Trump recule sur les taxes douanières : la Réunion épargnée de justesse

Initialement visée par des droits de douane de 37 % sur ses exportations vers les États-Unis, l’île a finalement été épargnée par l’administration Trump. Cette volte-face, intervenue en dernière minute ce samedi 5 avril, fait suite à une vague d’indignation des élus ultramarins et à des critiques virulentes contre Washington.

Dans sa première mouture, la liste américaine plaçait La Réunion au même niveau que Saint-Pierre-et-Miquelon (50 %), suscitant des réactions outrées, tant sur le fond que sur la forme. La présidente de Région Huguette Bello n’avait pas mâché ses mots, fustigeant l’« ignorance » du président américain. Mais face à la pression diplomatique et à la grogne locale, la Maison Blanche a revu sa copie : La Réunion, bien que territoire douanier de l’Union européenne, voit finalement ses exportations taxées à 10 %, comme les autres territoires français d’outre-mer.

Droits de douane : la Région Réunion réagit vivement à la surtaxe de 37 % décidée par Donald Trump

L’administration Trump avait annoncé de nouveaux droits de douane visant les partenaires commerciaux des États-Unis. La Réunion devait particulièrement être touchée, avec une taxation de 37 % sur ses exportations, bien au-dessus des 10 % appliqués à d’autres DOM comme la Guadeloupe ou la Martinique, et des 20 % pour les pays de l’Union européenne.

Aucune justification claire n’avait été donnée pour expliquer cette différence, alors que tous ces territoires partagent un statut douanier identique au sein de l’UE. Les exportations réunionnaises vers les États-Unis sont certes limitées, mais cette décision inquiètait, car elle traduisait une incompréhension du statut de l’Outre-mer français.

Réactions face à la surtaxe de 37%

Région Réunion

« C’est avec consternation que la Région Réunion a pris connaissance des déclarations de Donald Trump concernant les droits de douane. Nonobstant les incohérences de ces propositions et les risques qu’elles font courir à l’économie mondiale, certaines d’entre elles apparaissent irréalistes et même juridiquement infondées. L’annonce de taxer les produits de La Réunion, qui en sa qualité de région ultrapériphérique fait partie de l’union douanière de l’Europe, à un taux particulier de 37 %, différent du taux appliqué en Europe, n’a donc aucun sens.

Il convient par ailleurs de préciser que les produits de la pêche issus des eaux des TAAF relève de la souveraineté française et ne relève donc pas de droits de douanes qui s’appliqueraient à des produits originaires La Réunion.

De deux choses, l’une :

– soit le Président américain fait volontairement de l’intox pour des raisons tactiques de négociation avec l’Europe.
– soit il ignore que La Réunion fait partie de l’union douanière de l’Europe.

Dans les deux cas, il s’agit de manœuvres de désinformation. »

 

Donald Trump défend ces taxes comme une mesure de protection économique. En Europe, la Première ministre italienne Giorgia Meloni appelle à éviter une guerre commerciale.

Le président Donald Trump a signé un décret historique réinstaurant une série de droits de douane “réciproques” sur les produits importés, arguant que le déficit commercial chronique des États-Unis constituait désormais une menace pour la sécurité nationale. Selon lui, ces pratiques commerciales déséquilibrées ont fragilisé la base industrielle du pays et rendu sa chaîne d’approvisionnement dépendante de puissances étrangères.

Une riposte tarifaire à effet immédiat

Le président utilisera ses pouvoirs d’urgence prévus par la loi de 1977 sur les pouvoirs économiques internationaux pour imposer un tarif douanier de 10 % à tous les pays à partir du 5 avril 2025 à 6h01 (heure de Paris) 08h01(heure Réunion). Ensuite, à compter du 9 avril, des tarifs plus élevés seront appliqués individuellement aux pays présentant les plus grands déficits commerciaux avec les États-Unis. Ces surtaxes resteront en vigueur tant que Washington estimera que ses intérêts économiques restent menacés.

Trump conserve également un droit de modification : il pourra augmenter les taxes en cas de représailles ou les abaisser si des partenaires alignent leurs pratiques avec les standards américains en matière d’économie et de sécurité.

Exceptions et cas particuliers

Certains produits seront exemptés : les articles en acier, aluminium, les pièces automobiles déjà visées par d’autres textes, ainsi que les biens pharmaceutiques, les semi-conducteurs, les métaux rares ou encore le bois de construction. Les produits énergétiques non disponibles aux États-Unis sont également exclus.

Pour le Canada et le Mexique, les règles issues des accords migratoires et sanitaires restent en vigueur : les produits respectant l’USMCA resteront à 0 % de droits de douane, tandis que les autres seront soumis à 25 %, ou 10 % pour certaines ressources comme la potasse.

Des chiffres édifiants sur les déséquilibres commerciaux

Les entreprises américaines versent chaque année plus de 184 milliards d’euros en taxes sur la valeur ajoutée (TVA) à des gouvernements étrangers. Le vol de propriété intellectuelle, les contrefaçons et les logiciels piratés représenteraient entre 207 et 552 milliards d’euros de pertes annuelles pour l’économie américaine. Le trafic mondial de médicaments contrefaits, souvent liés à des opioïdes mortels, pèserait environ 4 milliards d’euros.

En 2024, le déficit commercial des États-Unis pour les biens a dépassé 1 104 milliards d’euros, un record jugé insoutenable.

Trump contre l’ordre commercial mondial

Dans cette offensive, Trump cible aussi les déséquilibres sectoriels : par exemple, l’Europe taxe les voitures à 10 %, contre seulement 2,5 % aux États-Unis, l’Inde applique 70 %, la Turquie 31 % sur le riz en coque, alors que les États-Unis plafonnent à 2,7 %.

Les barrières non tarifaires sont également dans le viseur : tests de conformité redondants, limitations aux importations de produits remanufacturés ou encore exigences de contenu local, comme en Indonésie, qui oblige désormais à rapatrier toutes les recettes d’exportation supérieures à 230 000 euros sur son territoire.

Objectif : relancer l’industrie nationale

En 2023, la part de la production industrielle américaine dans le total mondial était tombée à 17,4 %, contre 28,4 % en 2001. Depuis 1997, le pays aurait perdu environ 5 millions d’emplois industriels. Trump estime que pour maintenir son autonomie stratégique, les États-Unis doivent réinvestir dans des secteurs-clés : automobile, construction navale, pharmacie, équipements technologiques ou encore métallurgie.

Il rappelle que pendant la pandémie de Covid-19 et les récentes tensions géopolitiques, la dépendance à l’étranger a exposé les faiblesses des chaînes logistiques américaines.

Un programme économique musclé, assumé, et électoral

Donald Trump inscrit cette politique dans une vision plus large : relancer la production intérieure, préserver les classes moyennes, et tenir ses engagements de campagne. Parmi les mesures phares annoncées : zéro impôt sur les pourboires, aucune taxation sur les retraites, dérégulation ciblée, et réduction d’impôts.

Des études américaines récentes confirment que les précédentes vagues de droits de douane avaient stimulé la production industrielle nationale, notamment dans la sidérurgie, avec peu d’impact sur l’inflation. Un rapport publié en 2024 estime qu’une taxe globale de 10 % permettrait de créer 2,8 millions d’emplois et de faire croître l’économie américaine de plus de 669 milliards d’euros, tout en augmentant de 5,7 % le revenu réel des ménages.

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Commentaires récents

  • Martinique : tout moun fanonis atjelman ! Kra-kra-kra !

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    Frédéric C.

    07/04/2025 - 19:17

    ...je voulais écrire "vous branler l’arabophobie" et non "vous brancher...". Lire la suite

  • Martinique : tout moun fanonis atjelman ! Kra-kra-kra !

    "Pra", un racisme n’est pas...

    Frédéric C.

    07/04/2025 - 19:13

    ..."structurel". D’abord vous n’êtes pas obligé d’utiliser des mots ronflants. Lire la suite

  • Martinique : tout moun fanonis atjelman ! Kra-kra-kra !

    Nous autres Antillais, n…

    Albè

    07/04/2025 - 10:46

    Nous autres Antillais, n'étant ni musulmans ni Arabes, il semble que seul un Africain peut répond Lire la suite

  • Martinique : tout moun fanonis atjelman ! Kra-kra-kra !

    Sans sommation

    pra

    07/04/2025 - 08:50

    Visiblement, la présence de la tombe de Fanon à la frontière algero-tunisienne n'est pas ,ni ne f Lire la suite

  • Quand Vladimir Poutine oublie le "colonialisme de proximité"

    NORD GLOBAL

    Albè

    06/04/2025 - 08:22

    La Russie et les USA, c'est du pareil au même ! Lire la suite