Apprentissage du français : présumée controverse au sujet de la position de l’ambassadeur de France en Haïti

Robert Berrouët-Oriol

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L’an dernier le site Ayibopost, mis en ligne à Port-au-Prince, alertait l’opinion publique à propos d’une correspondance adressée le 2 octobre 2023 au ministère de l’Éducation nationale par l’ambassadeur de France en Haïti Fabrice Mauriès. Intitulé « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat » et daté du 14 juillet 2024, l’article d’Ayibopost reproduit intégralement la lettre de l’ambassadeur Fabrice Mauriès. À cette époque, Ayibopost entendait attirer l’attention sur une correspondance diplomatique adressée par le représentant de la France, État souverain, à un autre État souverain, Haïti, sur un sujet de première importance : l’« ingérence » d’un diplomate dans la gouvernance du système éducatif haïtien, sa signification et sa portée avec, en toile de fond, la scolarisation de 3 millions d’élèves dans l’École de la République. La posture « interventionniste » que Ayibopost croyait alors avoir décelée dans la correspondance diplomatique adressée au ministère de l’Éducation nationale d’Haïti et le fait qu’elle soit en lien avec la scolarisation de 3 millions d’élèves justifie pleinement que l’on réexamine aujourd’hui les pièces du dossier et que, par une analyse critique à la hauteur des enjeux, l’on en dégage d’utiles enseignements.

« Toute réflexion sur les langues devrait s’accompagner d’une réflexion sur la politique éducative : en quelle langue enseigner ? À quel niveau enseigner dans telle ou telle langue ? (…) En ce qui a trait à l’enseignement en créole, je voudrais considérer ici deux aspects : la scolarisation et l’alphabétisation. Il est indispensable que les éducateurs acquièrent la capacité d’usage de la langue, la maîtrise de son lexique, de sa syntaxe pour sortir le créole de la vulgate populiste qui travaille en creux la plupart des textes produits en créole. » (Georges Castera : « Quelle politique linguistique pour Haïti », dans « L’intelligence est inquiète / Textes critiques et théoriques », Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2017).

L’an dernier le site Ayibopost, mis en ligne à Port-au-Prince, alertait l’opinion publique à propos d’une correspondance adressée le 2 octobre 2023 au ministère de l’Éducation nationale par l’ambassadeur de France en Haïti Fabrice Mauriès. Intitulé « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat » et daté du 14 juillet 2024, l’article d’Ayibopost reproduit intégralement la lettre de l’ambassadeur Fabrice Mauriès. À cette époque, Ayibopost entendait attirer l’attention sur une correspondance diplomatique adressée par le représentant de la France, État souverain, à un autre État souverain, Haïti, sur un sujet de première importance : l’« ingérence » d’un diplomate dans la gouvernance du système éducatif haïtien, sa signification et sa portée avec, en toile de fond, la scolarisation de 3 millions d’élèves dans l’École de la République. La posture « interventionniste » que Ayibopost croyait alors avoir décelée dans la correspondance diplomatique adressée au ministère de l’Éducation nationale d’Haïti et le fait qu’elle soit en lien avec la scolarisation de 3 millions d’élèves justifie pleinement que l’on réexamine aujourd’hui les pièces du dossier et que, par une analyse critique à la hauteur des enjeux, l’on en dégage d’utiles enseignements.

 

Ayant lu attentivement la lettre de l’ambassadeur Fabrice Mauriès ainsi que l’article d’Ayibopost, nous soumettons à présent à l’attention des divers lectorats francocréolophones le présent texte analytique qui met ces deux documents en perspective et qui consigne une double interrogation. Tout d’abord, y a-t-il véritablement eu « ingérence » de l’ambassadeur Fabrice Mauriès et si oui en quoi consiste-t-elle ? D’autre part, cette présumée « ingérence » a-t-elle vraiment donné lieu à une « controverse » et à un « débat » dans les milieux éducatifs au pays ? Et, si oui, quels ont été les enjeux de ces présumés « controverse » et « débat » en Haïti ? Au creux et par-delà cette double interrogation, nous soutenons l’idée, dans le présent texte, que la correspondance de l’ambassadeur Fabrice Mauriès et l’article d’Ayibopost doivent être auscultés non pas sur le registre d’un nationalisme haïtien erratique et bavard mais plutôt sur celui de l’aménagement linguistique qu’Haïti aura à mettre en œuvre à l’avenir conformément aux articles 5, 32 et 40 de la Constitution de 1987.

 

Afin de permettre aux divers lectorats francocréolophones de bien comprendre notre démarche analytique –qui consiste à soumettre à l’analyse critique le propos de l’ambassadeur de France en Haïti et à interroger le présumé bien-fondé de ce qui semble avoir été, selon Ayibopost, la position du ministère de l’Éducation nationale--, nous reproduisons à notre tour la correspondance du diplomate français. Le fac-similé de ce document est suivi des propos attribués au ministère de l’Éducation nationale d’Haïti tels que rapportés dans l’article d’Ayibopost. Cette démarche analytique, au creux de la confrontation des idées contenues dans les deux documents, ouvrira dès lors la voie à l’exposé critique des idées contenues dans les deux documents et qui ressortent d’une problématique plus ample, celle de l’aménagement de nos deux langues officielles en conformité avec les articles 5, 32 et 40 de la Constitution de 1987.

 

Lettre de l’ambassadeur de France Fabrice Mauriès au ministère de l’Éducation nationale d’Haïti (2 octobre 2023)

 

La lettre de l’ambassadeur Fabrice Mauriès et l’article d’Ayibopost : deux perspectives différentes

 

Daté du 14 juillet 2024, l’article d’Ayibopost, « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat » est instructif à plusieurs égards : il charrie nombre d’approximations et d’inexactitudes, voire des contradictions, sur fond d’absence de références documentaires clairement identifiées à l’appui de plusieurs affirmations. Il est donc utile de le reproduire, lui aussi, intégralement.

 

« L’ambassadeur de France, Fabrice Mauriès, exprime sa préférence [SIC] en matière de politique linguistique pour Haïti dans une lettre adressée au ministre de l’Éducation nationale, dont AyiboPost a obtenu une copie. Des sources proches du ministère [SIC] dénoncent une « ingérence » [SIC]. Dans une correspondance reçue par le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) le 5 octobre 2023, l’ambassadeur de France, Fabrice Mauriès, a rappelé « l’attachement de la France à une éducation bilingue » pour Haïti. Cette éducation, continue le diplomate, « doit guider le développement pédagogique et personnel de chaque élève pour l’aider à devenir un citoyen éclairé ». Selon Mauriès, c’est ce « principe qui guide et continuera à guider notre coopération bilatérale en matière éducative ». Cette lettre de l’ambassadeur traduit son désaccord [SIC] avec la politique linguistique officielle d’Haïti, selon trois sources proches [SIC] du MENFP. Le ministère de l’Éducation nationale maintient vouloir s’éloigner du bilinguisme [SIC] pour mettre en avant le « multilinguisme » avec le créole comme unique langue d’enseignement [SIC] dans les premières années de l’école haïtienne. Selon une des sources, la correspondance de la diplomatie française communique une « menace claire et directe » [SIC] contre de futurs partenariats de financement avec la coopération française. « Certains fonctionnaires de France en Haïti se trompent de siècle et de pays », commente une des sources [SIC] proches du ministère. Le poids du passé colonial de la France rend l’intervention du diplomate inopportune, selon les sources [SIC] proches du MENFP. « Peut-on imaginer un ambassadeur d’Haïti en France envoyer une lettre au ministère de l’Éducation française pour lui dire sa préférence en matière d’enseignement linguistique ? », s’interroge une des sources. « C’est tout simplement de l’ingérence [SIC] inacceptable dans les politiques internes d’un autre pays », affirme-t-elle.

 

« La correspondance de l’ambassadeur Mauriès venait en réponse à un message publié sur X, anciennement Twitter, par l’ancien ministre de l’Éducation Nesmy Manigat le 21 septembre 2023. Dans ce tweet, l’actuel chef du cabinet du Premier ministre Garry Conille, avait annoncé la convocation des responsables d’une école à Nippes après l’imposition d’un pensum en français à un élève. L’enfant devait écrire sur des dizaines de lignes : « Le créole est interdit au sein de l’établissement. » Le contenu de la lettre de l’ambassadeur « relève du sens commun », analyse à AyiboPost Renauld Govain, doyen de la Faculté de linguistique appliquée. Cependant, le linguiste considère la correspondance « comme un impair » dont les occurrences restent « monnaie courante en Haïti ». La lettre controversée de l’ambassadeur français [SIC] arrive dans un contexte où Haïti sous-investit dans l’éducation. À peine 10 % du budget national est alloué au MENFP dans l’exercice fiscal en cours. La Jamaïque ou la République Dominicaine, deux pays voisins aux revenus plus importants, dépensent le double. Pour son budget d’investissement ainsi que des projets stratégiques, le ministère doit compter sur l’appui de partenaires étrangers. Depuis 2021, par exemple, la coopération française accompagne la réforme curriculaire du 3e cycle du fondamental et du secondaire en Haïti à travers le projet dénommé « Nouvelle éducation citoyenne tournée vers l’avenir ». Dans le cadre de l’initiative, des experts haïtiens devaient se rendre en France pour travailler avec des spécialistes de l’Hexagone sur le curriculum de plusieurs matières. Approchés par AyiboPost, deux participants haïtiens au projet témoignent du climat de travail professionnel, des tensions ont parfois surgi sur des contenus se rapportant à des sujets de société. Peut-on imaginer un ambassadeur d’Haïti en France envoyer une lettre au ministère de l’Éducation française pour lui dire sa préférence [SIC] en matière d’enseignement linguistique ? L’intérêt de l’ambassadeur de France Fabrice Mauriès pour la problématique de la langue et sa perception comme un personnage « anti-créole » [SIC] n’est pas bien vu par la plupart des participants [SIC]. En octobre 2023, certains experts haïtiens assignés à l’élaboration du curriculum pour la langue créole devant se rendre en France dans le cadre de ce programme se sont vu refuser le visa. D’autres spécialistes assignés aux mathématiques et aux sciences expérimentales avaient pu voyager avec les mêmes documentations soumises au consulat de France, selon des échanges de courriels revus par AyiboPost. Des démarches entreprises par les institutions impliquées dans le projet ont permis de faciliter le voyage. Mais la plupart des experts créoles stoppés par l’ambassade de France voient la main du diplomate Mauriès derrière leur blocage [SIC]. L’ambassadeur a été contacté pour commentaires par courriel le 19 février 2024. Cet article sera mis à jour s’il réagit. « L’ancien colonisateur n’aurait pas dû avoir son mot à dire dans l’éducation linguistique d’Haïti [SIC], mais l’État et le secteur privé n’investissent pas dans le secteur », observe à AyiboPost un des responsables du projet. Comme d’autres cadres cités dans cet article, il demande l’anonymat pour éviter les représailles. »

 

« Le créole — langue parlée par la majorité du pays — obtient le statut de langue officielle à côté du français 183 ans après l’indépendance d’Haïti. Dans la pratique, le français--  outil de communication préféré de l’Administration publique-- demeure beaucoup plus valorisé. Une bonne partie de la richesse littéraire et scientifique d’Haïti est écrite en français, mais à peine 10 % des habitants du pays arrivent à parler cette langue. Pour expliquer cet état de fait, plusieurs chercheurs pointent du doigt un apartheid linguistique utilisé pour exclure des citoyens. Cet apartheid expliquerait le sous-investissement dans le créole à travers les années. Une réforme de 1979 prévoit l’usage du créole comme langue d’enseignement jusqu’à la 4e année. Mais le travail nécessaire pour l’implémenter nationalement, former les professeurs et mettre en place le matériel didactique en langue créole demeure insuffisant, selon trois cadres du MENFP. À part les professeurs d’écoles privilégiées généralement dans les grandes villes, la majeure partie des enseignants des 17 000 établissements du pays ne parlent pas français --une langue qu’ils sont censés enseigner et dans laquelle est principalement écrit le matériel didactique, analyse un cadre du ministère. 40 % des enfants abandonnent l’école avant la fin de la 9e année fondamentale, et très peu arrivent à l’université. Selon des spécialistes, l’apprentissage inadéquat dans une langue étrangère se trouve parmi les premières causes de l’échec scolaire dans le pays. « Le bilinguisme s’est traduit par un rapport de diglossie [SIC], de domination du français sur le créole », analyse à AyiboPost Khadim Sylla, coordonnateur du secteur de l’éducation au bureau de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture à Port-au-Prince.  Dès 2022, l’UNESCO apporte son soutien à une réforme éducative [SIC] introduite par l’ancien ministre Nesmy Manigat. Cette réforme doit passer par l’élaboration d’un cadre curriculaire, d’après les responsables des deux institutions. Selon Sylla, « les expériences et les recherches » démontrent que l’enfant instruit dans sa langue maternelle acquiert plus facilement les compétences et peut apprendre d’autres langues plus rapidement. L’UNESCO, dit-il, est partie « prenante du multilinguisme ».

 

« Si la France investit peu dans le créole [SIC] ou dans l’éducation [SIC], d’autres ambassades et institutions internationales contribuent au développement de la langue maternelle d’Haïti [SIC]. Depuis 2018, la coopération espagnole a investi près de neuf millions de dollars américains dans l’éducation en Haïti, selon un tableau de dépenses communiqué à AyiboPost. L’apprentissage des enfants se fait plus sûrement et rapidement dans la langue maternelle, selon Guillermo Garrido Novoa, ministre conseiller à l’ambassade d’Espagne. « Il nous semble important d’appuyer sa normalisation à l’école autant comme langue enseignée que comme langue d’enseignement surtout dans les premières années », poursuit Novoa à AyiboPost. »

« L’Agence des États-Unis pour le développement international [l’USAID] se présente à AyiboPost comme un pionnier [SIC] dans l’enseignement de la langue maternelle en Haïti. L’USAID a financé plusieurs projets en ce sens sur la dernière décennie. L’offre d’une éducation de base aux enfants dans leur langue maternelle « honore leur droit d’apprendre dans une langue qui leur est familière », déclare à AyiboPost Jean Lindor, directeur du Bureau de l’éducation de l’USAID en Haïti. Dès son entrée au MENFP en 2022, l’ancien ministre de l’Éducation Nesmy Manigat arrête le financement des ouvrages en langue française pour les quatre premières années de l’école haïtienne. Ces livres coûtaient jusqu’à 600 millions de gourdes par année à l’État [SIC]. En parallèle, le ministère introduit un livre unique en créole pour les deux premières années du Fondamental. L’initiative en partie payée par la Banque interaméricaine de développement et la Banque mondiale devrait être répliquée annuellement jusqu’à la 6e année. Imprimé à un million d’exemplaires, le livre unique doit être distribué dans toutes les écoles du pays. Presque une dizaine de versions d’éditeurs différents existent. Il n’est pas clair combien d’ouvrages ont été effectivement imprimés, combien d’écoles les avaient reçus ni combien de professeurs ont été formés. Parallèlement, ces décisions ne font pas l’unanimité. Certains éducateurs critiquent la valeur pédagogique des livres uniques élaborés en moins d’un an

L’expert critique l’utilisation du français comme langue d’enseignement à partir de la 5e année. Il estime nécessaire d’utiliser le créole comme seule langue d’enseignement pour tout le cycle fondamental, de la première année jusqu’au Secondaire 1. Ensuite, dit-il, on enseignerait en français pour certaines matières à côté du créole. La majorité des opposants de l’ancien ministre Manigat admettent la nécessité de réformer l’éducation linguistique d’Haïti. Une bonne réforme contribuera, s’entendent-ils, à augmenter le nombre de locuteurs français --300 millions dans le monde-- et à permettre à plus d’Haïtiens de jouir de la richesse culturelle du pays et de la francophonie. Bien qu’elles permettent au MENFP d’investir dans certains projets d’importance, les donations de représentations et institutions étrangères sont soumis à la volonté des bailleurs, ainsi qu’à leurs priorités du moment. » 

« Le mode actuel de financement représente un handicap à l’implémentation d’une éducation dans l’intérêt du pays », conclut à AyiboPost un cadre du MENFP. »

Le procès en « ingérence » intenté à l’ambassadeur Fabrice Mauriès relève de l’affabulation

 

La lecture attentive du premier paragraphe de la lettre de l’ambassadeur Fabrice Mauriès permet d’établir que le diplomate a effectué lui aussi un constat, celui d’une « punition en langue française » infligée à un élève « pour avoir pratiqué la langue créole au sein de l’établissement ». Ayant constaté la persistance dans l’École haïtienne d’un système répressif à base de « punition » --système connu depuis fort longtemps des enseignants haïtiens--, le diplomate conteste et appelle à « combattre sans relâche ceux qui veulent faire de l’usage des langues, ici de la langue française, un facteur d’exclusion ». Il faut prendre toute la mesure que sur le registre du droit à la langue maternelle cette prise de position de l’ambassadeur Fabrice Mauriès est rigoureuse et conforme aux acquis de la jurilinguistique (voir l’article « Le droit à la langue maternelle créole
dans le système éducatif haïtien », par Robert Berrouët-Oriol, Potomitan,
30 décembre 2018 ; voir aussi « Partenariat créole/français – Plaidoyer pour un bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti », par Robert Berrouët-Oriol, Le National, 7 novembre 2019).

 

La prise de position de l’ambassadeur Fabrice Mauriès est également conforme à la Déclaration universelle des droits linguistiques (Barcelone, 1996) qui, en ce qui a trait à l’usage de la langue maternelle, dispose à l’article 3 que

« La présente Déclaration considère comme droits personnels inaliénables pouvant être exercés en toutes occasions : le droit d'être reconnu comme membre d'une communauté linguistique ;

--le droit de parler sa propre langue en privé comme en public ;

 
- le droit d'entrer en contact et de s'associer avec les autres membres de sa communauté linguistique d'origine ; 

- le droit de maintenir et de développer sa propre culture ;

- et tous les autres droits liés à la langue visés par le Pacte international des droits civils et politiques du 16 décembre 1966 et par le Pacte International des droits économiques, sociaux et culturels de la même date. » 

La Déclaration universelle des droits linguistiques (Barcelone, 1996) dispose également que

« Article 12 

« Toute personne a le droit de développer ses activités publiques dans sa propre langue dans la mesure où celle-ci est aussi la langue du territoire où elle réside.

Toute personne a le droit d'utiliser sa propre langue dans son environnement personnel ou familial.

Section II 
Enseignement 

Article 23 

L'enseignement doit contribuer à favoriser la capacité de libre expression linguistique et culturelle de la communauté linguistique du territoire sur lequel il est dispensé.

L'enseignement doit contribuer au maintien et au développement de la langue parlée par la communauté linguistique du territoire sur lequel il est dispensé.

L'enseignement doit toujours être au service de la diversité linguistique et culturelle et favoriser l'établissement de relations harmonieuses entre les différentes communautés linguistiques du monde entier.

Article 29

Toute personne a le droit de recevoir l'enseignement dans la langue propre au territoire où elle réside.

Ce droit n'exclut pas le droit d'accès à la connaissance orale et écrite de toute autre langue qui lui serve d'outil de communication avec d'autres communautés linguistiques. »

D’autre part, dans son empressement myope à instruire un procès en « ingérence » à l’ambassadeur de France en Haïti, Ayibopost se fourvoie, pratique l’amalgame à coup d’approximations, d’inexactitudes et de contradictions : ainsi, il confond l’expression d’un constat d’ailleurs fort répandu parmi les enseignants haïtiens –l’usage des châtiments corporels--, et une prise de position aventureusement attribuée à l’ambassadeur de France en Haïti au titre d’une soi-disant « ingérence »…

 

Un tel fourvoiement se donne à voir à travers la légèreté avec laquelle sont « rapportés » --sans preuve documentaire à l’appui--, des propos présumément quasi-officiels de « trois sources proches du ministère de l’Éducation nationale » qui… « dénoncent une ingérence » : celle-ci est nommée mais à aucun moment la démonstration n’est faite quant à son existence et quant aux mécanismes de sa présumée mise en œuvre. Sur un registre aussi essentiel, l’article d’Ayibopost daté du 14 juillet 2024, « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat », fait preuve d’un manque flagrant de professionnalisme et de rigueur analytique : il privilégie aventureusement et avec légèreté des propos non documentés, des pseudo sources « ministérielles » aussi virtuelles qu’elles peuvent être imaginaires ou subjectivement « préfabriquées » par « trois sources proches du MENFP ».

 

C’est pareillement un tel fourvoiement qui donne lieu à l’emploi du procédé de l’amalgame dans les séquences suivantes de l’article « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat » : « La lettre controversée de l’ambassadeur français » (…), « Cette lettre de l’ambassadeur traduit son désaccord avec la politique linguistique officielle d’Haïti »… L’on observe que dans le corps de l’article il n’a pas été démontré que la correspondance de l’ambassadeur de France était une « lettre controversée » --seul Ayibopost en a parlé dans ces termes : les soi-disant « controverse » et « débat » n’ont pas été évoqués dans la presse locale en 2023 et ils ne sont pas non plus mentionnés sur le site officiel du ministère de l’Éducation nationale…

 

L’on observe également, et il faut en prendre toute la mesure, que l’arrière-plan discursif de l’article « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat » relève de l’instance idéologique, à savoir une vision étroite et rachitique du nationalisme linguistique et culturel déjà présente au 19ème siècle dans le corps social haïtien. Cette vision étroite et rachitique du nationalisme linguistique et culturel a été auscultée par des analystes haïtiens de premier plan, notamment par Joseph Délide qui expose avec hauteur de vue et pertinence que « La logique d’Émile Nau d’utiliser une version « tropicalisée » et « brunie » de la langue française pour exprimer le nationalisme culturel haïtien pourrait être interprétée comme une contradiction flagrante du Cercle littéraire, d’autant plus que la langue créole est comprise et parlée par tous les Haïtiens. Aucun document ou article du Cercle n’est rédigé en créole. La langue créole est considérée par les membres du Cercle comme un patois impropre au dialogue avec l’Occident. La langue française parfaitement maitrisée par les élites culturelles et intellectuelles haïtiennes n’est pas assimilée par la grande partie de la population encore analphabète. Il s’agit ainsi pour les membres du Cercle de s’inscrire dans un dialogue avec l’extérieur, la France en particulier, tout en revendiquant une particularité linguistique et en dessinant un espace francophone divers et multiple dans ses formes, ses expressions et ses revendications. Il s’agit aussi pour ces élites haïtiennes d’écarter la langue créole et ses principaux locuteurs dans le processus de définition du nationalisme culturel haïtien. Ce nationalisme culturel quoiqu’empruntant des éléments à la population, s’oriente vers l’extérieur et s’articule afin de répondre aux critiques formulées par les étrangers. Ce nationalisme culturel lancé par les élites haïtiennes renferme ainsi des préjugés sur la langue créole, ses locuteurs, et les mentalités, les habitudes culturelles et cultuelles véhiculées à travers cette langue parlée dans et par la population » (voir l’étude « Genèse du nationalisme culturel haïtien », par Joseph Délide, Cahiers d’études africaines, 237 | 2020).

 

La vision étroite et rachitique du nationalisme linguistique et culturel haïtien imprudemment endossée par Ayibopost est au fondement de poncifs et de clichés que résume bien l’assertion suivante consignée dans l’article « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat » : « L’ancien colonisateur n’aurait pas dû avoir son mot à dire dans l’éducation linguistique d’Haïti »… Autrement dit, un linguiste ou un didacticien, parce que né sur le territoire de l’ancienne puissance coloniale, la France, n’aurait pas le droit de formuler au plan scientifique un ensemble de propositions relatives à « l’éducation linguistique d’Haïti » ? Xénophobe et intolérante, cette version bavardeuse et rabougrie de nationalisme linguistique et culturel haïtien est aussi, dans sa centralité, un nationalisme de l’enfermement identitaire dans lequel l’instance idéologique se donne pour une instance scientifique (sur le nationalisme linguistique, voir l’étude « Contre le nationalisme linguistique », par Andrée Tabouret-Keller, Université de Strasbourg, Groupe d’études sur le plurilinguisme en Europe, revue Langage et société 2014/2 no 148 ; voir aussi l’ouvrage du linguiste martiniquais Jean Bernabé, « La dérive identitariste », Éditions l’Harmattan, 2016).

 

L’on observe que la vision étroite et rachitique du nationalisme linguistique et culturel haïtien, dans sa logique de l’enfermement identitaire, pourrait, s’il n’est pas contré à visière levée, priver Haïti des précieux enseignements consignés dans des études magistrales et de premier plan élaborées par des chercheurs qui ne sont pas de nationalité haïtienne, notamment celles de Michel Saint-Germain. Autrefois enseignant-chercheur à l’Université d’Ottawa, spécialiste mondialement reconnu, Michel Saint-Germain est l’auteur de « Problématique linguistique en Haïti et réforme éducative : quelques constats » (Revue des sciences de l’éducation, volume 23 numéro 3, 1997). Auparavant il avait publié l’ouvrage de référence « La situation linguistique en Haïti : bilan et prospective » (Conseil de la langue française, Québec, 1988).

 

L’article « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat » convoque « La lettre controversée de l’ambassadeur français » (…) pour interpeller le présumé désaccord de Fabrice Mauriès avec « la politique linguistique officielle d’Haïti » : « Cette lettre de l’ambassadeur traduit son désaccord avec la politique linguistique officielle d’Haïti »… Il aurait fallu, sur un registre aussi essentiel que celui de la politique linguistique de notre pays, que Ayibopost aborde ce sujet avec hauteur de vue et un minimum de compétence… Les lecteurs auraient en effet apprécié que Aibopost expose en quoi consistait à ses yeux et aux yeux des « trois sources proches du ministère de l’Éducation nationale » LA politique linguistique d’Haïti en 2023... Dans le corps de l’article « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat », nulle part il n’est précisé que Ayibopost avait en mains et avait procédé à l’analyse d’un quelconque document officiel de l’État exposant « la politique linguistique officielle d’Haïti »… Là encore, sur un registre aussi essentiel, l’article d’Ayibopost « Ingérence » : une lettre de l’ambassadeur de France en Haïti fait débat » fait preuve d’un manque flagrant de professionnalisme et de rigueur analytique : il avalise aventureusement l’opinion subjective et non attestée de « trois cadres du MENFP » sans avoir effectué d’adéquates recherches documentaires de nature jurilinguistique. Cette absence de rigueur analytique a pour résultat qu’Ayibopost n’a même pas constaté et pris toute la mesure que l’État haïtien ne dispose toujours pas d’une politique linguistique officielle en dépit de la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution de 1987.

 

Depuis la publication du premier livre de référence sur ce sujet intitulé « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (par Robert Berrouët-Oriol et alii, Éditions de l’Université d’État d’Haïti et éditions du Cidihca, 2011 –ouvrage réédité par le Cidihca-France en 2023), la communauté des linguistes haïtiens, les enseignants, les directeurs d’écoles sont unanimes : l’État haïtien n’a toujours pas énoncé et mis en œuvre LA politique d’aménagement de nos deux langues officielles, le créole et le français, alors même que la Constitution de 1987 en fournit les fondements juridiques aux articles 5 et 40. Au contraire, c’est tout l’inverse : s’il existe un domaine où l’État haïtien est démissionnaire à travers ses errances, ses approximations, ses « coups d’épée dans l’eau », ses « documents stratégiques » qui se contredisent  et ses éternelles promesses régaliennes dans le secteur éducatif notamment, c’est bien celui de l’aménagement linguistique… L’on observe qu’en 2005 déjà le romancier, poète et essayiste Lyonel Trouillot avait de sa forte voix et avec rigueur indiqué le cap à prendre. Ainsi, dans son article « Ki politik lengwistik pou Ayiti ? » (Le Nouvelliste, 7 juillet 2005), il enjoignait l’État à « Valoriser le créole par des mesures claires et contraignantes ». Avec clarté, il exprimait comme suit sa pensée : « La seule politique linguistique pouvant corriger le déficit de citoyenneté perpétué par la situation linguistique d’Haïti me semble être la construction à moyen terme d’un bilinguisme créole-français pour l’ensemble de la nation. La tentation facile de considérer le français comme une langue étrangère comme une autre, l’anglais par exemple, me semble un refus délibéré de tenir compte d’une donnée fondamentale : la nécessité de préserver la spécificité culturelle de notre État nation dont l’une des composantes est le patrimoine linguistique. Par ailleurs le fait qu’il n’existe nulle part un bilinguisme « parfait » ne constitue pas une objection à la politique que je propose. Il ne s’agit pas d’atteindre la perfection mais de mener une politique équitable assurant un minimum d’égalité de chances et offrant des repères symboliques communs de manière à fonder un sentiment d’appartenance. »

 

En écho aux propositions de Lyonel Trouillot, Renauld Govain, linguiste et ex-doyen de la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti, élargit et systématise la réflexion dans son article « Pour une politique linguistique en Haïti aujourd’hui » (Le Nouvelliste, 29 juillet 2009). Parmi les thèmes qu’il analyse, Renauld Govain expose que « Le citoyen [Lyonel Trouillot] émet ici le souhait (et nous partageons son souhait) de voir la langue de tous les Haïtiens jouir d’un degré de prestige, de perception et de représentations au même titre que le français. (…) Dans cette même logique de l’égalité des chances, nous pensons qu’il faudrait élargir le domaine d’enseignement-apprentissage en matière d’alphabétisation au français. Après avoir revu le côté didactico-pédagogique du programme et établi un certain niveau seuil d’alphabétisation en créole, les néo-alphabétisés pourraient être initiés à l’apprentissage progressif de la lecture et de l’écriture du français et en français. Cela aurait l’avantage de démystifier la pratique du français qui est liée à l’élitisme où ceux qui parlent français sont considérés comme supérieurs à ceux qui ne sont que créolophones et analphabètes » (voir l’article « L’aménagement linguistique en Haïti au regard de la Constitution de 1987 : regard actualisé sur les acquis et les défis », par Robert Berrouët-Oriol, Rezonòdwès, 6 avril 2022). Lyonel Trouillot et Renauld Govain inscrivent leur réflexion au creux d’une démarche qui, loin de stigmatiser et d’opposer les langues les unes aux autres, promeut la rigoureuse perspective du partenariat entre les langues (voir l’article « Le partenariat créole-français, l’unique voie constitutionnelle et rassembleuse en Haïti », par Robert Berrouët-Oriol, Fondas kreyòl, 15 mars 2023 ; voir aussi l’ouvrage « Cohabitation des langues et politique linguistique / La notion de « langue partenaire », Délégation à la langue française de Suisse, 2015. NOTE -- La problématique de la cohabitation des langues a été diversement étudiée par les linguistes et les sociolinguistes. Le lecteur curieux d’explorer cette problématique pourra consulter, entre autres, les références suivantes : « Les langues en contact », par Louis-Jean Calvet (dans « La sociolinguistique », 2013) ; « Plurilinguisme, contact ou conflit de langues », par Henri Boyer (L’Harmattan, 2000) ; « Sociolinguistique des contacts de langues / Un domaine en plein essor », par Jacky Simonin et Sylvie Wharton, dans « Sociolinguistique du contact / Dictionnaire des termes et concepts » (Lyon : ENS Éditions, 2013) ; « Contacts de langues, politiques linguistiques et formes d'intervention », par Véronique Castellotti, Daniel Coste, Diana-Lee Simon, dans « Contacts de langues » (L’Harmattan, 2003) ; Robert Chaudenson et Louis-Jean Calvet : « Les langues dans l’espace francophone : de la coexistence au partenariat », L’Harmattan, 2001.

En ce qui a trait à la dimension juridique de l’aménagement linguistique en Haïti, il y a lieu de souligner la remarquable contribution analytique d’Alain Guillaume, enseignant-chercheur à l’Université Quisueya et juriste spécialiste de droit constitutionnel, consignée dans l’étude « L’expression créole du droit : une voie pour la réduction de la fracture juridique en Haïti » (Revue française de linguistique appliquée, 2011/1 (Vol. XVI). L’auteur y précise, avec hauteur de vue, que « La société haïtienne est marquée par toute une série de dichotomies qui se manifestent au niveau du droit à travers un bilinguisme inégalitaire et une forme particulière de bi-juridisme. L’intégration juridique de la Nation passe par l’expression créole du droit et la prise en compte, dans le droit écrit, des normes coutumières, démarches complémentaires susceptibles d’enrichir le droit substantiel haïtien, mais dont la mise en œuvre se révèle complexe ».

La lecture attentive et impartiale de la correspondance diplomatique adressée le 2 octobre 2023 au ministère de l’Éducation nationale par l’ambassadeur de France en Haïti Fabrice Mauriès atteste que le diplomate, de manière fort pertinente, fait implicitement le plaidoyer d’un partenariat linguistique novateur entre les deux langues officielles d’Haïti et il rappelle fort opportunément « l’attachement de la France à une éducation bilingue ». En cela, faut-il encore le souligner, il respecte la Constitution de 1987 et la perspective qu’il défend est conforme à la Déclaration universelle des droits linguistiques (Barcelone, 1996). En cela également, il rejoint la vision défendue par Lyonel Trouillot et Renauld Govain  inscrivant leur réflexion au creux d’une démarche qui, loin de stigmatiser et d’opposer les langues les unes aux autres, promeut la rigoureuse perspective du partenariat entre les langues (voir l’article « Le partenariat créole-français, l’unique voie constitutionnelle et rassembleuse en Haïti », par Robert Berrouët-Oriol, Fondas kreyòl, 15 mars 2023 ; voir aussi l’article « Politique linguistique nationale et politique linguistique éducative en Haïti : une nécessaire convergence historique », par Robert Berrouët-Oriol, Le National, 30 novembre 2017).

En toute objectivité et à contre-courant de toute velléité d’« ingérence » comme le soutient aventureusement l’article de Ayibopost, l’on observe que le propos de l’ambassadeur Fabrice Mauriès constitue un appel implicite à combattre toute forme de discrimination dans le système éducatif national haïtien, y compris « l’apartheid linguistique » (là-dessus voir les articles amplement documentés de Charles Tardieu : « L’apartheid scolaire en Haïti et les effets de la Covid-19 », Madinin’Art, 30 septembre 2020, et « Ledikasyon pa negosyab », Le National, 27 septembre 2022). En raison de la prédominance de l’instance idéologique dans l’article de Ayibopost et de son ancrage dans une vision étroite et rachitique du nationalisme linguistique et culturel haïtien, cette dimension de la situation linguistique haïtienne a elle aussi complètement échappé à Ayibopost

Par Robert Berrouët-Oriol

Linguiste-terminologue

Conseiller spécial

Conseil national d’administration

du Réseau des professeurs d’universités d’Haïti (REPUH)

 

Montréal, le 9 mars 2025

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Commentaires récents

  • Mélenchon et "les nombreuses frontières de la France"

    VOS COMMENTAIRES N'ONT...

    Albè

    13/03/2025 - 12:54

    ...presque jamais RIEN à voir avec les articles que vous prétendez commenter. Lire la suite

  • Mélenchon et "les nombreuses frontières de la France"

    Réponse au commentaire intitulé "Facho"

    mitraille

    13/03/2025 - 09:58

    Suite d'injures banales et d'anathèmes n'ayant rien à voir avec le texte et mon commentaire lié.< Lire la suite

  • États-Unis: à Washington, la Black Lives Matter Plaza démantelée sous la pression de l'administration Trump

    SALAUDS D'ARABO-MUSULMANS !

    Albè

    13/03/2025 - 09:08

    Comme dirait le type qui passe son temps, sous divers pseudos, à polluer ce site avec ses comment Lire la suite

  • Mélenchon et "les nombreuses frontières de la France"

    FACHO

    Albè

    13/03/2025 - 07:15

    On espère pour toi, qui se cache derrière divers pseudonymes afin de squatter la rubrique "Commen Lire la suite

  • Ce drapeau et ces couleurs que nous avons discrédités

    Cet article est très pertinent...

    Frédéric C.

    13/03/2025 - 05:15

    ...et me semble pouvoir être "résumé" (dslé si ce mot est peu précis) ainsi. Lire la suite