META culotte, FACEBOOK nous déshabille

Patrick Chesneau

   Beaucoup, ces temps-ci, se démènent (en tout cas le croient-ils ) pour crier leur indignation en constatant la volonté de Facebook de fouiller dans la vie dite privée de ses internautes, d'en faire commerce et d'en tirer profit...

   Pour ma part, aucune objection au voyeurisme décomplexé de META, la maison mère. Le réseau aux trois milliards d'humanoïdes abonnés me sert de rampe de lancement pour conquérir le monde. En créant mon compte Facebook, j'ai accepté de devenir célèbre. La gloire ne me dérange pas. Au contraire. J'ai de grandes ambitions. Autant que ça se sache tous azimuts. Que mon aura soit planétaire ne me fait pas peur. 

   En fait, Facebook le sait et va me donner un sérieux coup de pouce. En étant un utilisateur des produits et services META, je sais que je deviens une star numérique. D'ailleurs j'ordonne aux algorithmes de mon réseau asocial préféré d'utiliser à fond la caisse mes photos et toutes mes données personnelles. Que Facebook mette en scène ma vie privée et fasse de moi un personnage mythique ! Je suis plus que volontaire... très très enthousiaste à l'idée qu'on analyse mes goûts, mes tendances, mes inclinaisons, mes penchants. Qu'on scrute mes actes les plus anodins, qu'on place en exergue mes gestes les plus banals. Qu'on lise et qu'on étudie mes posts, mes textes, mes chroniques. Qu'on dépiaute ma pensée. Qu'on fasse de moi un centre de gravité. Une sorte de commandement tellurique qui façonne les évolutions du genre terrien. Et donc,  qu'on étudie ma personnalité restée trop longtemps discrète. C'était avant internet.

  Depuis l'avènement de l'ère électronique, ma nouvelle notoriété transcontinentale me propulse dans des cercles très prisés de gens normalement inatteignables. Ma cosmogonie s'agrandit en mode exponentiel. Mes messages, reels et stories comme il est dit en anglais sont des pépites. Je n'ai rien signé avec META et je n'appose ni mon index ni mon auriculaire. Je ne mets pas en avant les doigts de l'homme pour empêcher l'utilisation de mon CV et de mon profil. Surtout pas. Je fuis l'intimité. Je me mets en avant. Je suis volontiers impudique, infatué, égotiste, narcissique. De surcroît, extraverti. Ce qui coïncide avec l'appétit insatiable de Facebook en nouvelles monnayables dans un univers de teasing en constante expansion. Partant de l'axiome qu'un homme extraverti en vaut dix. Je tiens à exposer tout ce que je dis puisqu'il est évident que le trait de génie n'est jamais loin. Les légendes se bâtissent ainsi. 

   Je veux être un personnage de valeur ajoutée. De ce fait, j'exige que Facebook se serve sans retenue dans le stock de mes infos confidentielles. Tout ça contribue à m'ériger en exemple pour l'humanité toute entière....

 

  Patrick Chesneau

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