Il y a environ un mois que l’écrivaine Jennifer Richard a été annoncée comme la gagnante du Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone 2023, grâce à son roman Notre Royaume n’est pas de ce monde (Albin Michel, 2022). Son prix lui a été remis lors d’un gala organisé à Abidjan, en Côte d’Ivoire. De nombreuses personnalités étaient présentes, comme le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie, et des auteurs tel que Djaïli Amadou Amal, Florent Couao-Zotti, Fodjo Abo, Anzata Ouattara.
Jennifer Richard est née à Los Angeles, aux États-Unis, en 1980 d’un père français et d’une mère guadeloupéenne, elle fait des études de droit comparé couronné par l’obtention d’un Master II. Elle commence à travailler comme documentaliste dans une entreprise mais après une année dont elle garde de beaux souvenirs, elle est limogée de façon illégale et se retrouve au chômage. Dans la recherche d’un nouvel emploi, elle participe à un concours d’écriture lancé en 2006 par les Éditions Robert Laffont. Ce sera le déclic de sa carrière d’écrivaine puisqu’elle sera lauréate de la deuxième édition de cette Résidence du premier roman qui était consacrée au roman fantastique. Dès lors, elle publiera son premier livre Bleu poussière (Robert Laffont, 2007). Chez le même éditeur, elle va publier deux autres livres, Requiem pour une étoile (2010) et L’Illustre inconnu (2014).
Dès son quatrième roman, Jennifer Richard change d’éditeur et s’investit dans l’histoire de la colonisation en Afrique. C’est ainsi qu’elle publie Il est à toi, ce beau pays (Albin Michel, 2018); Le Diable parle toutes les langues (Albin Michel, 2021) et en 2022, elle fait paraître Notre Royaume n’est pas de ce monde qui vient d’être primé. D’une manière générale, ses derniers romans revisitent l’histoire des relations entre l’Afrique et le reste du monde. L’on y retrouve de nombreuses figures historiques comme Léopold II, Thomas Sankara, Basil Zaharoff, Martin Luther King, Pierre Savorgnan de Brazza et Mouammar Kadhafi entre autres.
En effet, Notre Royaume n’est pas de ce monde est un roman qui explore la colonisation et l’impérialisme sur la terre africaine, et la ségrégation en terre américaine. C’est un roman-fleuve documenté, de plus de 700 pages, qui s’étend de 1896 à 1916. Il porte sur l’histoire d’Ota Benga, un pygmée originaire du Congo qui, exposé notamment au Zoo du Bronx aux États-Unis, décide de se suicider en 1916 pour mettre fin à la déshumanisation dont il était victime. Jennifer Richard travaille donc à revisiter l’histoire de l’Afrique. De ce fait, le jury du Prix Ivoire, présidé par Werewere-Liking, a « été séduit par l’art du récit de Jennifer Richard. Porté par une langue exigeante, récit fouillé, ample et original qui ajoute à la belle énergie de l’œuvre, Notre Royaume n’est pas de ce monde parle au cœur du lecteur. En convoquant les glorieux vaincus ainsi que les vrais et faux héros fabriqués par l’histoire du continent africain, ce roman éclaire la longue histoire des Afriques et ouvre une fenêtre sur une terre qui n’a jamais été guérie de sa rencontre avec le Vieux et le Nouveau continent ».
Ces arguments ont donc joué en faveur de Jennifer Richard, qui était en lice avec Mano de l’autre bord, roman d’Antoinette Tidjani Alou (Project’îles, 2023) ; L’Amante religieuse, recueil de nouvelles de la Marocaine Nadia Essalmi (La croisée des chemins, 2022) ; Où vont les ombres quand la nuit vient, roman du Mauricien Alain Gordon-Gentil (Hervé Chopin, 2023) ; Une somme humaine, roman du Haïtien Makenzi Orcel (Rivages, 2022) et le roman Terre des sans-patrie de l’Ivoirien Mahmoud Soumaré (Les Classiques Ivoiriens, 2023).
Organisé par l’Association Akwaba Culture, le Prix Ivoire récompense les œuvres des écrivains d’Afrique et de sa diaspora, écrites ou traduites en français. Il se démarque de manière remarquable par sa célébration des œuvres qui ont un lien fort avec l’Afrique. Ce sont des textes à caractère historique, essentiellement, qui contribuent à raviver la mémoire du continent africain. C’était le cas de Dans le ventre du Congo (Éditions La Vallesse) de Blaise Ndala, lauréat de l’édition 2021 ; et Le Continent du Tout et du presque Rien (JC Lattès) de Sami Tchak, en 2022.
Boris Noah
"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
Lire la suite...mè "dannsòl".
Lire la suiteSi on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite