Illustration de la dépendance aux majors du fret maritime
Le 21 juillet, Maersk annonce que ses lignes maritimes entre l’Europe et les Antilles seront fermées le 1er janvier prochain. Le lendemain 22 juillet, CMA-CGM déclare que la baisse du prix du container pour les marchandises importées aux Antilles et à La Réunion atteindra le 1er août et pour un an 750 euros au lieu de 500. Avec le départ de Maersk aux Antilles, CMA-CGM aura des clients supplémentaires et pourra compenser la baisse du prix unitaire par une demande plus forte et donc des volumes plus élevés. Ceci rappelle que la desserte des départements d’outre-mer est une variable d’ajustement pour les majors du fret maritime. Cela montre la vulnérabilité d’un pays dépendant de sociétés extérieures pour son désenclavement. La seule protection contre cette vulnérabilité est la création d’une compagnie maritime régionale, car pour elle la desserte de La Réunion ne sera pas une variable d’ajustement, mais sa raison d’être.
Maersk a annoncé ce 21 juillet la fin de sa ligne maritime entre l’Europe et les Antilles :
« Compte tenu des difficultés récentes à fournir un service fiable vers et depuis les Antilles françaises, nous avons décidé d’arrêter notre couverture océanique sur PCRF – Antilles françaises/Europe, à compter du 1er janvier 2023.
Votre partenariat reste pour nous de la plus haute importance et nous tenons à vous assurer que nous maintiendrons notre engagement commercial sur cette route jusqu’à la fin de l’année. En tant que partenaire logistique intégré, nous vous fournirons tout le soutien dont vous avez besoin dans les mois à venir pour assurer une transition en douceur et identifier de nouveaux itinéraires et options pour votre cargaison.
Nous communiquerons plus d’informations sur la résiliation dès que possible, y compris des détails sur la dernière rotation. »
Ce communiqué fait suite à un courrier adressé à ses clients de Guadeloupe et de Martinique. France Antilles a évoqué ce courrier daté du 13 juillet dans son édition d’hier. Mises à part les deux lignes entre Dunkerque et les ports de Guadeloupe et de Martinique, Maersk n’assurait aucune autre escale dans ces pays, c’est donc l’annonce d’un retrait d’ici 4 mois.
Cette décision laisse donc CMA-CGM sur cet axe, avec une fréquence hebdomadaire entre l’Europe du Nord et notamment les ports Fort-de-France et Pointe-à-pitre. A cela s’ajoute un autre bateau par semaine reliant l’Europe du Sud au Sud de l’Amérique centrale et au Pérou en passant par la Guadeloupe, la Martinique, Kingston, la République dominicaine, le Venezuela et le Canal de Panama.
La Guadeloupe et la Martinique sont soumises au même régime que La Réunion : l’économie de comptoir. Elles exportent vers l’Europe des produits peu valorisés et importent des marchandises manufacturées. La dépendance aux importations venues d’Europe est donc importante. La fin de la ligne directe assurée par Maersk va donc réduire l’offre sur ce segment. Dans le capitalisme, ceci entraîne donc une augmentation des prix car la demande ne va pas diminuer.
Au lendemain de l’annonce de Maersk, CMA-CGM a indiqué que la baisse du prix du container à destination des départements d’outre-mer passera de 500 à 750 euros à compter du 1er août et pour un an. Avec le départ de Maersk des Antilles, cette baisse du coût unitaire sera compensée par l’augmentation du volume. Les anciens clients de la PCRF – Antilles françaises/Europe ne pourront que se rabattre d’ici 4 mois sur les lignes de CMA-CGM, sauf à accepter un allongement de la durée du transport et donc de son coût.
Maersk est, avec CMA-CGM et MSC une des trois compagnies qui relie La Réunion à l’Europe et l’Asie. CMA-CGM et MSC assurent une ligne directe de l’Europe à La Réunion, dans le sens du principal flux des importations : plus de 70 % des marchandises importées viennent d’Europe (en valeur), plus de la moitié de France. Port Réunion est une escale sur la route de l’Australie.
Mais cette ligne n’est pas directe de La Réunion à l’Europe, un transbordement est nécessaire dans un port asiatique, quelle que soit la compagnie.
La décision de Maersk de ne plus assurer de ligne directe entre l’Europe du Nord et les départements des Antilles s’inscrit dans la stratégie mondiale d’un groupe qui transporte du fret maritime sur tous les océans. Par rapport à ses itinéraires reliant l’Asie à l’Europe et à l’Amérique, sa ligne des Antilles était une goutte d’eau. Elle était donc une variable d’ajustement. Mais cette fermeture dans 4 mois aura d’importantes conséquences pour les importateurs et les exportateurs utilisant Maersk, ils devront se réorganiser.
Cela montre la vulnérabilité d’un pays dépendant de sociétés extérieures pour son désenclavement.
La seule protection contre cette vulnérabilité est la création d’une compagnie maritime régionale, car pour elle la liaison vers La Réunion ne sera pas une variable d’ajustement mais sa raison d’être. Cette création sera également un outil au service du co-développement. Elle favorisera la réorientation des échanges vers la proximité pour compléter la production locale, plutôt que de recourir à des importations venues d’autres continents bien plus lointains que l’Afrique.
M.M.
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite