LETTRE OUVERTE AU 31ème PREFET FRANCAIS DE MARTINIQUE

Raphaël Constant

Monsieur le préfet,

J’ai lu avec attention votre interview à France Antilles en date du 23/10/2024.

Je ne peux que saluer, après le président de la CTM et la présidente du MEDEF, votre contribution à cette propagande visant à nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Néanmoins, n’ayant pas froid aux yeux, vous allez plus loin.

Déjà, vous vous flattez que ce soit les “martiniquais” qui ont eux mêmes élaborer ce supposé accord. Doit on rire ou pleurer ? Bonjour au Club Martinique. Vous êtes donc devenu martiniquais ? Ce chiffon de papier est votre œuvre et celui de la caste des possédants dans notre pays.  Il existe car vous êtes parti à Paris prendre vos instructions. Le Président de la CTM y a prêté la main mais il est le seul à croire qu’il a un rôle sérieux dans cette affaire. Quant aux parlementaires, ils ont innové. Ils ont signé mais pour être témoins !!!

Fort heureusement, le ridicule ne tue point.

Mais puisque vous vous flattez d’avoir permis cet accord, je m’interroge sur vos compétences juridiques.  Vous avez dû faire l’ENA ? Car comment donner une portée réglementaire et normative à ce document sans queue ni tête où on ne sait même pas qui signe et si les signataires ont pouvoir pour le faire.

Ce n’est pas tout. Votre document serait l’amorce d’un changement de “modèle économique”. A qui ferez croire une telle fable? Le modèle économique, il est en place depuis 1848. Une caste de descendants d’esclavagistes trustant toute l’économie, une masse anonyme méprisée vivant dans les limites de la pauvreté et une petite et moyenne bourgeoisie de couler à mi-chemin entre l’impuissance et les désillusions. Vous laissez croire que votre chiffon de papier va changer cela.

Ah oui, vous allez développer l’agriculture locale. En 1963, le régime gaulliste nous avait dit la même fable. Cela s’appelait la “réforme foncière”. La “production locale”, on en parle depuis Giscard. Vous ne trompez personne sinon ceux qui veulent être trompés. Votre difficulté est qu’ils sont de moins en moins nombreux.

La grande majorité des martiniquais n’est pas dupe de votre attrape-nigaud. Elle rejette votre accord.

Donc votre souhait de retrouver un pays “apaisé”, je pense que vous êtes mal parti.

L’apaisement pour vous signifie que les riches restent ou deviennent plus riches, que les pauvres continuent à être pauvre et que tout le monde reste à sa place gentiment !

Dans un pays qui a connu trois crimes contre l’humanité (génocide des Kalinagos, traite négrières, esclavage), un héritage raciste et discriminatoire encore en vigueur, de multiples fusillades de travailleurs, un crash, un empoisonnement aux pesticides, tout cela fait impunément avec une justice au service des puissants et de l’État français avec une telle histoire, une telle actualité, vous souhaitez la paix?

La seule paix dont vous êtes capable est celle des cimetières.  

Vous n’aurez pas de Paix sans justice

Vous dites ne pas comprendre la violence et son lien avec la vie chère. Les oppresseurs ne comprennent jamais les opprimés. Les esclavagistes ne comprenaient pas que les esclaves voulaient être libres. Les colons n’ont jamais compris que les colonisés se révoltent. Il est donc normal que vous ne compreniez pas. Et croyez bien que nous n’allons perdre notre temps à tenter de vous expliquer.

C’est la chance des opprimés que les oppresseurs ne les comprennent pas !

Sachez que mon humanité est proche et complice de ceux que vous appelez “violents” ou “pilleurs”. Ils sont des victimes de votre société et leur violence est infime par rapport à celle que vivre le tiers des martiniquais vivant dans la pauvreté et de vos sbires qui frappent manifestants, femmes, handicapés et enfants.

C’est vous qui êtes la personnalisation de la violence !

Vous êtes le 31ème préfet que la Martinique subit depuis 1946. On a quasiment oublié la plupart de vos prédécesseurs. La mémoire collective a retenu ceux qui se sont illustrés par une violente répression sinon sanglante et des liens étroits sinon soumis à la caste békée. On pense à Trouillé, Grollemund, Terrade, Orsetti.

N’ayez crainte, vous êtes sur le podium et sur votre lancée, on peut craindre qu’elle soit encore plus sanglante ! Votre mépris et votre arrogance ne seront pas oubliés.

Mais, vous n’êtes qu’une virgule dans notre histoire. Les préfets français passent et trépassent, le peuple martiniquais reste et avance. Notre peuple gagnera car la liberté et la dignité sont l’avenir.

Votre seule démarche est d’assurer dans notre pays la présence française, quelque soit le prix. Au fond, vous être un suprémaciste français qui veut imposer ses vues et déniant au peuple martiniquais le droit d’avoir un drapeau, un pays, un destin.

Rien de bien original au regard de l’histoire depuis 1635 !

Vous avez déjà perdu.

Recevez les salutations que la politesse m’oblige.

24/10/2024

Raphaël CONSTANT

Avocat et Militant

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