L’accès aux réseaux sociaux est bloqué sur l’île Maurice après la diffusion de conversations sensibles impliquant des figures politiques et civiles. L’opposition dénonce une atteinte à la liberté d’expression.
À l’aube des élections, l’île Maurice se retrouve sous tension. Le pays de l’océan Indien, en proie à un scandale d’écoutes téléphoniques à grande échelle, a bloqué vendredi l’accès aux réseaux sociaux, à quelques jours des élections législatives prévues le 10 novembre.
La mesure a été annoncée par l’opérateur de télécommunications EMTEL qui a dit avoir reçu jeudi en fin de journée de l’Autorité des technologies de l’information et de la communication l’ordre de bloquer l’accès à toutes les plateformes de réseaux sociaux.
« Suite à la publication de certains enregistrements sur les réseaux sociaux, il existe un risque réel que la sécurité nationale et l’intégrité de notre République et de nos partenaires internationaux aient été compromises », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. Le blocage devrait durer jusqu’au 11 novembre, soit le lendemain du scrutin.
Cette décision fait suite au scandale qui a éclaté récemment, lorsque des extraits de conversations téléphoniques de politiques, de membres de la société civile, de diplomates et de journalistes ont été enregistrés et ont fuité sur Internet.
NetBlocks, un organisme de surveillance de la gouvernance de l’internet, a confirmé que Facebook, Instagram, TikTok et X n’étaient pas accessibles. L’ancien PDG de Mauritius Telecom, Sherry Singh, a été arrêté vendredi soir avec trois autres suspects dans le cadre de l’enquête sur ces fuites, ont indiqué des sources policières à l’AFP.
Le gouvernement n’a pas commenté dans l’immédiat la mesure d’interdiction. « C’est choquant, révoltant et inacceptable. C’est un signe de panique », a déclaré Paul Berenger, l’un des dirigeants de la coalition d’opposition Alliance pour le changement. « Nous avons affaire à des personnes dangereuses pour le pays. Les avocats travaillent sur ce qui peut être fait légalement. Nous allons agir très rapidement sur le plan juridique et politique », a-t-il ajouté.
« C’est le dernier acte désespéré d’un régime en déroute », a déclaré Nando Bodha, chef du groupe d’opposition Linion Reform. « Il attaque de front les droits fondamentaux des citoyens garantis par la Constitution, y compris la liberté d’expression », a-t-il ajouté, appelant à une intervention de la Commission électorale pour garantir que les scrutins soient « libres et équitables ».
L’île Maurice, l’une des démocraties les plus stables d’Afrique, tiendra des élections législatives le 10 novembre. Lors de ce scrutin, le Mouvement socialiste militant (MSM) du Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth cherchera à conserver sa majorité à l’Assemblée nationale et à accorder à M. Jugnauth un nouveau mandat de cinq ans.
Pravind Kumar Jugnauth a accédé au poste de Premier ministre à la mort de son père en 2017, avant d’assurer la victoire de sa coalition lors des législatives de 2019.
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