Pour Marine Le Pen, il s'agissait d'un passage obligé. Ce dimanche 5 janvier, la tête de proue du Rassemblement national sera la première représentante de l'opposition à se rendre sur l'île de Mayotte après le passage destructeur de l'ouragan Chido. Une promesse formulée par l'ex-candidate à la présidentielle dès le 31 décembre au soir, lors de v?ux vidéo, postés sur les réseaux sociaux, spécialement dédiés.
Présentés par Marine Le Pen comme « un message de fraternité et d'amitié infinies » à destination des Mahorais, qui l'ont placée largement en tête du second tour de la dernière présidentielle, avec 59 % des voix. Avant de sacrer son dauphin, Jordan Bardella, lors des dernières élections européennes en lui accordant 53 % des suffrages exprimés. Des scores hégémoniques, témoins de la progression exponentielle du mouvement nationaliste à Mayotte et plus largement dans tous les territoires d'outre-mer. Jusqu'aux Antilles.
Il paraît loin le temps où, en 1987, Jean-Marie Le Pen, président du Front national d'alors, n'avait pu poser le pied sur le tarmac de l'aéroport de Martinique en raison de la vive hostilité de manifestants contre lui. Le score du parti à la flamme est passé du simple au double dans les territoires ultramarins entre les élections présidentielles de 2012 et 2017, avant de littéralement exploser lors de l'édition 2022, malgré un contexte de forte abstention.
Avec des suffrages dépassant au second tour les 60 % en Guyane, en Martinique comme en Guadeloupe. Lors des dernières européennes, le Rassemblement national est arrivé en tête dans dix des onze anciens DOM-TOM. Le résultat d'une stratégie de longue date, coordonnée notamment par l'ancien conseiller outre-mer de Jacques Chirac, André Rougé, rallié à Marine Le Pen peu avant la présidentielle de 2017. « Les outre-mer représentent près de 4 % du corps électoral. Si Sarkozy s'y était un tant soit peu intéressé, il aurait fait un second mandat », serine alors cet ancien membre du RPR puis de l'UMP.
Très différents les uns des autres, empreints de problématiques disparates, les territoires d'outre-mer ont vu la progression sur leur sol du parti à la flamme pour des raisons multiples, outre un fort rejet du président de la République. C'est ainsi davantage le discours social de Marine Le Pen qui a séduit la Martinique et la Guadeloupe. Les Antilles ont connu d'importantes mobilisations lors de la crise des « Gilets jaunes » en 2018, puis lors du Covid-19 contre le passe sanitaire, sur lesquelles le RN a su surfer.
C'est en revanche le discours anti-immigration qui l'a très largement emporté dans les territoires de la Guyane ou de Mayotte, en proie à d'importantes vagues migratoires venues du Suriname pour le premier et des Comores pour le second. « Mayotte, c'est notre futur si nous ne faisons rien. C'est la même chose qu'en métropole, mais en pire », soulignait ainsi, en pleine campagne présidentielle, Marine Le Pen ? surnommée « Tati Mariama » sur place ? avant de lister les conséquences de l'immigration en termes d'insécurité, d'engorgement des services publics et de dissuasion d'investissements économiques sur l'île.
« Nous sommes en réalité les seuls à voir large et loin, se persuade l'eurodéputé RN André Rougé. Alors que depuis vingt ans, les gouvernements successifs ont navigué à vue en posant des rustines ici ou là avec comme ultime solution des propositions de révision institutionnelle, nous avons été capables de proposer une loi-programme pour le court, le moyen et long terme. C'est-à-dire susceptible de résoudre les problèmes de sécurité et d'immigration d'abord, d'?uvrer au développement économique de ces territoires, ensuite, afin de parvenir à les transformer en véritables hubs français. »
Cette poussée du RN dans les territoires d'outre-mer ne cache pas moins un paradoxe. Particulièrement puissant lors des élections nationales, le parti à la flamme peine à se faire une place dans le paysage politique local, où, faute de candidat, il ne parvient toujours pas à s'implanter. Il ne compte ainsi qu'un seul conseiller départemental rallié à Mayotte, un maire et deux conseillers régionaux également ralliés à La Réunion. « Les choses évoluent. Le succès entraîne le succès et les Ultramarins ont désormais bien compris que le RN n'était pas le FN », table André Rougé.
Pour la première fois de son histoire, le RN est parvenu à faire élire deux députés ultramarins, sur les 24 que compte l'hémicycle, lors des élections législatives de juillet 2024 : Anchya Bamana, députée de Mayotte, et Joseph Rivière, élu de La Réunion. Lors des dernières régionales de 2021, le parti à la flamme n'était parvenu à présenter des candidats qu'en Guadeloupe et à la Réunion, pour recueillir respectivement 3,42 % et 1,74 % des voix au premier tour. Le parti n'avait trouvé de tête de liste ni en Martinique ni en Guyane. Preuve que les lourdes carences du Rassemblement national en matière de ressources humaines ne se cantonnent pas à la métropole.
« Tati Mariama » ou la métamorphose ultramarine du RN© GREGOIRE MEROT/SIPA / SIPA / GREGOIRE MEROT/SIPA
Il parait, selon un commentateur d'ordinaire plus avisé et surtout plus prudent que "Les Martiniq Lire la suite
...Ès i ka konpwann sa i ka di-a?... Lire la suite
J'ai écouté la vidéo dans laquelle la dame pleurniche sur cette agression noiriste et il me sembl Lire la suite
Au site-Internet Fondas Kréyol ou alors à tous ses lecteurs et lectrices ? Lire la suite
Tout est affaire d'opportunité et donc d'opportunisme!
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