Le conflit israélo-palestinien a une résonance en Martinique aussi

Un peu plus d’un mois après le début de la cinquième guerre livrée par l’armée israélienne à la population civile de la bande de Gaza, des voix de plus en plus nombreuses en appellent au cessez-le-feu et à la création effective d’un État palestinien. Un conflit dont les échos parviennent en Martinique, bien entendu.

Vu de Martinique, nous sommes impuissants et en colère face à la violence de la guerre menée par l’État d’Israël et son armée contre la population civile palestinienne de Gaza. Impuissants, car incapables d’agir directement pour l’instauration d’un cessez-le-feu. En colère parce que nous assistons à d’inadmissibles violences commanditées par un gouvernement contre plus de deux millions de personnes confinées dans cette prison à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza. Des civils hélas coutumiers de longue date de ces exactions.

Les quelques dizaines de natifs ou originaires de Palestine vivant en Martinique méritent amplement notre solidarité et notre écoute. Nous sommes d’autant plus proches d’eux que nous sommes sensibles à la domination coloniale et à l’assujettissement d’un peuple par un État.

Eux comme la majorité des Palestiniens de l’intérieur et de l’étranger veulent un cessez-le-feu puis la création de leur État. Il serait temps que la communauté internationale tienne ses promesses non respectées depuis 75 ans que dure ce conflit.

L’histoire ne s’est pas déroulée comme prévu

En novembre 1948, l’ONU décide de créer deux 2tats indépendants en Palestine sous mandat britannique après avoir été une province de l’empire ottoman (ou turc). L’un destiné aux Juifs européens victimes de la barbarie nazie pour qu’ils disposent d’un foyer national dans lequel ils pourraient vivre en paix. L’autre destiné aux Palestiniens, musulmans et chrétiens, libérés de la férule turque puis britannique.

L’histoire ne s’est pas déroulée comme prévu. La plupart des Palestiniens, environ 700 000, ont été chassés ou contraints à l’exil par les sionistes qui rêvaient d’un pays débarrassé de tous ceux qui n’épousaient pas leur cause. Les multiples conflits depuis plus de sept décennies n’ont pas permis d’appliquer la résolution de l’ONU réitérée à l’issue de la Guerre des Six jours de 1967, de la guerre du Kippour de 1973 et des Acords d’Oslo de 1993.

Cette toile de fond doit être rappelée pour comprendre les tenants et aboutissants de cette cinquième guerre menée par Israël contre la Palestine occupée. Laquelle ne pourra se terminer que par une pause humanitaire, puis par un cessez-le-feu sous contrôle international, avant d’entamer de nouveaux pourparlers visant à la fondation de l’État souverain de Palestine.

Une toile de fond à rappeler sans cesse

Or, tant que le gouvernement israélien dirigé par Benyamin Netanyahou reste en place, la guerre risque de durer longtemps, selon le quotidien libéral israélien Haaretz. Le journal souligne régulièrement le poids des dirigeants de formations politiques religieuses ultra-orthodoxes et ouvertement anti-arabes au sein de ce gouvernement, le plus à droite de l’histoire du pays.

En outre, les éditorialistes d’Haaretz comme d’autres de leurs confrères sont extrêmement critiques à l’égard de leurs dirigeants. De larges fractions de la société israélienne rend le gouvernement responsable des massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas.

Des massacres injustifiables contre des civils israéliens. Le bilan officiel est de 1 300 morts. Femmes, enfants, vieillards et hommes désarmés ont été surpris dans leur sommeil, dans une fête en plein air, dans leur maison. Les crimes de guerre commis par le Mouvement de la résistance islamique, traduction de l’acronyme arabe Hamas, doivent être jugés par un tribunal international impartial et punis pour ce qu’ils sont. À savoir de la pure sauvagerie.

Une cinquième guerre inutile contre les civils

Rien ne justifie non plus le bombardement massif de la population civile palestinienne de Gaza. Le bilan officiel est de 11 000 morts. L’objectif de la destruction du Hamas est irréaliste selon de nombreux observateurs étrangers et israéliens.

Les chefs politiques de cette organisation islamiste rigoriste et anti-démocratique, farouchement opposée à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) laïque et démocratique, vivent à l’abri au Qatar. Ses combattants, bien entraînés et bien armés, se comptent par milliers et se renouvellent sans cesse.

Admettons qu’ils soient tous tués ou emprisonnés. Soit ! Mais comment des militaires peuvent-ils éradiquer un idéal ? Même si cet idéal - la destruction d’Israël et l’instauration d’une théocratie réactionnaire comme en Iran - peut-il s’évanouir, tant que les 15 millions de Palestiniens n’auront pas leur propre État ?

Plus d’un mois après le début de cette guerre, il serait opportun de revenir au seul principe de réalité qui vaille. À savoir, l’application du droit international. En un mot : deux peuples, deux États voisins et Jérusalem équitablement partagée.

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