’est poursuivi avec les pillages et les incendies liées aux contestations du vaccin contre le COVID 19 et anti-Passe sanitaire (2020-2021) et par des débordements dans une sombre affaire de cohéritier violent ne pouvant justifier légalement de ses droits, en fuite actuellement. Quel responsable de collectivité a déposé plainte contre les exactions de 2020, 2021, 2022 et d’aujourd’hui ? La sécurité est pourtant la condition de l’exercice des droits et elle ne saurait être assurée sans que la justice ne soit entièrement rendue.
Qu’on ne s’y trompe pas, l’urgence sécuritaire ne disqualifie nullement l’exigence de solutions sociales, économiques et éducatives durables. Et il faut encourager toutes les bonnes volontés qu’y s’y attellent sans arrière-pensées politiciennes. Il conviendrait ici rappeler que la question de la vie chère dans les outre-mer est l’objet de négociation entre les élus locaux et Paris depuis la mise en place en 2017 du dispositif « Bouclier, qualité, Prix » (BQP) et celle du dispositif « Démarche Oudinot du pouvoir d’achat » en 2022.
La question d’actualité
Ma question d’actualité avait pour objet « l’’ambiguïté des médias » et plus particulièrement la manière dont l’information sur les troubles en Martinique contre la vie chère étaient rapportée par les médias locaux et hexagonaux.
Mon point de vue est que celle-ci était le plus souvent biaisée et s’apparentait à de la désinformation, voir de la manipulation.
- Il y a désinformation et manipulation lorsqu’on met sur le même plan les forces de l’ordre assermentées (dont la mission est de protéger les biens et les personnes) et des repris de justice dont l’objectif étaient de vandaliser, d’incendier et de piller. Cela n’exclut nullement la possibilité de dérive du côté des forces de l’ordre. Il faut alors les identifier et les dénoncer de manière informée et autant que possible documentée. Le dispositif caméra sur chaque CRS aide à établir la vérité des faits. Notons en passant qu’il y a eu 21 militaires blessés dont un très jeune assez grièvement et qu’eux n’ont fait aucune victime parmi les voyous. Seul 1 a été tué mais par ses comparses lors d’un partage du butin.
- Il y a désinformation et manipulation quand on utilise la qualification de « militants », « d’activistes » ou de « citoyens » pour des voyous récidivistes.
- Il y a désinformation et manipulation lorsqu’on affirme comme dans la presse hexagonale que ce mouvement est « populaire », je cite : “ les martiniquais sont en lutte contre la vie chère ». La vérité est que les voyous ont pris comme prétexte un problème réel pour se livrer à des déprédations.
- Il y a désinformation et manipulation lorsqu’on veut faire croire que les violences, les pillages, les incendies seraient en marge du mouvement initié par les autos proclamés représentants du peuple. Il suffit d’aller voir sur les réseaux sociaux et les vidéos le chef de guerre, ses lieutenants et ses soldats insulter et menacer tout en se déclarant devant l’opinion pacifistes. Il suffit de se rappeler les propos programmatiques de ce chef lors d’une interview sur « Tropique FM » : “Piller, incendier puis traquer “ou encore ces menaces aux forces de l’ordre “« si vous en tuez 1 nous en tuerons 100 et si vous en tuez 100 nous vous éliminerons » ou encore ces consignes de blocage du pays “Rien ne doit passer “.
J’explique ce dévoiement de l’information, au niveau local, pas seulement par la recherche du sensationnel mais surtout par une volonté petite bourgeoise, fascinée par les mauvais garçons, de fabriquer des héros aidé en cela par des idiots utiles.
Au niveau hexagonal c’est cette vieille tradition « Tiers-mondiste » et « paternaliste » qui consiste à caresser les nègres dans le sens du poil qui a contrarié la prise de recul nécessaire et conforme à la déontologie de la profession.
Marie-Laurence DELOR
Aux dernières nouvelles une délégation de parlementaires antillo-guyanais ira prochainement visit Lire la suite
Belles paroles....
Lire la suiteArrêtons avec l'idéalisme ! Lire la suite
...oui j'oubliais une chose, importante par les temps qui courent. Lire la suite
... Lire la suite