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« La Nouvelle Calédonie restera donc française ». Sans honte, le président français a ainsi conclu cette comédie électorale qui n’a déplacé que 43,90% de l’électorat de la colonie Kanaky.
Ainsi se conclut, selon lui, un cycle qui a commencé en 1989 avec les accords de Matignon. Sans illusion aucune, le corps politique français, à l’exception de la France Insoumise, a salué ce scrutin.
Les hommes politique français aiment se faire plaisir. Car, sauf à être aveugle, ce scrutin ne règle rien et la question du droit à l’indépendance du peuple kanak n’est pas évacué. Il est important que les peuples encore sous domination française en tire toutes les leçons : la France ne respecte pas les droits des peuples et n’accepte une décolonisation que contrainte et forcée.
De 1989 à aujourd’hui, on peut apprécier comment les dirigeants français, à partir d’un compromis obtenu par la lutte, ont réduit les droits du peuple kanak à se taire et subir le joug de l’homme blanc occidental, fier de sa civilisation.
Les accords de Matignon ont été obtenus, suite à la mobilisation des kanaks. Une mobilisation qui a été traitée violemment par la France : massacre des « 10 de Tiendanite » du 5 octobre 1984, assassinat d’Eloi Machoro du 12 janvier 1985, le massacre de la grotte d’Ouvéa le 5 mai 1988 (en pleine campagne électorale présidentielle française) etc… Rappelons-le : tous ces crimes ont été commis par un gouvernement français de gauche. La plupart des meurtriers et des responsables de ces crimes n’ont été poursuivis, à fortiori condamnés, par la justice française.
Au lendemain du massacre d’Ouvéa, Rocard, premier ministre français, pose les bases d’une négociation avec le FNLKS. Les kanak ont peu de choix. Ils sont un plus de 100000 âmes face à un monstre monstrueux de plus de 50 millions d’habitants. Que la puissance coloniale accepte après près de 130 ans de discuter avec eux est un succès en soi. Y ont aussi aidé deux lobbys dont il ne faut pas sous-estimer l’importance : l’église protestante réformée de France et la franc-maçonnerie. On en trouve dans les deux camps et Rocard en est des deux.
L’accord de Matignon est un compromis qu’accepte le FNLKS au prix de discussions internes très intenses (Tjibaou y perdra la vie le 4 mai 1989 à Ouvéa). Il recèle un principe essentiel pour les kanaks, leur reconnaissance comme peuple premier et colonisé. En contrepartie, le FNLKS accepte le principe que les colons, les caldoches, aient leur mot à dire sur l’avenir de ce qu’ils appellent la Nouvelle Calédonie.
Une des spécificités de la colonisation française en Kanaky est qu’elle est une colonisation de peuplement ayant fait que le peuple d’origine, les kanaks, est devenu minoritaire sur son propre territoire (ce ne fut jamais le cas en Algérie où les pieds noirs n’ont jamais atteint plus de 10% de la population). Les accords de Matignon consacrent le droit de ces colons à participer à l’avenir du territoire.
Il y avait donc un fondamental équilibre dans les accords de Matignon qu’on va aussi retrouver, un peu affadi, dans les accords de Nouméa de 1998, sous le gouvernement de Lionel Jospin (lui aussi protestant et semble-t-il franc-maçon). C’est cet équilibre que Macron et son homme de main Lecornu ont remis en cause
En effet, avec Macron, l’équilibre va voler en éclat pour finalement nier le droit du peuple kanak et le réduire au simple droit d’être écouté.
Déjà, institutionnellement, il est remarquable qu’alors depuis 1989, c’est le premier ministre français qui gérait la question calédonienne, Macron va déposséder Matignon, suite au départ d’E. Philippe, puis céder le contentieux à un de ses boys, le dénommé Lecornu, un jeune bon blanc occidental aveugle aux droits des autres et dont l’arrogance se dispute à la prétention de tout régenter.
Deuxièmement, un glissement sémantique a eu lieu au fil du temps. Alors que l’état français était censé être neutre et objectif entre caldoches et kanaks, sous Macron, il deviendra actif pour le maintien du « caillou » (terme colonial soulignant le mépris parisien pour la terre des Kanaks) sous le drapeau français. Même dans la sémantique, on peut apprécier d’une part que les caldoches sont appelés « loyalistes » (donc par nature de bonnes personnes puisque loyales) et les kanaks « séparatistes » (donc mauvaises et non reconnaissante de la bonté française) et d’autre part avant et après les consultations, le chef de l’état français se félicite et se réjouit du vote pro-français.
Autre aspect nouveau, Macron qui se considère comme un grand de ce monde faisant de la géopolitique, a posé la question néocalédonienne dans un cadre international à savoir le combat contre l’influence chinoise dans le Pacifique. Non seulement la France a la prétention de vouloir être une puissance dans cette région du monde (voir les fameuses ventes de sous-marins avec l’Australie) mais il veut faire peur en laissant penser que l’indépendance entraine une mise sous coupe de Pékin (alors qu’en l’état le FNLKS réclame une indépendance association). Depuis deux ans, le chef d’état français ne manque de mettre en avant ce risque chinois, dans un contexte de guerre fraoide.
A cela se rajoute la peur bleue de Paris et des caldoches à la suite du second référendum qui vit une montée du vote indépendantiste. Macron et ses soutiens caldoches craignirent que le nouveau référendum puisse être favorable au oui. D’où une polémique sur le principe sa tenue, pourtant prévue par les accords de Nouméa. Puis, une nouvelle polémique sur la fixation de la date du référendum, les kanaks voulant déconnecter ce 3ème référendum de la campagne présidentielle française, ce que Edouard Philippe avait admis mais que le couple Macron/Lecornu ont remis en cause.
L’inquiétude caldo-française grandit quand le groupe charnière des mélanésiens refusa de jouer leur rôle traditionnel de suivisme des colons et s’allia aux élus du FNLKS au Congrès faisant ainsi pour la première fois un kanak devenir président.
La réplique de Paris fut une tentative visant à diviser les Kanaks entre le FNLKS et l’Union Calédonienne. Manœuvre qui réussit partiellement lors des dernières rencontres de Paris pour statuer sur la date du 3ème référendum.
Enfin, la pandémie a été une occasion pour un développement d’une intense propagande pro-française en Kanaky. Du style, heureusement que nous sommes là pour vous sauver du coronavirus !
C’est tout cela qui a amené les indépendantistes a soutenir que le 3ème référendum ne pouvait se tenir dans des conditions normales et qu’il en demandait le report.
Macron, Lecornu, les caldoches refusèrent car leur seule obsession est d’en finir avec les accords de Matignon et Nouméa pour les remiser au musée. En finir avec l’autodétermination, en finir avec le peuple kanak, relancer la colonisation de peuplement, ancrer vitam éternam la présence française dans le Pacifique., tel est le programme de Macron mais aussi de Le Pen, Pécresse, Zemmour, Hidalgo, etc….
Ce 3ème référendum a été organisé en violation de l’esprit et de la lettre des accords de Matignon et de Nouméa. L’équilibre de ces accords visant à respecter les droits, mêmes antagoniques, des deux composantes vivant sur le territoire, a été violé par le gouvernement français. Ce n’est pas la première fois que la France manque à la parole donnée quand en face se trouvent des peuples dominés.
La « Nouvelle Calédonie restera française ». C’est le rêve de Macron et de cette France Impériale qui ne veut pas mourir.
Il reste que la réalité reprendra rapidement le dessus.
Tant sur le plan international où il sera difficile de prétendre que 43,90% d’électeurs peuvent imposer leur loi à la majorité.
Tant sur le plan de la Kanaky où nul doute que le peuple kanak va continuer à se battre, quitte à perdre à nouveau de ses filles et fils dans ce combat.
Le droit à l’indépendance du peuple kanak reste humainement et juridiquement fondé. Nous devons être solidaire plus que jamais.
Restent deux leçons :
La première est que nous avons une claire démonstration que la France ne décolonise que sous la pression. Elle ne respecte ni le droit des peuples, ni la démocratie quand ses intérêts vitaux sont en jeu. Ne le dites pas à nos politiciens martiniquais. Ils ne jurent que par Paris.
La seconde : le droit à l’autodétermination des peuples se porte mal sur une planète où l’Occident domine : Palestine, Kurdistan, Catalogne, Puerto Rico, Sahara Occidental, Casamance, ect Et, Nous, nous.
Raphaël CONSTANT
Avocat et Militant
Votre arabophobie et vos changements incessants de pseudos pour pouvoir poster vos commentaires s Lire la suite
Je suis frappée par le peu d'enthousiasme que manifestent les media martiniquais (en général, si Lire la suite
Cette situation n'est absolument pas étonnante :au delà de cet exemple pris en France, il ne faut Lire la suite
En deux occasions, j'ai eu un sentiment ressemblant, mais heureusement de façon fugace. Lire la suite
..tu fais ce genre de confusion :même un mauvais élève de sixième ne confondrait pas Non-Blancs e Lire la suite
Commentaires
44% n'est pas négligeable
Oeil
12/12/2021 - 17:10
Un détail : L’intervention dans la grotte d’Ouvéa (pour libérer des otages) est intervenue en 1988. Non pas sous un gouvernement de gauche mais de droite : celui de Jacques Chirac, à la fin de la 1ère cohabitation.
Par ailleurs, le taux de participation au dernier referendum en Nouvelle-Calédonie (44%) n'est certes pas très important mais il n'est pas négligeable pour autant. A titre de comparaison, c'est le même taux de participation qu'au 2nd tour des dernières élections à la CTM. Qui plus est, les 44% de voix pour la CTM s'étant réparties entre 4 listes, la liste gagnante n'a eu le suffrage que de 16% des inscrits. Or personne ne conteste.
Quelle indépendance ?
Oeil
13/12/2021 - 18:06
En matière d'indépendance, faut-il parler de l'indépendance du peuple canaque ou de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie ?