Etre indépendant ne signifie pas être ennemi de la France

   Sainte-Lucie, devenue indépendante en 1979, n'est aucunement l'ennemie de son ancien colonisateur, l'Angleterre.

   Elle n'est pas non plus celle de la France, qui l'avait colonisée autrefois (d'où l'existence du créole saint-lucien très proche du créole martiniquais) comme le prouve la photo illustrant cet article sur laquelle on voit le ministre français de l'Intérieur et des Outremer, Gérald Darmanin, déposant la semaine dernière une gerbe au monument aux morts de Castries. A ses côtés se trouve le ministre saint-lucien des Affaires étrangères, Alva Baptiste, et derrière eux, assez loin, le Président de l'exécutif de la CTM, Serge Letchimy. 

   Cette photo illustre la situation pitoyable des Martiniquais et en fait, celle de tous nos élus (es) (conseillers territoriaux, députés et sénateurs). Quand les indépendantistes étaient au pouvoir au Conseil Régional, puis à la CTM, ils recevaient les ministres français exactement de la même manière que les autonomistes actuels.

 

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   Pouvaient-ils, autonomistes et indépendantistes, peuvent-ils aujourd'hui faire autrement ? NON ! Et pourquoi ? Parce que les notions d'autonomie et d'indépendance ont toujours été mal expliquées aux Martiniquais. Ou plutôt, par électoralisme viscéral, nos politiciens autonomistes et indépendantistes n'ont jamais voulu dire la vérité à nos concitoyens : à savoir que le mouvement général du monde, la logique de l'Histoire, si l'on préfère, conduit forcément les peuples soit à dessérer les liens avec leurs métropoles (autonomie) soit à les rompre (indépendance). Aucun peuple n'y échappe ! Et cela n'a rien à voir avec une quelconque question raciale : les Corses sont des Blancs comme les Français et pourtant ils élisent régulièrement des autonomistes et des indépendantistes à la tête de leur collectivité locale lesquels, contrairement à leur alter ego martiniquais, savent faire passer l'intérêt supérieur de leur île avant celui de tel ou tel parti politique et avant l'ego démesuré de tel ou tel leader. 

   Résultat : la France a bel et bien été contrainte de reconnaitre le droit à la terre des Corses. Il n'y aura plus de riches Hexagonaux qui pourront acheter à tours de bras des propriétés dans l'île de Beauté ni d'affaire Pinto. Du reste, les mouvements clandestins corses faisaient déjà régulièrement exploser les belles villas que ceux-ci y construisaient. 

   Nos politiciens martiniquais autonomistes et indépendantistes n'ont jamais eu le courage d'expliquer aux Martiniquais que la dignité à un prix. Qu'on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et l'arrière-train de la fermière. Que, s'agissant des autonomistes, il est mensonger de parler de "maintien de tous les avantages acquis" et complètement illusoire de s'imaginer que nous bénéficierons de l'aide franco-européenne ad vitam aeternam. Que, s'agissant des indépendantistes, on ne peut pas se complaire dans des postures révolutionnaires quand on n'a pas de programme concret d'indépendance et qu'on n'a jamais cherché à savoir comment les iles anglophones qui nous entourent se débrouillent pour payer chaque fin de mois leurs infirmières, policiers, enseignants, médecins hospitaliers, pompiers, postiers, personnels administratifs, douaniers, consuls et autres ambassadeurs. 

   Un président de collectivité ultramarine n'a pas ce genre de soucis qu'il soit autonomiste ou indépendantiste. C'est pourquoi il se tient, timidement, à dix pas derrière un ministre français et un ministre saint-lucien. 

   Quant aux indépendantistes hors système qui refusent les élections, ils se mettent le doigt dans l'oeil quand ils s'imaginent que les impérialistes américains accepteront un deuxième Cuba dans cette Caraïbe qu'ils considèrent comme leur Méditerranée. Il n'y a qu'à voir ce qu'ils font subir au Venezuela qui dispose pourtant des plus importantes réserves de pétrole de la planète : un blocus féroce qui a déjà poussé 7 millions de Vénézuéliens à fuir leur pays. "Si loin de Dieu, si près des Etats-Unis !", se lamentait déjà un président mexicain au 19è siècle.

   Dans tous les cas de figure, il nous faut être réalistes. Soit nous acceptons notre statut franco-européen et à ce moment-là, nous cessons nos délires anti-Blancs et noiristes. Soit nous nous engageons résolument à moyen terme vers l'autonomie, la vraie autonomie, celle dont il faudra payer le prix, et à long terme, vers l'indépendance dont il faudra aussi payer le prix. Les grands patrons et propriétaires fonciers barbadiens ne reçoivent pas de subventions européennes, les fonctionnaires barbadiens ne touchent pas 40% de sursalaire et les prolétaires barbadiens ne reçoivent pas de RSA.

   On ne peut pas vouloir le beurre, l'argent du beurre et le...

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    Albè

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