Voici le genre de question que ne se posent ni nos grands économistes ni nos éminents politiciens martiniquais ni évidemment nos grangrek ? Même pas ceux qui prétendent se battre pour l'accession à la "souveraineté nationale". Il est vrai que la plupart de ces derniers ont toujours eu l'oeil rivé sur Cuba laquelle est pourtant plus vaste que la plupart des états européens.
Plus vaste que la Belgique. Plus vaste que le Danemark. Que l'Autriche. Que la Suisse. Que le Portugal. Que la République Tchèque. Que l'Eire. Que la Slovaquie. Que le Luxembourg. Que l'Islande etc...etc...
Pas très malin donc quand on est un "micro-pays" comme la Martinique de se comparer à Cuba et de s'imaginer pourvoir suivre le même chemin qu'elle ! Plus logique serait de regarder comment les "micro-états" se débrouillent, comment ils s'y prennent pour vivre dans un monde où personne ne fait de cadeau à personne et où les "méga-états" comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie ou l'Inde cherchent à imposer leur propre version de la mondialisation.
Or, autour de la Martinique, il y a foison de micro-états. Appelés "Petites Antilles" en langage géographique.
Comment font-ils pour exister sans Mère-patrie ni Papa Blanc ? Est-ce qu'on y crève de faim ? Est-ce que leurs habitants fuient comme des "boat-people" pour tenter de gagner le Mexique, puis, en traversant le Rio Grande, le "paradis" américain ? Déjà, on constate une première chose : parmi les hordes de migrants massés au pied du Mur construit par Donald Trump (et dont Joe Biden continue la construction), on trouve des Salvadoriens, des Honduriens, des Panaméens, des Nicaraguayens, des Guatémaltèques, des Haïtiens, des Cubains, des Vénézuéliens et même des gens venus du Moyen-Orient et d'Afrique noire, mais personne d'Antigue, St-Kitts, la Dominique, Sainte-Lucie, Grenade, Saint-Vincent ou Barbade. Sinon à l'heure des chaînes de télé en continu et de l'Internet, ça se saurait...
Comment est-ce possible ? Car quand on risque sa vie en mer, c'est parce qu'on crève dans son pays, pas parce qu'on a envie de voir l'Empire State Biulding ou de se promener sur les Champs-Elysées. D'où une première conclusion : dans les "micro-états", on n'assiste à aucun sauve-qui-peut. Il en va de même dans l'Océan indien où les Seychellois et les Mauriciens ne se précipitent pas en Afrique du Sud, pourtant deuxième puissance économique du continent africain. Et même en Europe : les Maltais ne se précipitent pas non plus en Italie, en France ou en Allemagne.
L'argument de l'exiguïté de la Martinique, longtemps utilisé pour tourner en dérision l'idée d'indépendance, est donc nulle et non avenue.
Mais plus concrètement, il semble approprié d'examiner le PIB par habitant de ces micro-états. On n'aura pas la cruauté de le comparer à celui des pays des Grandes Antilles : Cuba (8.298 dollars), Haïti (1.829 dollars), St-Domingue (7.306 dollars) ou Jamaïque (5.183 dollars). Puerto-Rico, état associé aux USA, étant un cas à part. Aucun de ces pays n'atteint la barre des 10.000 dollars. Or, comparons avec les micro-états des Petites Antilles : Antigue (12.599 dollars), St-Kitts (18.082 dollars), La Dominique (7.653 dollars), Sainte-Lucie (9.414 dollars), Grenade (10.834 dollars), Saint-Vincent (8.666 dollars), Barbade (17.225 dollars).
C'est clair, au niveau du PIB par habitant, les Petites Antilles font nettement mieux que les Grandes Antilles.
Venons-en après ce long détour à notre question posée dans le titre de cet article : les Martiniquais pourraient-ils accepter un PIB par habitant de 17.225 dollars. Pourquoi ce dernier chiffre ? Parce que c'est celui de la Barbade. Celui qui se rapproche le plus, certes d'assez loin, de notre formidable PIB par habitant martiniquais qui non seulement est de 24.267 dollars mais, selon l'INSEE, est le plus élevé de tout l'Outremer français. La Martinique dépasse donc Barbade de 7042 dollars.
Mais en fait, est-ce si considérable ?
C'est qu'il faut examiner le niveau des prix entre les deux pays. Pas besoin d'avoir un doctorat d'économie pour se rendre compte d'une chose : les prix des produits de première nécessité sont nettement plus élevés en Martinique qu'à Barbade mais les prix des produits qui ne sont pas de première nécessité sont nettement plus bas en Martinique qu'à Barbade. Traduction : un instituteur barbadien ne roule pas dans un 4/4 à 50 ou 60.000 dollars ; un médecin, un avocat, un pharmacien, un notaire etc... barbadiens ne possèdent pas d'appartement à Londres, à Miami ou à New-York ; un grand chef d'entreprise barbadien ne possède pas de sociétés à Saint-Domingue, en Côte d'Ivoire, au Maroc ou en Nouvelle-Calédonie comme certains capitalistes martiniquais.
Les Barbadiens (hormis la fraction pauvre de la population) se satisfont d'un PIB de 17.225 dollars. D'ailleurs, question pauvreté, malgré nos 24.267 dollars de PIB, 30% de la population martiniquaise vit en-dessous du seuil de pauvreté ! Pas de quoi bomber le torse quand, contrairement à Barbade, on a un Papa Blanc qui est derrière nous et qui ne rate jamais une occasion de nous le rappeler. Parfois de la plus grossière des manières comme ce ministre qui a récemment déclaré qu'avant de songer à l'autonomie, nous devrions produire ce que nous mangeons !!!
En clair, le problème de la Martinique et des Martiniquais est d'une simplicité biblique : ils refusent la baisse du niveau de vie de la petite bourgeoisie (exemple de l'instituteur donné plus haut), de la moyenne bourgeoisie (professions libérales) et de la grande bourgeoisie (chefs d'entreprise). Or, le peuple, lui, n'aurait rien à perdre. Il n'y a pas de "boat-people" antiguais, grenadien ou barbadien. On ne voit pas pourquoi il y aurait des "boat-people" martiniquais en cas d'indépendance.
Au fond, ça arrange la France que nos indépendantistes ou souverainistes martiniquais soient obnubilés soit par Cuba soit par le panafricanisme et son délire "kémite".
Elle ne craint qu'une chose, cette France, qu'émerge un beau jour un mouvement indépendantiste non-marxiste, non-d'extrême-gauche non-noiriste. Un indépendantiste barbadien, seychellois ou mauricien....
Il y a une quatrième raison plus puissante que les trois précédentes réunies. Lire la suite
A quand la continuité territoriale entre Grand-Rivière et Ste Anne ?
Lire la suiteMalgré la rage qui me ronge de voir mon île dévastée par des étrangers venus d'ailleurs qui sont Lire la suite
...cette précision, cela n'a rien à voir avec le fond de l'article. Me semble-t-il...
Lire la suite"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
Lire la suite
Commentaires
Ah bon ?
Albè
06/02/2023 - 10:17
Depuis quand un Martiniquais sait ce qu'est un PIB ??? Tout ce qu'il connait ce sont ls 40% (accordés aux fonctionnaires), le RSA (accordées aux pauvres), les subventions européennes (aux gros békés) etc...
Liste incomplète ......
Rose
06/02/2023 - 13:31
Sans compter les grosses dotations qui alimentent les budgets 1) de la CTM (près de 40% ,sauf erreur... 2) des communes 3) des communautés de communes ....,sans compter les précieuses dotations ponctuelles pour tel ou tel projet!!!!Et je ne compte même pas les rallonges ,efforts et autres "coup-de-pouce" .Je suis toujours èstébékwé et émerveillé de leur culot quand j'entends tel ou tel responsable mquais déclarer froidement que tel projet s'est fait grâce à "notre argent " ou grâce à "l'argent des Mquais "....
PIB ou pas PIB
MONTHIEUX Yves-Léopold
06/02/2023 - 18:35
A la question posée, les Martiniquais pourraient parfaitement ne pas avoir de choix. Il peut être présomptueux de croire que nous tenons tous les bouts de notre avenir.
CE N'EST PAS UNE RAISON POUR QUE...
Albè
06/02/2023 - 19:09
...le Ministre de l'intérieur s'autorise à nous cracher au visage, cher Y-L. Monthieux ! Le pays des grands-parents de ce type n'a été colonisé que pendant à peine un siècle et demi (1830-1962) et il se permet de nous donner des leçons à nous qui entrons dans notre 4è siècle de colonisation ? Et nous acceptons ça ? Fanon avait raison : "En Martinique, il y a plus de pantalons que d'hommes".
Questions
MONTHIEUX Yves-Léopold
07/02/2023 - 06:21
Mon cher Albè, on dirait que chacun fait sa confession en citant le mot de Fanon. Que font ceux qui prétendent ne pas être que des pantalons ? Et que vous connaissez mieux que moi, sans doute ? Quand prennent-ils la direction de la révolte ? Tu parles ! En pantoufles et toujours dans l'affect, que des "pleurnicheurs", comme dit l'auteur : "le mépris, le mépris !". Sans voir que nous donnons nous-mêmes des motifs de nous mépriser.
PRENDRE LA DIRECTION DE LA REVOLTE ???
Albè
09/02/2023 - 13:38
Il ne me semble pas, cher Y-L., que l'article, à moins que je ne connaisse pas bien la langue française, n'invoque à aucun moment une "révolte" contre la France. Il rejette à la fois le marxisme et le panafricanisme et en appelle à une indépendance de type barbadien ou mauricien. Autrement dit sans haine de l'ancien colonisateur, sans coups de feu, sans incendies ni révoltes. C'est ce que j'ai cru comprendre dans la conclusion de cet article. Je partage cette idée et vais même plus loin : tant qu'une fraction du groupe béké ne sera pas favorable à l'indépendance (de type barbadien, par exemple), jamais la Martinique n'accédera à l'indépendance. Conclusion : le noirisme est un frein à l'indépendance et un allié objectif du colonialisme français. L'adjectif "objectif" résumant et explicitant bien les choses.
REVELATIONS
MONTHIEUX Yves-Léopold
09/02/2023 - 17:08
On apprend des choses avec Albè. Donc vous êtes un indépendantiste de droite. Pour certains, je le savais ; pour d'autres, j'en ai la conviction ; pour d'autres encore, je subodore. Pour le premier d'entre vous, je me suis toujours interrogé. Pour vous, je ne l'avais pas vu venir et pourtant, vous n'êtes pas incohérent. Vous répondez à mon interrogation sur votre modèle et vous m'aidez à bien comprendre son refus du drapeau aux couleurs africaines. Je croyais que ce refus spectaculaire pouvait être dû à un "caprice de dictateur". Voilà donc une prouesse supplémentaire de votre champion : être, de DROITE, le dirigeant incontesté des indépendantistes de GAUCHE. Il est bon de rappeler que Maurice et Barbade sont dirigées sur le modèle démocratique anglo-saxon, comme la Dominique ou Ste Lucie (que les indépendantistes de droite ne citent jamais en exemple, je me demande pourquoi). Les Latins ont surtout enfanté des caudillos, l'exemple français étant Haïti.
LATINS
Albè
10/02/2023 - 07:07
Grave accusation, terrible accusation de votre part contre ceux que vous appelez "les Latins" (je croyais qu'ils avaient disparu depuis dix-huit siècles mais sans doute ai-je été un mauvais élève au lycée). Donc, écrivez-vous, les Latins et donc les Français dont vous faites partie à part entière, je présume, n'enfantent que "des caudillos". Autrement dit des dictateurs en bon français de France. Merci de l'info car j'étais persuadé que Senghor (plus nègre gréco-latin que lui, y'a pas !) était un démocrate. Enfin démocrate genre Sarko-Darmanin. Modibo Keita du Mali, Félix Houphouet-Boigny etc... étaient des dictateurs ? Du tout pas !