Festival "Ecritures des Amériques" : un vibrant hommage à Maryse Condé

   L'écrivaine guadeloupéenne a été la marraine de l'édition de cette année, la 23è du nom, et c'est à la Kaz a Condé, à Pointe-à-Pitre, non loin de la Place de la victoire et de la rue où elle est née, qu'un vibrant hommage lui a été rendu le 02 décembre dans la matinée.

   La directrice du festival, Marie Huyghes-Despointes, a ouvert la manifestation en rappelant que le festival était issu d'une rencontre improbable entre son époux, Amédée, et l'auteur de Ségou. Rencontre fructueuse qui permit de lever certaines barrières de part et d'autre, impulsant notamment ce festival littéraire qui n'a été interrompu qu'une seule fois, cela à l'époque du covid. Puis, le journaliste littéraire et écrivain Nicolas Bonnefoy lut le chapitre consacré à Maryse Condé par Frédéric Beigbeder dans son dernier livre, le Dictionnaire amoureux des écrivains français d'aujourd'hui, ouvrage consacré uniquement à des auteurs vivants. 

   C'est à deux personnes qu'incomba ensuite la tâche d'évoquer la personne et l'oeuvre de Maryse Condé : l'universitaire afro-américaine Kaiama L. Glover et le Martiniquais Raphaël Confiant. La première, aujourd'hui professeur à l'Université de Columbia, raconta comment, alors jeune doctorante, elle décida de suivre un séminaire de doctorat que dispensait Maryse Condé dans cette même université où cette dernière était professeur. Cela devait changer la vie de K. Glover qui, déclara-t-elle, avait un certain nombre d'idées convenues sur les notions de race, de genre etc..., toutes choses que la perspective condéenne en vint à bouleverser. Exigeante tout en étant proche de ses étudiants (es), M. Condé forma ainsi des générations de jeunes chercheurs dont certains, comme K. Glover, ont repris son flambeau.

   Raphaël Confiant, pour sa part, évoqua plutôt la personnalité de Maryse Condé et les rapports qu'il avait entretenu avec elle, rapport, précisa-t-il, d'abord empreint d'une certaine méfiance née du fait que les écrivains martiniquais les plus reconnus sont des hommes (Césaire, Zobel, Fanon, Glissant, Placoly, Chamoiseau etc.) alors qu'en Guadeloupe, ce sont les femmes qui tiennent le haut du pavé (Morand, Lacascade, Schwarz-Bart, Condé, Manicom, Pineau etc.) sauf pour la littérature en créole où les hommes prédominent (Rupaire, Poullet, Benzo, Rippon, Rutil etc.). Mais méfiance vite dissipée quand R. Confiant se rendit compte de l'attitude presque maternelle à son endroit. L'auteur martiniquais mit l'accent sur la générosité et l'ouverture d'esprit de M. Condé en qui il voit une "écrivaine transocéanique" car ses oeuvres naviguent entre les Antilles, l'Afrique, la France et les Etats-Unis.

   Puis, ce fut au tour de la fille de Maryse Condé, Sylvie, de prendre la parole pour évoquer sa mère aujourd'hui très malade au point qu'elle a dû dicter ses deux derniers romans. Outre le lien filial entre les deux femmes, il y avait cette profonde admiration de la fille à la fois pour l'oeuvre littéraire de sa mère mais aussi pour le courage dont cette dernière a fait preuve face aux différentes péripéties qu'elle a traversées et qui sont évoquées dans La vie sans fard. Le public, attentif et nombreux, fut enfn amené à poser des questions aux deux intervenants, K. Glover et R. Confiant, la manifestation s'achevant par une visite de la Kaz a Condé, à l'étage du bâtiment, lieu où l'oeuvre de la romancière est mise en valeur à travers des expositions et des conférences lesquelles ont déjà commencé puisque pas moins de 15 établissements scolaires en ont déjà bénéficié.

   La mémoire de Maryse Condé est une mémoire vive. Le Festival "ECRITURES DES AMERIQUES" s'est efforcé, en sa 23è édition, d'en être l'un des flambeaux. Cela grâce à Marie Hughes-Despointes et à sa formidable équipe de bénévoles...

 

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