Du conflit israélo-palestinien

Avertissement

L’occupation illégale par les forces israéliennes des territoires occupés de Gaza et Cisjordanie, ses méthodes brutales et racistes vis-à-vis des Palestiniens ne peuvent pas ne pas rappeler un passé colonial tragique dans les anciennes colonies. Tandis que les graves problèmes posés par Israel en fait de respect du droit international, des droits de la guerre et des droits humanitaires, eux, interpellent tous au plus haut point dans le Monde.

Cette question peut paraître quelque peu complexe à ceux qui

ne l’ont vraiment jamais abordée, et d’autant plus que fusent dans tous les sens des informations pour le moins douteuses afin de discréditer l’autre. Certaines s’auto-détruisent par leur côté grotesque : le Hamas, lors de son incursion sur le territoire israélien aurait placé dans des fours brûlants des bébés vivants ! D’autres plus sournoises sont en train d’éclater au grand jour comme l’accusation selon laquelle le Hamas (ce dont il s’est pourtant défendu depuis le début) aurait érigé en moyen de guerre le viol des femmes ; la source de cette information vient d’être attribuée à l’ONG israélienne Zaka, bien connue, mais devenue on ne peut plus douteuse, à cause de son cofondateur déjà condamné pour viol et pour des détournements financiers. Même le grand média américain New York Times s’est fait piéger en accueillant dans ses colonnes, les résultats d’une enquête bidon d’une résidente Israélienne sans référence journalistique aucune, enquête naturellement à charge sue le Hamas.

Dans le même ordre d’idée, un juif, fils de survivants d’Auschwitz et célèbre pour son autorité dans le monde sur la question israélo-palestinienne, Norman Finkelstein, a livré une analyse critique et particulièrement documentée de nombre d’enquêtes cherchant à charger le Hamas et qu’il a intitulée : « Les accusations de crimes sexuels contre le Hamas sont infondées ».

 

L’article qui va suivre repose sur des données vérifiées, des informations délivrées par l’ONU, ou par des personnalités connues pour le sérieux de leurs analyses, ou encore par des personnalités juives qui ont toujours manifesté une liberté de pensée pour nous éclairer sur ce qui se déroule en Palestine depuis années et nous saute aujourd’hui à la figure.    

 

                                     Première Partie

 

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU vote en sa résolution 181 le plan de la partition de la Palestine en trois entités, un Etat juif, un Etat arabe, enfin la ville de Jérusalem et sa proche banlieue placés sous contrôle international.

Vote rejeté par l’ensemble des dirigeants Arabes qui annoncèrent tout de suite leur intention de tout faire pour éradiquer cet Etat Juif.

Le lendemain de la proclamation par Ben Gourion de l’Etat d’Israel le 14 mai 1948, éclata en effet la guerre d’indépendance qui s’acheva le 7 janvier 1949 par une victoire d’Israel grâce à l’aide américaine, et au prix de très importantes pertes humaines de part et d’autre.

La moitié de la population arabe palestinienne dut s’enfuir ou fut expulsée vers les Etats arabes voisins. 750 mille Palestiniens furent chassés de chez eux ! C’est le désastre appelé la NAKBA.

LES DIRIGEANTS ARABES ONT RESSENTI CETTE PARTITION DE LA PALESTINE COMME UNE PROFONDE INJUSTICE. La Nakba a constitué un traumatisme majeur jusqu’à l’effondrement de leur identité pour la population palestinienne et ses descendants. 

En Palestine vivaient en effet deux tiers d’Arabes (1,2 millions) pour un tiers de juifs (600 000). Néanmoins l’Etat juif institué par la résolution fut de 55% plus grand que ce qui restait au peuple palestinien.

Le conflit israélo-palestinien actuel c’est ce passé mal résolu qui revient et que le monde découvrira peu à peu.

En juin 1967, par la guerre des six jours survenue après des années d’hostilités, Israel défait les armées égyptienne, syrienne et jordanienne, et occupe illégalement les territoires du plateau du Golan, de Gaza, du Sinaï et de Cisjordanie. Cinq cent mille Palestiniens furent encore expulsés !

65 ans plus tard, se trouvent violemment opposés l’Etat d’Israel représenté par son premier ministre Netanyahou et la force du HAMAS représentant le monde palestinien.

 

Netanyahou, par sa très forte influence politique en Israel, cherche à réduire à néant le projet d’Autorité palestinienne institué par les négociations d’Oslo en 1995. Depuis plus d’une décennie, il est entouré au gouvernement d’éléments appartenant aux forces religieuses orthodoxes d’extrême droite et qui ont conduit son gouvernement sur des positions politiques les plus conservatrices.

Le HAMAS, lui, est un mouvement politique palestinien qui se dit de résistance, avec une branche politique et une branche armée. Il prône un Etat islamique palestinien et ne reconnaît pas l’Etat d’Israel.

Il a été élu en 2006 par le peuple de Gaza aux élections législatives palestiniennes pour défendre ses intérêts au plus grand déplaisir des Etats européens et des Etats-Unis.

Netanyahou, de notoriété publique, a eu à soudoyer le Hamas, pour l’aider à combattre en 1993 les négociations d’Oslo que les deux repoussaient avec force pour leurs raisons respectives.

 

LE HAMAS ET L’ATTAQUE DU 7 OCTOBRE.

Le 7 octobre, le Hamas lance plusieurs milliers de roquettes contre Israel, opération qu’il a appelée le déluge d’AL AQSA. Puis ses commandos entrent en Israel, pour y attaquer dans leurs maisons de nombreux civils dont femmes et enfants, et ramener enfin à Gaza plusieurs centaines d’otages.

 La population d’Israel, frappée de stupeur, prend alors conscience de son insécurité totale chez elle-même vis-à-vis de son voisin palestinien et que son armée est loin d’être le bouclier qu’elle a cru.

Quant au gouvernement Netanyahou et son armée, cette attaque a constitué pour eux à la fois une surprise et une véritable humiliation : jamais n’avaient-il pensé jusque-là les Palestiniens capables d’actions de telle envergure.

Agresser par surprise dans leur domicile des civils sans défense, s’en prendre cruellement à des femmes et à des enfants, a suscité une désapprobation massive dans le monde. Ces actes ont contribué à dégrader le caractère de force de résistance que revendique le Hamas, mais beaucoup dans le monde, devant la suite des événements et la découverte de faits du passé peu connus, ont été amenés à requalifier les faits.  

Pour Pascal BONIFACE, journaliste géopolitologue français et directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) : Les attaques du HAMAS sont sans excuse mais pas sans cause. C’est en fait la conséquence de nombreuses décennies d’oppression du peuple palestinien par ISRAEL, et que le Monde ne soupçonnait pas

 Michèle Sibony, présidente de l’Institution juive française pour la paix, et donc peu susceptible d’être traitée d’antisémite, reconnaît : C’est à une véritable explosion de barbarie qu’on a assisté dans l’ensemble depuis le 7 octobre en Palestine.

En riposte à ces attaques du HAMAS, les troupes israéliennes bombardent sans arrêt depuis près de 5 mois toute la bande de Gaza. Et sans faire de distinction entre les militants du Hamas et les populations de civils (hommes, femmes et enfants), jugeant que les premiers se font des boucliers humains de civils innocents. On a même surpris les forces Tsahal à tirer sur des ressortissants d’Israel qui s’étaient pourtant signalés par des signes de reconnaissance. Le monde a de même été révulsé de les voir tirer sur des enfants qui couraient recueillir des colis de vivres parachutés par les troupes américaines sur la plage de Gaza.

 Les ambulances, les hôpitaux, les écoles ne sont pas épargnés. Au résultat, au 27 février 2024, selon le ministre de la santé palestinien le nombre de morts va dépasser les 30 000 avec un nombre considérable de femmes et d’enfants dans la bande de Gaza, sans oublier les milliers d’entre eux qui ont été cruellement estropiés pour la fin de leur vie. Les hôpitaux sont vite devenus inopérationnels. Les blessés n’ont plus aucune chance de survie ; on est réduit à les soigner à même la rue dans le fracas d’éclatement d’obus israéliens.

Pour l’OMS, « finalement on verra plus de gens mourir de maladie que de gens mourir dans les combats du fait que l’on ne peut pas soigner les premiers. » Des médecins revenus de Gaza témoignent qu’ils n’ont jamais vu soigner un seul combattant dans les hôpitaux !

Quant aux journalistes, on en aura compté au mois de février 81 de tués dans ce conflit, ce qui ne s’était jamais vu dans aucune guerre jusque-là et prouve l’abomination inavouable de cacher au monde l’ampleur des atrocités qui s’y déroulent.

 

Interdiction est faite à toute assistance humanitaire.

Israel interdit l’accès dans Gaza à tous les ONG sanitaires, interdiction possible du fait véto américain du 8 décembre au Conseil de Sécurité de l’ONU qui exigeait pourtant un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Situation qui immanquablement nous met en mémoire la proposition de Kofi Annan qui réclamait à la fin de son mandat de secrétaire général de l’ONU, la suspension du droit de véto au cas où sont discutées des situations de crimes de masse en cours.

Evacuation de Gaza

 Montant d’un cran, les forces israéliennes entreprennent de procéder carrément à l’évacuation totale de la bande de Gaza. Il s’agit du déplacement de 2,5 millions de personnes ! Beaucoup pour échapper aux bombes se réfugièrent dans des cimetières, dans une dignité bouleversante.

Ce déplacement forcé de population, faut-il rappeler, est « un crime de guerre et de génocide », selon l’article 49 des conventions de Genève.

 

                                     Deuxième Partie

Cette Partie se fera sous forme d’échanges entre Raphaël Confiant et moi.

Première question de Raphaël

Comment expliquer qu’en 2024 le premier ministre Netanyahou rejette aussi impunément le droit international ?

Israel est le seul Etat au monde à mépriser ainsi le droit international. Il a royalement ignoré toutes les résolutions de l’ONU exigeant qu’il retire ses troupes des territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de Gaza depuis la fin de la guerre des six jours en 1967. De plus il n’a cessé d’y développer des colonies juives en dépouillant les palestiniens de leurs terres, malgré la désapprobation onusienne réitérée en plusieurs résolutions.

À ce sujet la rapporteuse de l’ONU, l’avocate Francesca ALBANESE constate :

« Israel a toujours été autorisé à s’autogérer et a été exonéré des obligations onusiennes dans l’impunité la plus totale…Tout cela a été toléré… Nous n’avons donné aucune limite à cet Etat et c’est allé trop loin. Il est urgent de stopper cette impunité avant que d’autres Etats ne prennent cet exemple. La seule manière de sortir de cette folie, c’est d’avoir un long terme qui permettrait le rétablissement de l’Etat de droit. »

Michèle Sibony, déjà citée, appuie le propos précédent : « Il est scandaleux qu’on n’arrête pas Israel. L’Etat d’Israel ne peut acquérir de légitimité que s’il accepte de reconnaître l’autre. »

 

Et bien entendu on ne peut oublier ici que les Etats-Unis portent à bout de bras Israel depuis sa création financièrement, politiquement et militairement parlant. Israel serait bien mal de soutenir cette guerre à ce rythme sans l’aide américaine.

 

Deuxième question de Raphaël

Comment Netanyahou se justifie-t-il dans ses agissements ?

Netanyahou nous répond qu’Israel est en état de légitime défense contre le Hamas.

Les attaques du Hamas ont causé 1200 morts israéliens, et l’on compte après environ 5 mois de guerre près de 30 000 victimes palestiniennes, chiffre confirmé par l’Unicef. Il y a une démesure flagrante entre l’ampleur de l’agression du Hamas et la riposte d’ISRAEL. Et puis bien avant le 7 octobre 2023, s’échangeaient déjà des opérations de violence entre le Hamas et Israel : en 2008, 2009,2012 et 2014. Les violences entre le Hamas et Israel n’ont pas commencé le 7 octobre !

C’est à une opération de vengeance qu’est en train de se livrer actuellement Israel et qui détruit des vies d’innocents, femmes, enfants et adultes sans défense !

La juste réponse de Dominique VILLEPIN : Le droit à la légitime défense n’est pas un droit de vengeance indiscriminée, ce n’est pas un droit à massacrer de manière inconsidérée des populations civiles sans défense.  

 

Pour Rony BRAUMAN, ex-président de Médecins Sans Frontières, juif lui-même et qui lutte depuis 2002 contre la répression d’Israel dans les territoires occupés par lui, cette question de droit à la défense d’Israel évoquée n’est que « pour justifier la violence des attaques d’Israel » et qu’en définitive « c’est une tartufferie …

Ce sont les Palestiniens qui ont le droit de se défendre vu que c’est leur territoire qui est occupé par Israel…

 « les soldats israéliens se comportent comme les soldats coloniaux, se livrant à une authentique débauche d’humiliation des Palestiniens allant jusqu’à les traiter d’animaux. »

Et il (Rony Brauman) admet bien volontiers qu’il s’agit en fait de rendre GAZA « inhabitable » voire « d’en faire disparaître les Palestiniens, de les placer n’importe où mais pas au voisinage d’Israel».

Netanyahou déclare ensuite officiellement vouloir éradiquer à tout prix le HAMAS en s‘appuyant sur ses références religieuses : la lumière (qui l’éclaire) a toujours vaincu les ténèbres (monde du Hamas).

Pour se justifier encore, Netanyahou se construit une Histoire personnelle ahurissante de l’Holocauste sans aucun rapport avec l’Histoire officielle. Il diabolise les arabes palestiniens : « Ce sont les Arabes qui ont amené Hitler à exterminer les juifs ! »  

 Les forces juives orthodoxes de son gouvernement proposaient de raser même la mosquée Al Aqsa de Jérusalem, vieille du 8ème siècle, au grand ahurissement des trois religions monothéistes. La dénomination de l’opération du 7 octobre a probablement été une piqure de rappel de cette volonté.

Troisième question de Raphaël

Tu nous présentes, semble-t-il, une image quelque peu innocente du HAMAS. On dit que c’est un groupe terroriste ! Nos lecteurs aimeraient beaucoup que tu t’expliques à ce sujet.

C’est effectivement là une question centrale et je te remercie infiniment de me la poser.

Le HAMAS se réclame comme un Mouvement de résistance, de résistance à l’oppression des Palestiniens par Israel dans les territoires qu’il a occupés.

Les actions du Hamas doivent être perçues comme une contre-réaction aux actions des forces israéliennes. Certaines méthodes d’action d’Israel sont aussi considérées par beaucoup comme un terrorisme d’Etat !

Et puis enfin le Hamas a remporté les élections législatives palestiniennes au suffrage universel en 2006, rappelant au Monde que la population palestinienne lui voue une certaine considération.

Ce sont essentiellement les Etats-Unis et l’ensemble des Etats européens qui, cherchant à criminaliser le Hamas pour justifier la nature de certaines actions israéliennes, considèrent le Hamas comme un mouvement terroriste.

La majorité des membres de l’ONU ne classent pas le Hamas dans le camp des organisations terroristes. C’est notamment le cas de la Chine, la Russie, le Brésil, la Bolivie, l’Afrique du Sud, la l’Algérie, Norvège, les pays arabes notamment le Qatar, l’Iran, le Liban, le Yémen, la grande majorité des pays africains etc…

Ce qui montre, s’il en était besoin, que la notion de mouvement terroriste est essentiellement politique, et en tout cas une notion bien relative pour la Communauté internationale.

Le Hamas, mouvement terroriste ? Ne manquons-nous pas un peu de mémoire !

Le Hamas, avons-nous écrit, est un mouvement palestinien ; il n’opère qu’en Palestine avec un objectif politique connu de tous. On ne le verra pas frapper comme Daesh la population parisienne de bombes placées au coin d’une rue.

Le terme de terroriste qui lui est appliqué est un attribut de discrédit, et de discrédit fort : c’est le mal absolu. Au regard de l’Histoire, il est essentiellement utilisé par le parti qu’il combat et qui le rejette dès son apparition sur le terrain du conflit dans le déni total de la réalité de ses objectifs. Je donnerai deux exemples bien précis et proches de nous : le FLN (Front de Libération Nationale pendant la guerre d’Algérie, parti politique avec une branche armée) et l’ANC (Afric National Congress en Afrique du Sud, qui s’est révélé avec les mêmes attributs que le précédent, mais dans la lutte des Noirs Africains du Sud pour l’abolition de l’Apartheid).

Ces deux mouvements ont été déclarés à leur début hors-la loi respectivement par l’Etat français et le Parti National blanc au pouvoir au cours de l’Apartheid.

Mais au fil de leurs années de lutte, ces deux partis se sont imposés dans le combat national, en dépit de leurs méthodes violentes d’action qui n’ont pas changé et ont constitué même une de leurs armes pendant leurs luttes. Dès que furent bien définis les enjeux du conflit où ils s’étaient posés, ces mouvements reçurent le soutien de nombreux pays dans le monde. Le FLN toute l’Urss, les partis de gauche des pays européens, l’ensemble des pays d’Afrique, et l’ANC, ce même monde précédent ainsi que l’ensemble des pays non alignés.

Ensuite le FLN a été réclamé finalement à la table des négociations d’Evian, par le gouvernement français. Il fut le seul interlocuteur cité dans les Déclarations gouvernementales du 19 mars 1961 pour l’indépendance de l’Algérie. Il est ensuite resté un parti incontournable après l’indépendance de l’Algérie.

Quant à l’ANC, animé par le légendaire Nelson Mandela, il a remporté en 1994 les élections législatives multiraciales au suffrage universel, permettant ensuite à ce dernier d’être élu président de la République d’Afrique du Sud et de continuer, comme le cas précédent, un rôle majeur dans ce pays.

 

Ajoutons que dans sa conférence de presse en novembre 1967, le général de Gaulle ne manque pas de témoigner de la facilité d’Israel à considérer assez vite comme terroristes les Palestiniens se rebellant contre ses premières mesures d’oppression dans l’organisation de la colonisation des territoires de Cisjordanie et de Gaza occupés au lendemain de la guerre des six jours.  

Nous avons donc à nous méfier de nos positions passionnées sous-tendues par les seules idées reçues, et faire preuve davantage d’objectivité.

 

 

Il importe maintenant que nous évoquions les rapports du Hamas à sa population de Gaza.

Comment Le Hamas n’a-t-il pas pressenti le champ de ruines que serait devenu Gaza, sans parler environ des 30 000 victimes enregistrées à ce jour dans sa population, après son attaque du 7 octobre et les répliques d’Israel ?

C’est la question que beaucoup se posent !

Pourtant, le Hamas n’avait jamais démérité à l’endroit de sa population. Celle-ci l’a élu à la tête du parlement palestinien en 2006 et il l’a délivrée de l’atmosphère de corruption du groupe politique prédécesseur le Fatah.

C’est l’administration dirigée par le Hamas qui gérait les écoles, les 25 hôpitaux publics (3002 lits) et autres centres médicaux de Gaza, ce qui contribuait sûrement à le rapprocher des Gazaouis. Cela fait 18 ans de pénurie qu’il gère à Gaza.

La population gazaouie ne partage manifestement pas toutes les pratiques religieuses musulmanes que veut lui imposer ce dernier, d’autant que cette population compte des musulmans mais aussi des chrétiens et des laïcs. Mais elle s’est toujours sentie protégée quelque peu par le Hamas de la domination écrasante d’Israel dans la région.

Cette question que nous avons posée, ne trouve pas de réponse satisfaisante dans les rapports du Hamas avec sa population. Mais si nous comparons, avant le 7 octobre puis aujourd’hui, le regard du Monde sur le peuple palestinien et la situation au sein même du peuple israélien, force est bien de reconnaître qu’au de-là des atrocités subies par les Palestiniens, les choses paraissent avoir bien évolué. L’opération du Hamas a quelque peu boosté la situation que l’on connaissait avant le 7 octobre.

Commençons par Israel

Comme le rapportent au journal Le Monde dans sa tribune du 14 novembre, 4 chercheurs et professeurs d’Université israéliens, la population israélienne de gauche elle-même perçoit sa situation bien autrement qu’avant le 7 octobre. L’Union sacrée née en Israel a depuis volé en éclat.

Il ne peut y avoir de paix sociale en Israel, selon ces chercheurs, dans le déni de la volonté de reconnaissance du peuple palestinien. Pure illusion était de même de se croire protégés par l’armée israélienne.

« Quelle que soit notre vision politique du conflit israélo-palestinien, ces événements ont servi de réveil, y compris pour les manifestants que nous sommes, porteurs de valeurs libérales de gauche et soutenant la reconnaissance des Palestiniens. Nous comprenons maintenant l’ampleur des atrocités qui guettent à notre porte, et nous ne pouvons pas détourner les yeux… »

 

Ce qui est une évolution considérable.

 

Et dans le Monde au sujet du peuple palestinien ?

La question palestinienne occupe la première place dans le Monde aujourd’hui. Elle fracture l’opinion publique dans tous les pays, à commencer par les Etats-Unis pourtant premier Etat soutien d’Israel, mais qui se désolidarise ouvertement des vues de Netanyahou quant à ses agissements vis-à-vis des populations civiles palestiniennes ; certes de manière molle. Des manifestations propalestiniennes éclatent un peu partout dans le Monde.

Et devant les vues illusoires d’Israel (doté, a-t-on toujours cru, de l’une des meilleures armées du monde) de vaincre le Hamas, les spécialistes de la question palestinienne s’accordent à admettre aujourd’hui que cette question ne se résoudra jamais par les armes, mais par une patiente médiation politique.

L’actualité de cette guerre est à la une des journaux dans le monde. En ce moment, chacun est suspendu à ce qui se prépare à Rafah à l’extrême sud de la bande de Gaza. Netanyahou va-t-il passer outre à toutes les dissuasions possibles reçues et bombarder cette ville où de force se sont agglutinés un million et demi de civils dans un état d’errance inimaginable ?

 Par ailleurs, Israel est assigné devant la Justice Internationale !

 La cour internationale de justice de l’Onu (la CIJ), a été saisie par l’Afrique du Sud de ses fortes craintes que Israel viole la Convention des Nations Unies sur le génocide de 1948.

L’Afrique du Sud, un Etat bien symbolique pour le Monde !  

Malheureusement ! La CIJ n’a pas ordonné à Israel un cesez-le-feu comme tous le souhaitaient, mais seulement d’autoriser immédiatement l’accès de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza et de s’abstenir de commettre des actes entrant dans le champ d’application de la Convention sur le génocide.

La CIJ continue en ce moment d’être assaillie de questions de beaucoup de pays au sujet de la politique d’Israel en Palestine.

 

La Communauté Internationale est tout de même à ce jour encore loin de s’être mobilisée pour vraiment peser sur ce conflit.

Certes, le vendredi 16 février, les Pays-Bas ont cessé de livrer à Israel des pièces détachées pour les avions de chasse américains F35 afin de se conformer aux mesures conservatoires de la CIJ. Mais la France continue de livrer des armes à Israel, tout en élevant la voix contre ses entorses graves portées à l’aide humanitaire dans Gaza ! Incohérence qui ne cesse d’être dénoncée.

  Oui ! On attend que cette communauté internationale se mobilise bien plus vigoureusement sur le plan politique et commercial pour contraindre Israel,

- d’abord à renoncer à ces folles actions meurtrières sans issue,

-puis à partager des négociations constructives avec les forces palestiniennes pour une cohabitation pacifique de l’Etat d’Israel et d’un Etat palestinien.                                                                                                                                                                                 

                                                 Conclusion

Jamais l’antisémitisme n’a été lancé aussi souvent et inconsidérément dans le débat public. J’ai pris soin de m’appuyer sur des témoignages de personnalités juives, pour me mettre hors de toute accusation d’antisémitisme.

Depuis mon plus jeune âge, j’ai eu la chance de découvrir l’écrit d’un Martiniquais célèbre, Frantz Fanon, qui prévenait les jeunes gens de couleur que nous étions : « Sachez, écrivait-il, que lorsque l’on s’en prend à un juif en tant que tel, alors votre tour de noir n’est pas loin ! »

Autant vous dire ma particulière sensibilité au travers de l’antisémitisme.

Mais nous devons constater le véritable chantage de l’antisémitisme prévalant actuellement dans la société (européenne en particulier) et qui, cherchant à museler les esprits, n’a rien de rassurant pour cette société.

Il est inadmissible que l’on soit accusé d’antisémitisme en France, parce que l’on apporte son soutien à la cause palestinienne, parce que l’on condamne le massacre de masse conduit par les forces israéliennes contre la population civile de Gaza en une action génocidaire, parce que l’on condamne le refus d’Israel d’un cessez-le-feu humanitaire à Gaza alors même que cette population est sous le coup de la famine et que des femmes et des enfants sont dans un état de besoin de soins urgents, parce qu’à la désapprobation générale dans le monde, Israel, depuis plus de cinquante ans, occupe illégalement la Cisjordanie à des fins de colonisation.

Favoriser de tels travers, c’est chercher à égarer l’opinion et fausser les jeux de fonctionnement de la démocratie.

Dans le même temps, il serait enfin utile que notre lecteur médite sur les points suivants.

Le premier ministre d’Israel M. Netanyahou, a accusé la CIJ d’antisémitisme ! La peur du ridicule n’est décidément plus dissuasive.

Qui davantage que Netanyahou a attisé l’antisémitisme dans le monde ?

Qui davantage que Netanyahou met en danger dans le monde actuellement la sécurité de nombre d’éléments de la diaspora juive, par ses agissements désavoués dans les territoires palestiniens occupés, comme le décrit l’écrivain juif Sylvain Cypel dans son livre Israel contre les Juifs.

Enfin qui d’autre que Netanyahou est en train de faire de Israel un Etat paria dans la communauté internationale ?

Une éminente voix du Sud, celle du président Lula du Brésil, lors du dernier sommet de l’UA, signale à cet égard (dimanche 18 février 2024) :

« Ce qui se passe dans la bande de Gaza avec le peuple palestinien ne s’est jamais produit à aucun moment de l’Histoire. En fait, cela s’est déjà produit une fois : lorsque Hitler a décidé de tuer les Juifs. »

L’Europe s’est dite choquée par ces mots de Lula !  Pourtant l’Europe est tout sauf étrangère à l’histoire de la naissance du sionisme et de ses dérives.

 

                                  Léo Ursulet, historien

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