Jani Honora est historien, Louisianais et spécialiste de l'histoire de l'Eglise catholique en Louisiane.
A l'occasion de l'élection du Pape Leon XIV, il a exhibé une photo des grands-parents de ce dernier avant de déclarer à la chaine de télé américaine CNN : "The family was free people of color prior to the Civil War. When they move to Chicago between 1910 et 1912, they "passed" into the white world. (Sa famille faisait partie des gens de couleur libres avant la Guerre civile. Quand ils émigrèrent à Chicago entre 1910 et 1912, ils "passèrent" dans le monde blanc."). Si nous, aux Antilles, nous connaissons bien l'expression "gens de couleur libres", nous ne sommes guère, voire pas du tout habitués à celle de "passer dans le monde blanc".
En anglais, on dit : to pass for White.
Avant de se pencher sur cette expression il est nécessaire de faire quelques petits rappels historiques et sociologiques. En effet, c'est à partir de 1492, de Christophe Colomb et ses successeurs, que la blanchitude ou la blanchité devient l'unité de mesure de l'humanité suite à la conquête du monde entier par l'Europe. D'où l'expression "non-Blanc" ! Peu d'entre nous se sont un jour demandés pourquoi personne ne dit-on jamais "non-Noir", "non-Jaune", "non-Rouge" ou "non-Basané". Nous trouvons et utilisons "non-Blanc" comme si cela relevait de l'évidence. Exemple : pourquoi Barack Obama est-il un "non-Blanc" et pas un "non-Noir" vu qu'il a une mère blanche et un père noir ? La logique qu'il y a derrière cela est pourtant claire : pour être "Blanc", il faut l'être à 100%. Une seule goutte de sang (/un seul chromosome) africain, amérindien, arabe ou asiatique fait automatiquement de vous un..."non-Blanc" ! Cela même si (suite au métissage) vous avez l'air...Blanc.
(Petite précision historique : pendant les 3 derniers siècles la quasi-totalité des métis aux Amériques et donc aux Antilles étaient issus de "l'union" entre un homme blanc et une femme noire réduite en esclavage. Les Barack Obama, Dieudonné, Yannick Noah etc...__père noir/mère blanche__n'existaient pas !)
Revenons à l'expression "to pass for White" ou "passer pour Blanc" : de métissage en métissage entre "gens de couleur libres", au fil du temps, sont apparues des personnes avec un phénotype européen. "Caucasien" dit-on aux Etats-Unis, terme comique, voire loufoque puisque les vrais Caucasiens (tel Ramza Khadirov, le président de la Tchétchénie) ne sont pas considérés comme de vrais Blancs en Russie et sont souvent qualifiés de "culs noirs" ou de "bougnoules". Mais bon...Donc, la ou les personnes apparemment blanches aux Etats-Unis n'ont qu'une chose à faire pour ne plus être classées comme 'Negro/Black/African American", termes successivement utilisés au cours de l'histoire américaine : changer de ville ou d'Etat. C'est ce qu'a fait la famille Prevost (patronyme du nouveau pape, Leon XIV) en déménageant de la Nouvelle-Orléans au Sud à Chicago au Nord. Arrivés à destination, au vu de leur phénotype, personne évidemment ne leur soupçonnerait une ascendance noire ou partiellement noire. D'ailleurs, même aujourd'hui, le phénomène "to pass for White" continue : vous avez un phénotype européen et vivez en Caroline du Nord, eh bien vous partez vivre en Californie et là, vous prétendez avoir perdu vos papiers. L'officier d'état-civil qui vous les refera n'indiquera évidemment pas "African-American" dans la case prévue à cet effet, mais bien "Caucasian" et le tour est joué ! C'est ce qu'avait donc fait la famille Prevost en 1910 comme des milliers d'autres.
Le classement par "race" étant interdit en France et dans la plupart des pays du monde, tout cela peut nous paraitre saugrenu mais aux Etats-Unis, ça ne l'est pas du tout. Pourquoi ? Parce que les groupes ehtniques vivent dans des quartiers séparés et qu'il est nécessaire pour eux de se compter. Quand, par exemple, des dotations financières municipales ou fédérales sont attribuées, il devient nécessaire de savoir quel groupe a droit à quel montant. Tel ville compte 27% de Noirs, eh bien 27% desdites allocations doivent leur être allouées. Pareil pour les places à l'Université ! Ainsi régulièrement des comptages ethniques sont organisés et l'on peut comprendre pourquoi les Noirs américains en veulent beaucoup à ceux qui se sont fait "passer" pour Blancs : cela diminue forcément le pourcentage de Noirs et par conséquent les dotation allouées à ces derniers. Entre parenthèses, quand les recensement disent qu'il y a 14% de Noirs aux Etats-Unis (48 millions sur 347 millions d'habitants), il s'agit d'une blague dès l'instant où l'on s'en tient à la définition du Noir dans ce pays à savoir la fameuse "One drop rule" (unique goutte de sang). Depuis trois siècles, il y a tellement de "métis" qui se sont faits "passer pour Blancs" que ce pourcentage doit en réalité tourner autour de 60, voire 70 millions.
L'historien louisianais Jani Honora ayant démontré, documents d'état-civil et photos à l'appui, que les ascendants de Leon XIV étaient des "gens de couleur libres", en bonne logique américaine, le nouveau pape ne peut en aucune façon est classé ou considéré comme "Caucasian" (Blanc). Est-il "Noir" pour autant ? Difficile à dire pour plusieurs raisons :
. . s'agisant de la Louisiane d'où est originaire le nouveau Pape, les lois ségrégationnistes étaient claires et elles persistent dans les mentalités bien qu'ellles aient été abrogées : on ne peut être classé "Blanc" qu'à partir de la 7è génération de métissage ininterrompu avec des personnes blanches. Le sang noir aura ainsi été "lavé" ! Dans les années 90, un maire de La Nouvelle-Orléans avouait sans honte qu'il avait gagné l'élection parce qu'il avait interdit aux chercheurs et aux historiens l'accès aux archives d'Etat-Civil de la ville. Pourquoi ? Parce que de riches familles classées "blanches" craignaient qu'on n'y aille fouiner et découvre qu'elles avaient quelque arrière-grand-mère noire ! Or, Leon XIV est seulement la 3è génération des Prevost à être classée "blanche" suite à leur déménagement à Chicago. Ci-après : une photo de "passed for Whites" dans les années 30.
. le nombre de couples dits "mixtes" étant devenu tellement important aux Etats-Unis depuis une trentaine d'années, des gens issus de deux groupes ethniques différents se sont battus pour obtenir une nouvelle catégorie : inter-racial (inter-racial). Sauf qu'au dernier recencement, seuls...8 millions de gens ont coché cette case, ce qui est très peu pour une population de 347 millions. La notion de métissage est inconnue ou inacceptée au pays de l'Oncle Sam ! Rions un peu : les enfants du vice-président, J. D. Vance, adepte du suprématisme blanc tout comme son patron, Donald Trump, ne peuvent pas être classés comme...Blancs. Vance a, en effet, épousé une Indienne (de l'Inde) au teint si foncé qu'aucun film de Bollywood ne voudrait d'elle ! Les acteurs de ces films sont toujours choisis pour la claireté de leur teint et ils ressemblent à des Italiens ou des Espagnols. Profiton-en d'ailleurs pour rappeler que le plus grand fabricant et le plus grand consommateur de produits pour blanchir la peau est l'Inde et pas du tout l'Afrique noire !
. une fois classé comme "Blanc", personne n'aura l'idée de se faire reclasser comme "Noir" dans une société aussi raciste que les Etats-Unis. Ceux qui ont ou dont les parents ont "franchi la ligne de couleur" (to cross the color line), autre expression courante dans ce pays, comme ce fut le cas de ceux de Leon XIV, ne s'y refusent pas par aliénation mais tout simplement parce que la seule vraie possibilité de réussite sociale ou d'enrichissement pour un Noir dans ce pays est de devenir basketteur, rappeur, mannequin ou acteur. Ou encore soldat (quoique qu'officiellement les Noirs ne soient que 27% de la population, le nombre de militaires noirs américains avoisine les...38%). Donc laissons à Leon XIV le choix de s'auto-définir !
. la double élection de Barack Obama n'a pas, malgé l'Obamacare (sécurité sociale pour les plus démunis) fondamentalement changé la situation des Noirs. En effet, au dernier recensement, le groupe ethnique dans lequel la mortalité infantile est la plus élevée est le groupe...noir. Même le groupe, pourtant si maltraité des Natives Americans (ex-Peaux-Rouges) s'en sort mieux.
Enfin, il convient de dire que si la xénophobie (ou racialisme) à savoir la détestation ou la peur de l'Autre, du Différent, a toujours existé, depuis l'aube de l'humanité donc, et cela partout à travers le monde, le racisme ou plus exactement la théorisation du racisme, la volonté de démonter "scientifiquement", que telle "race" est supérieure à une autre, est un phénomène assez récent. On ne trouve pareille chose chez les Sumériens, les Egyptiens de l'Antiquité, les Indiens, les Arabes, les Chinois et...Le racisme (pseudo-) scientifique date du 19è siècle (cf. De l'inégalité des races humaines du Français Gobineau) et s'est poursuivi ai 20è (cf. Mein Kampf de l'Allemand Afolf Hitler).
Nous sommes au 21è siècle et si la xénophobie ne disparaitra jamais, pourquoi ne ferions-nous pas tout ce qui est en notre possible pour terrasser le racisme ?
Et aussi bête qu'an-alpha (méconnaissance des rexte et de la connaissance..) sans parle d'anal... Lire la suite
...sous un autre pseudonyme pour tenter de diffuser ses âneries nauséabondes visant à dédouaner l Lire la suite
Comment interpréter cette phrase? Elle me met mal à l'aise .
Lire la suiteLes USA n’ont jamais colonisé ni la Colombie ni le Mexique ni le Vénézuéla ,or estime aujourd' Lire la suite
Quand on voit que la drogue est huberiser en Metropole, qu’il suffit de passer commande avec livr Lire la suite