Martinique : 311 ans (1635-1950) de salaires impayés

     Aimé Césaire avait raison quand il se disait défavorable à l'idée de verser des "réparations" aux descendants d'esclaves que nous sommes, nous Martiniquais. La douleur n'a pas de prix, argumentait-il...  

    Ce serait même, à notre sens, une insulte faite à nos ancêtres que de monnayer leurs souffrances. Que les Israéliens aient exigé et obtenu des dédommagements financiers (à hauteur de 3 milliards de deutsche marks) de la part de l'Allemagne après la deuxième guerre mondiale, ça les regarde. Nous, nous n'avons pas besoin d'euros ou de dollars pour compenser les captures en Afrique, la traversée à fond de cale des bateaux négriers, la vente des esclavagisés sur les marchés aux Antilles, les coups de fouet, les mises au cachot, les amputations pour les esclaves récalcitrants et les assassinats. 

    Ces horreurs n'ont pas de prix !

    Par contre, ce qui a un prix, c'est le TRAVAIL effectué gratuitement par nos ancêtres entre 1635 et 1848, puis quasi-gratuitement par eux de 1848 à 1950. Soit pendant 311 ans ! Cela est mesurable à partir des livres de comptes des "habitations" (plantations de canne à sucre), des livres de bord des navires chargés du transport des denrées coloniales et des registres des ports négriers tels que Nantes, La Rochelle, Bordeaux etc... Il suffirait qu'un comité composé d'une dizaine d'historiens, d'économistes et d'experts-comptables se mettent au travail (les archives ne manquent pas) pour que l'on sache COMBIEN LA FRANCE NOUS DOIT POUR CES 311 ANS DE TRAVAIL IMPAYE. 

   Répétons-le : les souffrances innommables subies par nos ancêtres ne sont pas monnayables.

   Par contre, le travail impayé accompli par eux durant trois siècles au service de colons devenus Békés et la contribution dudit travail à l'enrichissement de la France, ça oui, c'est calculable. Qu'on ne vienne pas nous raconter d'histoires ! Lorsqu'en 1825, le Roi de France Charles X finit par accepter de reconnaître l'indépendance d'Haïti, il exigea le remboursement d'une dette de 150 millions de franc-or (soit 240 milliards de dollars d'aujourd'hui) pour la perte par les colons français des plantations sucrières et caféières. Dette qu'Haïti remboursa rubis sur l'ongle pendant tout le 19è siècle et la première moitié du 20è. 

   Donc le calcul est parfaitement faisable...

   Car que la Martinique soit devenue dépendante de la France depuis 1950 et donc depuis 73 ans, d'accord ! Mais qu'en est-il des 311 années précédentes ? Evidemment, trop lâches et arrivistes, nos politiciens martiniquais n'exigeront aucun remboursement pour tout ce travail impayé, permettant ainsi à un ministre français de nous cracher à la gueule comme il l'a fait il y a quelques jours. 

   On nous crache au visage et nous nous taisons.

   MARTINIQUE = HONTE...

Commentaires

Réparations possibles

Rose

03/02/2023 - 13:43

Pas la peine de s'engager dans des débats interminables compliqués. Il est parfaitement abject que les gros Békés continuent en 2023, à s'enrichir inconsidérément (subventions européennes etc...) en cultivant des terres arrosées du sang et de la sueur de nos malheureux ancêtres. La communauté mqse tout entière ,tous partis ,associations ,forces responsables confondus doit exiger que ces grandes propriétés bananières soient restituées à l'ensemble du peuple mqs via la CTM par exemple. Pas besoin d'être "gauchiste" ni de se perdre dans des démarches juridiques qui prendront un siècle pour exiger cette restitution d'évidence.

Que faire aujourd'hui ?

OuiNon

03/02/2023 - 21:48

Pour faire vite :
Dans le système esclavagiste, l'employeur (le maître) achète le travailleur (l'esclave) qu'il contraint à travailler gratuitement. L'esclave est assimilé à une machine (bien meuble) dont on ne paie pas le travail mais qu'il a fallu acheter.
Dans le système du salariat, l'employeur (le patron) loue la force de travail du travailleur (le salarié) qui travaille librement pour le prix convenu de la location (le salaire).

Pour faire vite toujours, l'abolition marque le passage d'un système à l'autre. L'abolition aux Etats-Unis est exemplaire : il s'agissait moins de libérer les esclaves (qui seront ségrégués) que de remplacer un système de production par une autre. Ce qui fut fait au prix d'un combat effroyable, essentiellement entre Blancs : le Nord contre le Sud, lors de la Guerre de Sécession (620.000 morts !)

En Martinique, grosso modo, l'abolition fut une opération "blanche" pour les anciens maîtres. Ils conservèrent le bénéfice de leurs activités antérieures et furent indemnisés pour les moyens de production (les esclaves) dont on les dépossédait. Ce qui leur permit de moderniser leurs exploitations par la mise en oeuvre de vraies machines, et de payer les nouveaux salariés.

En revanche, si les anciens esclaves obtinrent la liberté (et la citoyenneté), on ne leur accorda pas de compensation pour le travail gratuit qu'ils avaient dû fournir, pas plus qu'on ne les aida à bâtir l'avenir : nulle réforme agraire (ce que Rose évoque) et concurrence des Indiens sur les salaires.

A l'évidence, la "réparation" pour les esclaves n'a pas été réglée. Que faire aujourd'hui ? Quand il n'y a plus d'esclaves depuis 175 ans et que les situations ont évolué ? Je n'en sais rien !

QUE FAIRE AUJOURD'HUI ?

Albè

04/02/2023 - 09:14

Arrête de jouer au petit écolier perdu devant un problème d'arithmétique, OuiNon ! Arrête d'embrouiller les gens ! Tu écris qu'il n'y a plus d'esclaves depuis 175 ans et que la situation a évolué. Que c'est joliment dit ! Pff !... Or, comme l'écrit l'article, il a fait comment le Roi Charles 10 pour évaluer les pertes des colons de St-Domingue et imposer une soi-disant dette de 150 millions de franc-or à Haïti ? En plus, en Martinique, non contents d'avoir bénéficié du travail gratuit des esclaves pendant 2 siècles, les Békés les ont exploités pendant encore un siècle avec des salaires de misère jusqu'à la départementalisation. Et même après (cf. grève de février 74) ! Tout ça alors même que les Békés avaient été indemnisés par l'Etat pour la perte de leurs nègres esclaves. DONC TOUT EST CLAIR COMME DE L'EAU DE ROCHE ! Et OuiNon, au final, en plus d'être un bouffon, tu es un enculé qui passe son temps à essayer d'embrouiller les gens.

Que propose Albè ?

OuiNon

04/02/2023 - 10:28

Dans sa réponse, Albè ne dit pas autre chose que moi. Il rappelle que les anciens maîtres ont été indemnisés pour la perte de leurs esclaves, comme je le fait. Il rappelle que les ex-esclaves, devenus salariés, ont eu de bas salaires, ce que j'évoque avec la concurrence organisée des travailleurs indiens. Je conclus que la "réparation" pour les esclaves n'a pas été réglée, ce qui est aussi l'opinion d'Albè.
Mais Albè ne supporte pas que je m'exprime. Alors, quand il n'a pas d'arguments à m'opposer, il m'insulte : je suis un bouffon, je suis payé pour écrire, je suis un enculé.
Toutefois, il y a bien un point de divergence. Je m'interroge sur ce qu'il est possible de faire 175 après l'esclavage, alors que les situations ont évolué, non seulement en Martinique mais aussi en France et dans le monde entier. Tandis qu'Albè estime que TOUT EST CLAIR COMME DE L'EAU DE ROCHE, en majuscules. Albè semble donc avoir une idée précise de ce qu'il est possible de faire.
Pourtant, je ne vois pas qu'il explicite cette idée. Mais il parle d'un "problème d'arithmétique" et insiste sur l'indemnisation des colons de Saint-Domingue voulue par Charles X pour la perte de leurs esclaves. Albè veut-il faire comprendre en cela qu'on peut chiffrer le travail fourni gratuitement par les esclaves ? Assurément, une estimation est possible.
Supposons donc que cette estimation soit disponible. Que propose Albè ?

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