Éducation. Pourquoi apprendre le breton dès le plus jeune âge ?

Inscrire son enfant dans une école bilingue dès la maternelle comporte de nombreux avantages : créer un lien avec son territoire, faciliter l’apprentissage d’autres langues mais aussi des autres matières comme les mathématiques ou la géométrie. Témoignages.

Avel a 4 ans. Inscrit en maternelle à l’école publique bilingue de Questembert dans le Morbihan (56), il suit un cursus bilingue breton-français en immersion. Sa mère, Anne-Claire Quiviger, n’y voit que des avantages : « Il devient plus curieux et il a déjà des facilités. Il passe d’une langue à l’autre sans réfléchir. Je le sens aussi moins timide car il sait que se tromper n’est pas grave. Il essaye et c’est très naturel », explique-t-elle.

Plus de 300 écoles maternelles

Des écoles enseignent le breton aux tout-petits. 300 écoles (en Bretagne et en Loire-Atlantique) proposent, actuellement, l’enseignement du breton en maternelle. 48 écoles Diwan, 172 établissements dans l’enseignement public et 78 dans l’enseignement catholique. À ces dernières s’ajoutent plus de 10 projets d’ouvertures pour la rentrée 2022. « Apprendre une autre langue dès le plus jeune âge comporte de nombreux avantages L’intérêt, c’est qu’à cet âge-là ce n’est pas du travail, l’apprentissage est complètement naturel », explique Anaïs Scornet, chargée de développement à l’association Mignoned ar Brezhoneg qui collabore avec l’Office Public de la Langue Bretonne (OPLB) et les réseaux d’enseignement bilingue, à savoir l’immersif associatif (Diwan), l’enseignement bilingue public (Div Yezh) et l’enseignement bilingue catholique (Divaskell Breizh).Pas trop difficile pour les enfants ? « Non, assure Denez Dorso, directeur de l’école Diwan de Guipel en Ille-et-Vilaine (35). Il n’y a pas de surcharge de travail pour l’enfant car il passe d’une langue à l’autre sans réfléchir. Ils ne dissocient pas les deux. Ils n’apprennent pas le breton, ils apprennent en breton, c’est différent », sourit-il. Lui, enseigne le breton en immersion à ses 30 élèves, dont 15 en maternelle. Et il tient à rassurer les parents qui auraient peur de ne pas pouvoir suivre les devoirs, faute de ne pas comprendre le breton : « Aucune difficulté particulière, il s’agit des mêmes lettres de l’alphabet et l’enseignement des tables de multiplication par exemple est parfaitement compréhensible pour les parents », explique-t-il.

Au-delà de la transmission d’une langue en héritage, apprendre le breton tout petit permet aussi d’être plus ouvert sur le monde. | DIWAN/RONAN LE PENNEC

Développer des facilités à l’école

Elise Lebraud a trois garçons : Gabriel, 12 ans, Malo, 10 ans et Awenn, 7 ans. Ils apprennent le breton à l’école catholique Saint-Michel de Rennes. Originaire du Conquet, dans le Finistère (29), elle souhaitait que ses enfants apprennent la langue de leurs grands-parents. Au-delà de l’héritage qu’elle leur transmet, elle y voit de nombreux autres avantages : « Ils sont plus ouverts sur le monde qui les entoure. Ils ont aussi développé des facilités à l’école dans toutes les matières grâce au breton ». Ce que confirme Anaïs Scornet : « Au-delà de l’intérêt linguistique, l’enseignement bilingue permet de renforcer les capacités d’abstraction dans l’apprentissage des mathématiques ou de la géométrie par exemple », dit-elle. Un des avantages du bilinguisme français-breton réside également dans les facilités d’apprentissage d’autres langues par la suite. La gymnastique qu’entraîne l’apprentissage de deux langues assez éloignées l’une de l’autre, comme le français et le breton, permet à l’enfant de développer ses capacités linguistiques dans l’apprentissage d’autres langues. « Les langues ne sont jamais en concurrence. Plus on en apprend, plus cela facilite l’apprentissage de nouvelles langues », écrit ici le linguiste Gilbert Dalgalian, spécialiste du bilinguisme précoce. « L’apprentissage d’une langue ne nuit pas à l’apprentissage d’une autre langue, c’est tout le contraire ».

Créer un lien avec son territoire

Apprendre le breton c’est aussi créer un lien avec son territoire et ses racines familiales : « On a empêché mes grands-parents de parler breton. C’est un vrai plaisir de voir mes enfants parler breton avec leurs arrières grands-parents », sourit Elise Lebraud. Le nombre d’enfants qui apprennent le breton est en augmentation et les filières bilingues se développent : « Notre objectif, c’est de faire en sorte de créer de nouvelles classes et développer l’enseignement bilingue partout en Bretagne », explique Anaïs Scornet.

Participer à la transmission de la langue bretonne

Convaincue qu’il faut transmettre et développer la langue bretonne, la Région mène une politique active pour la transmission de la langue via l’enseignement bilingue-français-breton (de la maternelle au lycée), en accompagnant les actions de l’Éducation nationale, qui ouvre chaque année de nouvelles classes publiques bilingues, ainsi que celles du réseau Diwan et de l’enseignement privé bilingue sous contrat. Aujourd’hui, 20 000 enfants sont en filière bilingue. La région Bretagne souhaite atteindre le nombre de 30 000 enfants (tous niveaux confondus) d’ici 2027.

 

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Commentaires récents

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    FARCEURS

    Albè

    24/11/2024 - 08:31

    Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite

  • Jean Crusol : "Première tentative d'un gang du narcotrafic de s'imposer dans le paysage politique et social de la Martinique"

    Albè , mon cher, peut-on mettre...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 23:38

    ...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite

  • Kréyolad 1052: Polo chanté

    Jid, sa vré! Sé lè on mizisiyen ka mò...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 20:10

    ...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite

  • "Local", "Traditionnel", "Typique", "D'Antan" "Territoire" et autres euphémismes

    Il y a pire que ça...

    Frédéric C.

    23/11/2024 - 15:38

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