Comment Mia Mottley, Première ministre de la Barbade s’est rendue incontournable pour la défense du climat

En ouverture du sommet pour un nouveau pacte financier ce jeudi à Paris, la dirigeante a exhorté à « passer à l’action ». Elle est la porte-parole des pays du Sud.

CLIMAT - Elle est considérée comme l’avocate des pays du Sud affectés par le changement climatique. Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, une petite île des Caraïbes de 300 000 âmes, est, au côté d’Emmanuel Macron, la co-organisatrice du sommet pour un nouveau pacte financier ces jeudi 22 juin et vendredi 23 juin à Paris. Son discours en ouverture de l’évènement a reçu un tonnerre d’applaudissements alors que la dirigeante a plaidé pour une « transformation absolue » du système financier mondial.

« Nous venons à Paris aujourd’hui avec le cœur lourd mais avec espoir », a déclaré celle qui a hésité à se rendre dans la capitale parce que son pays est en alerte avant le possible passage d’une tempête tropicale. Elle a néanmoins choisi de faire le voyage « parce qu’il est important que nous passions à l’action », a-t-elle déclaré. À la fin de son discours, de nombreux dirigeants l’ont félicitée, beaucoup cherchant une accolade avec elle.

Des punchlines inspirées de reggae

Dans une prise de parole encore plus piquante ce vendredi, la Première ministre a tâclé : « Nous n’avons que cette planète, à moins que vous ayez un plan que je ne connais pas pour vivre sur Mars. Nous devons donc travailler ensemble pour la rendre meilleure ».

Si la voix de cette économiste de 57 ans formée à la London School of Economics est aujourd’hui écoutée par les chefs d’État du monde entier, cela n’a pas toujours été le cas. D’abord avocate, elle a été en charge de plusieurs portefeuilles ministériels, dont celui de l’Éducation, avant de devenir en 2018 la première femme à diriger la Barbade.

C’est un discours sur le climat en 2021, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, qui l’a propulsée sur le devant de la scène internationale. Mia Mottley n’avait pas hésité à dénoncer le comportement des pays du Nord, qui se refusaient à payer les dégâts des catastrophes climatiques subies par les pays du Sud et à les aider à s’adapter au réchauffement de la planète.

« Sommes-nous tellement aveuglés et endurcis que nous ne pouvons plus entendre les cris de l’humanité ? » s’était-elle emportée, comme vous pouvez l’entendre dans la séquence en anglais ci-dessous. L’amatrice de reggae s’était même inspirée du morceau de Bob Marley Get up, Stand up (Lève-toi, tiens-toi debout) pour clamer à la tribune : « qui se lèvera et tiendra bon pour les droits des peuples, (...) pour les petits états insulaires qui ont besoin d’un réchauffement inférieur à 1,5 degrés pour survivre ? », rappelle L’OBS.

« Si nous pouvons résoudre des problèmes hautement complexes comme l’envoi de gens sur la Lune ou les calvities masculines, on doit pouvoir régler de petits problèmes comme la faim et la pauvreté », avait-elle ironisée, amère, dans ce discours visionné par des millions de personnes sur Twitter.

« Initiative de Bridgetown »

Forte de ce premier succès, la Première ministre est revenue en vedette lors de la Cop 27 fin 2022 en Égypte, présentant cette fois-ci un plan novateur qu’elle a élaboré pour réformer la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Connu sous le nom d’initiative de Bridgetown, du nom de la capitale de la Barbade, ce plan appelle à une refonte de ces deux institutions, nées en 1944 des accords de Bretton Woods, qui forment désormais un système financier désuet et pensé sans les pays en développement, estime la dirigeante.

L’une de ses propositions phares est que la Banque mondiale offre des prêts moins chers pour les projets d’action climatique dans les pays en développement. Il est beaucoup plus coûteux de construire des systèmes de défense contre les inondations à la Barbade, exposée au passage des ouragans et menacée par la montée du niveau des océans, qu’aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, a-t-elle déploré.

L’ancienne avocate souhaite également mettre en place une taxe internationale sur les profits des entreprises d’énergie fossile, un Fonds mondial pour aider les pays les plus pauvres à investir dans des projets de réduction des émissions de CO2, ou encore l’introduction d’une clause « catastrophe naturelle » pour suspendre le remboursement des dettes en cas de crise.

Elle a convaincu Macron et Rihanna

Les idées de Mia Mottley ont su convaincre les dirigeants du G7, et notamment Emmanuel Macron. Lors de la COP27, les deux dirigeants s’étaient accordés sur l’urgence d’agir pour financer la transition écologique des pays du Sud. Leur discussion a accouché de ce sommet dont le but est que les pays riches soient mis face à leurs promesses non tenues. En 2009, le « Nord » avait annoncé financer à hauteur de 91 milliards d’euros chaque année les dégâts climatiques du « Sud ». « Cet objectif a de grandes chances d’être atteint cette année ! », a promis ce jeudi Emmanuel Macron sur Twitter, avec une dizaine d’années de retard.

La ténacité de l’influente Première ministre est même plébiscitée par des stars, comme Rihanna, chanteuse née à la Barbade, qui a l’a soutenue le 20 juin sur Twitter : « Hey Janet Yellen [ secrétaire américaine au Trésor] et Ajay Banga [dirigeant de la Banque mondiale], allez-vous rejoindre Mia Mottley pour les communautés les plus durement touchées par les urgences climatiques ? Nous avons besoin que vous preniez des engagements audacieux pour financer et réformer la dette. » En 2022, la chef d’État barbadienne a même intégré le palmarès des 100 personnalités les plus influentes du monde du magazine américain Time pour son parcours exceptionnel.

Il n’est malheureusement pas prévu qu’une décision finale soit prise sur les propositions de la Première ministre Barbade, note la BBC News. « Nous disons à nos enfants qu’il ne faut pas remettre à demain ce que nous devons faire aujourd’hui. Je me surprends à répéter beaucoup de choses que nous dirions à nos enfants, afin d’éclairer le comportement mondial d’aujourd’hui », a-t-elle conclu. « Cela en dit long ».

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