« Pathologisation » [n.] : Fait de rendre pathologique.
« Pathologique » [adj.] : 1. Relatif à la pathologie, considéré sous l’angle de la pathologie. 2. Relatif à la maladie, qui est dû à une maladie. 3. Qui concerne des troubles, des dérèglements d’ordre psychique, qui s’écarte de la normalité. 4. Qui concerne les troubles, les états maladifs ou morbides liés à des phénomènes de société » (Ortolang, Centre national de ressources textuelles et lexicales du CNRS/Université de Nancy, France.)
Quelles sont aujourd’hui, en Haïti, les caractéristiques de certaines instances discursives du débat d’idées ? Contribuent-elles à la réflexion sur l’édification d’un État de droit au pays ? Sont-elles documentées et rassembleuses, sont-elles parfois habitées par les « interdits de parole » hérités principalement de la dictature duvaliériste et singulièrement formatées de nos jours par quelques « experts consultants » au service du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste ? La présente « Tribune » examine, à partir de sa mise en contexte, quelques idées-force contenues dans un récent texte du sociologue Louis Naud Pierre, chercheur associé à la Chaire de recherche du Canada en politiques étrangère et de défense canadiennes de l’Université du Québec à Montréal et coordonnateur du Réseau d’études sur Haïti (RES-HA à TI), Laboratoire d’analyse des problèmes sociaux et de l’action collective, (LAPSAC), Université Bordeaux 2. Le texte de Louis Naud Pierre, daté du 8 août 2022, a pour titre « Mise au point concernant les attaques de Robert Berrouët-Oriol à l’occasion de la publication de l’article de Louis Naud Pierre intitulé « Haïti, perspectives de sortie de crise durable » (lire le « DOSSIER LOUIS NAUD PIERRE / PHTK - Un universitaire au service du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti / Les pièces au dossier »).
Violemment réprimé durant la dictature des Duvalier, le débat d’idées sur des sujets de société et sur différentes tribunes a une longue tradition en Haïti. Il a été nourri, au fil des ans, par les interventions citoyennes de plusieurs intellectuels de premier plan. Ainsi en est-il du débat public entre Jacques Roumain et le clergé catholique durant les années 1940. Pour rappel : « En 1942, le clergé catholique lance en Haïti une violente campagne contre le vodou. Avec l’appui du gouvernement d’Élie Lescot, des temples vodou ont été pillés et saccagés dans tout le pays. Indigné et révolté par l’agressivité de cette campagne antisuperstitieuse, Jacques Roumain publie entre le 11 et le 18 mars [1942] trois articles dans les colonnes du Nouvelliste dans lesquels il dénonce les dérives du clergé. Dans ces textes repris plus tard sous le titre « À propos de la campagne antisuperstitieuse », l’écrivain ne fait pas que condamner l’attitude de l’Église, il expose ses réflexions sur le vodou qu’il considère conforme aux conditions de vie de l’Haïtien. Mais « il faut naturellement débarrasser la masse haïtienne de ses entraves mystiques » selon Jacques Roumain. Et ceci doit être réalisé par l’éducation car « si l’on veut changer la mentalité religieuse archaïque de notre paysan, il faut l’éduquer. Et on ne peut l’éduquer sans transformer, en même temps, sa condition matérielle. » (Guy Férolus : « Jacques Roumain, le vodou et la campagne anti-superstitueuse », Haïti inter, 18 février 2022). Le livre de référence de Léon-François Hoffmann, « Jacques Roumain / Oeuvres complètes » (Madrid : ALLCA XX, Collection Archivos, 2003), rassemble les articles « Sur les superstitions » parus dans Le Nouvelliste les 11, 13 et 18 mars 1942, ainsi que la fameuse série « Réplique au Révérend Père Foisset », Le Nouvelliste, 30 et 31 mars, 10, 11, 21 et 24 avril 1942, suivie de « Réplique finale au R. p. Foisset », Le Nouvelliste, 25, 27 et 29 juin et 2, 6, 10, 13, 30 et 31 juillet 1942. Les idées progressistes de Jacques Roumain ont été publiquement combattues par le clergé catholique lié à l’élite haïtienne de l’époque : « diabolisé », entre autres, dans les écrits et les sermons du prêtre spiritain de nationalité française Joseph Foisset, l’auteur de « Gouverneurs de la rosée » fut stigmatisé au nom de la lutte contre le « communisme athée » (voir le livre du sociologue Lewis Ampidu Clorméus, « Le vodou, le prêtre et l’ethnologue - Retour sur la polémique Joseph Foisset / Jacques Roumain (Haïti, 1942) », Hémisphères Éditions, janvier 2021).
L’histoire des idées en Haïti a également retenu la persistance d’une constante : elle consiste, chez les « intellectuels de service » liés au pouvoir politique, à instituer la néantisation de l’esprit critique par le détournement délictueux du débat d’idées et par le recours à la « diabolisation » des idées et de la personne qui s’exprime au périmètre d’un discours critique. La néantisation de l’esprit critique se manifeste par la stigmatisation du sujet parlant afin d’oblitérer sa pensée et de l’assigner à l’enfermement asilaire virtuel ou de fait. Lapidaire et sans appel, le verdict des « intellectuels de service » liés au pouvoir politique tient la plupart du temps en trois mots : « nèg sa a fou », ce terme appartenant à la même aire sémantique stigmatisante que « tèt li pa dwat », « tèt li cho », « li dejwe », « li fou lan tout tèt li ». La « diabolisation » de la pensée critique et de la personne porteuse de cette pensée sont donc un appel explicite à l’enfermement carcéral qui, davantage que le déni de la parole de l’Autre, renvoie à l’extinction programmée de toute parole dissidente et critique. Le détournement délictueux du débat d’idées qu’effectue Louis Naud Pierre s’apparie à l’obligation de l’assignation asilaire car toute personne osant s’exprimer à l’aune d’une pensée critique devient –à l’instar de Robert Berrouët-Oriol--, « Un excellent cas pour des études criminologiques et psychanalytiques » selon le sociologue du PHTK. Réduite par le procédé de la stigmatisation à un « cas », à un « objet d’étude », la pensée critique citoyenne est ainsi pervertie, néantisée et plus commodément mise sous cloche et dénuée de sa fonction analytique.
L’Histoire contemporaine d’Haïti en porte encore les stigmates : l’installation dans l’imaginaire collectif haïtien, par la dictature duvaliériste, des termes « kamoken » et « kominis » a été une vaste et mortifère opération de « diabolisation » de toute forme de pensée critique citoyenne, et ce procédé de « diabolisation » a servi à légitimer et à donner une architecture particulière, aujourd’hui amplement documentée, à la dictature de François Duvalier. L’Histoire a ainsi enregistré ce qui singularise la dictature duvaliériste, qui a traumatisé la population haïtienne en instituant à grande échelle les persécutions politiques, les viols, les vols, les arrestations arbitraires et détention au secret, le recours systématique à la torture, les exécutions extrajudiciaires en privé ou en public, les déportations, les assassinats politiques et les enlèvements. La « diabolisation » de toute forme de pensée critique citoyenne durant la dictature des Duvalier a laissé de profondes traces dans le corps social haïtien, et ces traces sont de l’ordre du « trauma historique » comme en témoigne la littérature haïtienne contemporaine (sur les notions de « trauma », de « traumatisme historique » et de « traumatisme individuel », voir entre autres « Du trauma historique », par Sabina Loriga, revue « Politika », 2022, et « Trauma et évènement traumatique », par Mounir Samy, ACSM, 13 janvier 2011).
En 2002, Rafael Lucas (enseignant-chercheur, Université de Bordeaux III) a publié dans la Revue de littérature comparée une minutieuse étude sous le titre « L’esthétique de la dégradation dans la littérature haïtienne ». Interrogeant en amont « Le discours des titres », il met en lumière comment plusieurs œuvres littéraires du siècle passé –habitées par la « diabolisation » et par le « trauma historique » duvaliérien--, charrient « les thèmes de la démence ou de la possession », de « l’éparpillement » et [de] la « dépossession », [du] « désarroi » comme de « l’amertume ». Rafael Lucas note avec à-propos qu’« Une autre thématique importante est l’interrogation de la mémoire par le biais d’une enquête onirique : « Mémoire en colin-maillard » (1976) d’Anthony Phelps, « Cathédrale du mois d’août » (1979) de Pierre Clitandre, « Mémoire d’une amnésique » (1984) de Jan Dominique, « Le Songe d’une photo d’enfance » (1993) de Louis-Philippe Dalembert, « La Mémoire ensanglantée » (1994) de Stanley Péan, « Breath, eyes and Memory : Le cri de l’oiseau rouge » (1994) d’Edwige Danticat ». Ces œuvres sont précédées du monumental « Amour, colère, folie » (1968) de Marie Vieux-Chauvet, tandis que l’interpellation du « trauma historique » duvaliérien se donne à lire de manière plus prégnante dans « Saisons sauvages » de Kettly Mars paru en France en 2010, et dans « La petite chambre » de Raymond Miot publié à Montréal en 2015. Il est du reste symptomatique que Félix Morisseau-Leroy ait choisi de nommer son œuvre « Ravinodyab - La ravine au diable / Contes haïtiens » parue en 1982 chez L’Harmattan…
Sur le chemin d’une meilleure intellection de la « pathologisation » du débat d’idées en Haïti, il reste à explorer une future « Histoire de la folie » en Haïti, une « Anthropologie de la diabolisation » dans un pays qualifié de « terre de démence » par certains critiques trop empressés : dans l’Haïti des Duvalier et du cartel politico-mafieux du PHTK où la pensée critique est frappée d’interdit, les « moun fou », les « dyab », les « comploteurs » se côtoient et sont convoqués à la rescousse de l’argumentaire dont a besoin la mécanique autoritaire et totalitaire du pouvoir politique pour se perpétuer. Sur le registre de la prégnance de la folie dans le corps social haïtien, il est utile de rappeler, comme le précise Hanétha Vété-Congolo, que « Le Livre d’Emma » (2001) de Marie-Célie Agnant et « À l’angle des rues parallèles » (2003) de Gary Victor affichent clairement la folie comme thématique privilégiée » (cf. « Lorsque la folie seule fait taire le silence » / « Le Livre d’Emma » et « À l’angle des rues parallèles », par Hanétha Vété-Congolo, paru en 2011 dans « Écrits d'Haïti » - Perspectives sur la littérature haïtienne contemporaine (1986-2006) », sous la direction de Nadève Ménard, Éditions Karthala, 2011). L’approche anthropologique de la « diabolisation » et de la « pathologisation » du débat d’idées en Haïti devra être solidement étayée car elle permettra de mieux appréhender le recours à la stigmatisation de la pensée critique, par Louis Naud Pierre et consorts, au cœur du discours néo-duvaliériste en Haïti. Une telle démarche pourrait bénéficier de l’éclairage de Guy Férolus, auteur de « Haïti et la folie de Dieu / Misère de la religion, religion de la misère » paru aux Éditions Parallèles, à Paris, en 2012 ; voir en particulier le chapitre III, « Diabolisation de la société ».
Dans les milieux universitaires et ailleurs en Haïti, il est de notoriété publique que Louis Naud Pierre est une figure intellectuelle de premier plan du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste au pouvoir en Haïti depuis onze ans. Louis Naud Pierre ne cache d’ailleurs pas son affiliation idéologique et politique au PHTK néo-duvaliériste, et il faudra à l’avenir établir, documents à l’appui, si cette affiliation contrevient aux règles éthiques et déontologiques des institutions universitaires canadiennes et françaises avec lesquelles il collabore… À l’instar des « intellectuels » qui se sont mis au service de la dictature de François Duvalier --les frères Paul et Jules Blanchet, l’autoproclamé « historien » Rony Gilot, laudateur de la dictature duvaliériste, l’idéologue noiriste-raciste René Piquion, Gérard Daumec, Clovis Désinor, le proto-nazi Gérard de Catalogne, admirateur de Pétain et de Maurras et responsable éditorial des « Œuvres essentielles » de François Duvalier--, Louis Naud Pierre joue un rôle essentiel dans le dispositif narratif, idéologique et politique du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste. Il y a lieu de garder en mémoire, pour bien situer les fondements idéologiques et politiques de son texte du 8 août 2022 --« Mise au point concernant les attaques de Robert Berrouët-Oriol à l’occasion de la publication de l’article de Louis Naud Pierre intitulé « Haïti, perspectives de sortie de crise durable »--, que celui-ci est le principal rédacteur de la nouvelle « Constitution » de janvier 2021 que le PHTK a voulu, en vain, faire adopter par un référendum illégal, annoncé, mais qui n’a pas été tenu en raison de la forte opposition de l’ensemble de la société civile haïtienne, de plusieurs juristes et constitutionnalistes haïtiens et de la Fédération des Barreaux d’Haïti.
Il est utile de rappeler le positionnement d’allure « neutre » et « objective » affiché par l’universitaire Louis Naud Pierre dans un article daté de 2006, à l’époque où il n’avait pas encore fait allégeance au futur cartel politico-mafieux du PHTK. Analysant les ressorts de la violence en Haïti, il exposait que « Sur le plan politique, les crimes émanent souvent de la répression brutale des opinions et des actions hostiles. Ainsi, sous les Duvalier, ces crimes sont le prolongement de la violence dont le but est double. Il s’agit, d’une part, de sanctionner les auteurs d’actes séditieux et, d’autre part, de « terroriser la population, afin de dissuader tout opposant éventuel ». Ce procédé est une constante de l’histoire d’Haïti, dans la mesure où quasiment tous les gouvernements y recourent pour « déjouer et réprimer les nombreuses conspirations » auxquelles ils doivent inlassablement faire face ». L’intensité de cette violence criminelle est en relation avec celle de luttes de pouvoir entre les diverses factions de l’oligarchie, qui ne parviennent pas à réaliser un accord de fond sur les règles constitutionnelles régissant le jeu politique » (Louis Naud Pierre, « L’assassinat de Ginoue Mondésir / Une brève réflexion sur la violence dans la société haïtienne », AlterPresse, 30 décembre 2006).
Tout en conservant des liens avec des institutions universitaires canadiennes et françaises auxquelles il est lié, la pensée et les choix politiques de Louis Naud Pierre ont « évolué » vers une vision plus « utilitaire » et se sont précisés depuis la parution de cet article en 2006. Pour bien comprendre la « migration par intérêt » effectuée par un certain nombre d’intellectuels et d’universitaires haïtiens de François Duvalier à nos jours, il ne faut pas perdre de vue que leur accès direct au centre du pouvoir d’État rime avec la mobilité sociale ascendante (le tant convoité « ascenseur social ») et ses privilèges de classe sociale donnant droit à la « rente financière d’État », liée à la corruption systémique et au clientélisme, qui caractérise le mode de gouvernance d’Haïti et qui est un lourd héritage de la dictature duvaliériste (voir la série de quatre articles de Leslie Péan, « Haiti : Gouvernance occulte, gouvernance inculte, gouvernance superficielle », AlterPresse, juin 2014). Désormais « en service commandé » et dûment mandaté par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste au pouvoir ces onze dernières années et auquel il a choisi de se lier, Louis Naud Pierre intervient régulièrement dans la presse haïtienne. En témoignent les articles suivants :
Les diverses interventions de Louis Naud Pierre, sur différentes tribunes et notamment dans les médias, visent donc à légitimer le pouvoir inconstitutionnel et autocratique du PHTK néo-duvaliériste en lui apportant la « notoriété » de son savoir universitaire ainsi que la « couverture » honorable de certaines universités québécoises et françaises. Pour y parvenir, le sociologue s’est mué en « expert politologue » et en « expert constitutionnaliste » : nommé par le décret présidentiel du 28 octobre 2020, il siège depuis lors au « Comité consultatif indépendant » qui comprend l’ancien président Boniface Alexandre, le général retraité Hérard Abraham, Mona Jean et Jean Emmanuel Eloi. Ce « Comité consultatif indépendant » a rédigé la « Constitution » de janvier 2021 que le PHTK a voulu, en vain, faire adopter par un référendum illégal, annoncé, mais qui n’a pas été tenu en raison principalement de la forte opposition de la société civile, de la Fédération des Barreaux d’Haïti, des juristes, etc. Louis Naud Pierre, caution intellectuelle et « missionné » dans cette scabreuse aventure, a été le principal rédacteur de la « Constitution » de janvier 2021 dont l’une des caractéristiques est le retour à un hyper-présidentialisme d’inspiration duvaliériste couplé à l’affaiblissement ciblé des institutions républicaines. « Missionné » par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste pour obtenir le vote par référendum de cette « Constitution », Louis Naud Pierre a vigoureusement mené campagne dans la presse (voir l’article « Louis Naud Pierre défend bec et ongles l’avant-projet de constitution », Le Nouvelliste, Port-au-Prince, 27 avril 2021) : une victoire à ce référendum illégal et inconstitutionnel aurait conféré une « légitimité » politique au PHTK et puissamment contribué à la fabrique du « consentement » politique dans le corps social haïtien.
La lecture attentive du « DOSSIER LOUIS NAUD PIERRE / PHTK - Un universitaire au service du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti », daté du 12 août 2022 et consigné sur le site www.berrouet-oriol.com, éclaire un premier constat factuel. Du 4 août 2022 à aujourd’hui, je n’ai rédigé aucun texte analytique en réponse à l’article de Louis Naud Pierre daté du 3 août 2022. À la date du 4 août 2022, j’ai rédigé un court courriel de 617 mots comprenant de brèves indications factuelles, pour inviter mes correspondants à lire l’article publié la veille par Louis Naud Pierre dans Le Nouvelliste. En réponse à ce court courriel, Louis Naud Pierre a acheminé à un nombre indéterminé de correspondants un virulent réquisitoire daté du 8 août 2022, long de 1 346 mots, et qui a pour titre « Mise au point concernant les attaques de Robert Berrouët-Oriol à l’occasion de la publication de l’article intitulé « Haïti, perspectives de sortie de crise durable ». En dépit du ton serein dénué de tout excès de langage et de l’allure factuelle de mon court courriel, Louis Naud Pierre y voit des « attaques » mortifères de grande envergure car, écrit-il, « La violence extrême de Monsieur Berrouët-Oriol est pathologique » (…) « révélant l’emprise d’une frustration refoulée »… En dépit du ton serein et de l’allure factuelle de mon court courriel, Louis Naud Pierre expose en toute impunité que « Les propos du Message [du courriel du 4 août 2022] sont empreints d’agressivité, de rancœur, d’amertume, de désir de vengeance. Ils indiquent la prise de contrôle de Monsieur Berrouët-Oriol par une frustration refoulée »… Ainsi donc, dès l’ouverture de son propos, le dispositif de la « pathologisation » du débat d’idées est mis en place par Louis Naud Pierre, l’« expert constitutionnaliste » du cartel politico-mafieux du PHTK. La fabrique du « consentement » politique à la stratégie de conservation du pouvoir d’État et du maintien de la « rente financière d’État » dont bénéficient les intellectuels et les « missionnaires » du PHTK passe donc par la « pathologisation » du débat d’idées et, comme autrefois durant la dictature des Duvalier, par la « diabolisation » de toute parole citoyenne critique. Louis Naud Pierre s’y emploie en empruntant en toute impunité le procédé du « lamayòt » par l’instrumentalisation de son article d’allure universitaire mais qui s’avère trompeur quoique truffé de références, vernis de « culture psychanalytique » oblige, à Mélanie Klein, à la Bible, à André Corten –des références aussi abstruses qu’inappropriées.
Le virulent réquisitoire de Louis Naud Pierre –consigné dans sa « Mise au point concernant les attaques de Robert Berrouët-Oriol à l’occasion de la publication de l’article de Louis Naud Pierre intitulé « Haïti, perspectives de sortie de crise durable » du 8 août 2022--, vise en réalité à instituer la fabrique du « consentement » politique dans le corps social haïtien et à rassurer le Core Group. Il s’agit, pour le principal rédacteur de la comateuse et illégale « Constitution » de 2021, de légitimer un pouvoir politique illégal, inconstitutionnel et corrompu ayant à sa tête un « commis d’office » de l’International, Ariel Henry, qui détient frauduleusement la réalité des pouvoirs du Président, du Parlement et de la Primature. Le virulent réquisitoire de Louis Naud Pierre vise à configurer et à assurer la reproduction du pouvoir exécutif aujourd’hui détenu par le PHTK néo-duvaliériste en dehors de toute légitimité électorale, dans la négation des prescrits constitutionnels, en dehors du contrôle du Parlement réduit à peau de chagrin et dans le contexte où les institutions de l’État ont été démantibulées. C’est là, manifestement, l’objectif central de son article intitulé « Haïti, perspectives de sortie de crise durable » paru en Haïti le 3 août 2022 dans Le Nouvelliste. Dans l’optique de la fabrique du « consentement » politique pour lequel il a été « missionné » par le PHTK, le virulent réquisitoire de Louis Naud Pierre intitulé « Mise au point concernant les attaques de Robert Berrouët-Oriol à l’occasion de la publication de l’article de Louis Naud Pierre intitulé « Haïti, perspectives de sortie de crise durable » vise à donner une allure et surtout l’indispensable onction « académique » à la vision qu’il véhicule explicitement dans son article « Haïti, perspectives de sortie de crise durable » (Le Nouvelliste, 3 août 2022), texte dans lequel l’auteur s’emploie à anesthésier le regard analytique-critique sur l’actuelle conjoncture en Haïti en évacuant la réalité du démantèlement de l’État de droit par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste ainsi que les ressorts de la criminalisation du pouvoir d’État sous la houlette des caïds du PHTK.
Depuis que le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste a accédé au pouvoir en Haïti, il y a onze ans, au moyen d’élections frauduleuses téléguidées par le Core Group, Louis Naud Pierre n’a fourni aucun instrument analytique permettant de comprendre l’action prédatrice des véritables acteurs politiques en lutte pour la conservation/reproduction du pouvoir politique et pour le maintien de la « rente financière d’État ». Sur ce registre de l’étalement de sa pensée, il faut prendre toute la mesure qu’aucun texte, aucune étude « académique » de Louis Naud Pierre n’a porté sur le rôle central du PHTK néo-duvaliériste dans le démembrement systématique des institutions républicaines en Haïti, sur la « rente financière d’État », sur le détournement massif de l’aide internationale, sur le népotisme et la corruption généralisée, sur l’insécurité et la migration sauve-qui-peut de milliers de jeunes, de chômeurs, de persécutés politiques, etc. La pensée « analytique » de Louis Naud Pierre, alors même qu’elle revêt la parure de la « neutralité » du discours scientifique truffé de références, s’arrête aux portes de la parole critique à laquelle il oppose un regard volontairement anesthésiant, désincarné et qui déresponsabilise les véritables acteurs et bénéficiaires de la tragédie programmée qui a cours en Haïti sous la houlette du PHTK néo-duvaliériste. Louis Naud Pierre expose, face à la pensée critique, un argumentaire fallacieux et trompeur qui fait appel à la « pathologisation » du débat d’idées pour mieux l’anesthésier et accréditer la stratégie du « consentement » politique dont a besoin le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste pour se perpétuer et se maintenir au pouvoir. Cela explique la virulence de son propos qui prétend, en vain, « proposer une approche qui permet de sortir du simplisme intellectuel démagogique dont fait preuve Monsieur Berrouët-Oriol » dans un court courriel qui ne comprend que 617 mots. Vouloir faire croire que Robert Berrouët-Oriol, dans un court courriel de 617 mots dont ce n’était pas l’objet, aurait procédé à l’exégèse de l’article « Haïti, perspectives de sortie de crise durable » relève de l’affabulation la plus racoleuse. Ainsi, dans mon court courriel de 617 mots qui n’est ni un article de fond ni une exégèse de son texte du 3 août 2022, Louis Naud Pierre a imaginé, sans exemples illustratifs à l’appui, des « trouvailles » sorties tout droit de son chapeau de prestidigitateur PHTKiste : « Les personnes attaquées par Monsieur Berrouët-Oriol ont le même profil : elles ont toutes, à un moment donné, accédé à la reconnaissance du système en tant qu’intellectuels ou experts. » (…) « Les indices laissés dans le Message laissent deviner que la faute des personnes en cause est d’avoir réalisé des désirs que Monsieur Berrouët-Oriol paraît lui-même caresser : être reconnu en tant qu’intellectuel ou expert. Ces personnes sont alors pour lui source de souffrance et de mal-être. Elles deviennent à ses yeux des « mauvais intellectuels ou experts », sur lesquels il projette sa colère et sa haine : ceci, jusqu’à les assassiner symboliquement. »
En l’espèce, dans son texte du 8 août 2022 intitulé « Mise au point concernant les attaques de Robert Berrouët-Oriol à l’occasion de la publication de l’article de Louis Naud Pierre intitulé « Haïti, perspectives de sortie de crise durable », l’imposture chez Louis Naud Pierre sert à masquer, à occulter, à banaliser la posture, très précisément son ralliement à visière levée au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste ainsi que les « missions » qui en découlent, entre autres la « mission » consistant à évacuer le rôle des caïds du PHTK dans la dilapidation des fonds du programme Petrocaribe, le démembrement des institutions républicaines et la criminalisation accélérée du pouvoir d’État qui est la marque de fabrique du PHTK. D’où l’urgence pour lui de procéder à la « pathologisation » du débat d’idées en Haïti par l’enfermement et la néantisation de l’esprit critique dont rend également compte le registre lexical choisi par Louis Naud Pierre dans son texte du 8 août 2022 : « diabolisation », « rancœur », « calomnie », « défoulement », « envie frustrée », « amertume », « désir de vengeance », « attaque », « reconnaissance », « souffrance », « mal-être », « colère », « haine », « victimes », « vulnérabilité », « tueur en série », « assassiner symboliquement ». Il sera éclairant, dans un proche avenir, d’effectuer une étude comparative, en miroir, du champ lexical dominant à l’œuvre dans le texte du 8 août 2022 de Louis Naud Pierre et celui contenu dans une œuvre marquante de l’idéologue doctrinaire du duvaliérisme, René Piquion, auteur de « Masques et portraits / Réponse à une lettre du Dr. Jean-Price Mars sur la "question sociale et politique" en Haïti » (Presses nationales d'Haïti, 1967).
Le texte du 8 août 2022 de Louis Naud Pierre –sa « Mise au point concernant les attaques de Robert Berrouët-Oriol à l’occasion de la publication de l’article de Louis Naud Pierre intitulé « Haïti, perspectives de sortie de crise durable »--, mérite d’être lu avec la meilleure attention. Il interpelle le questionnement de l’enfermement et de la réclusion de la parole citoyenne critique, il interpelle les rapports entre les savoirs et le pouvoir : en clair il commande une réflexion sur le rôle de l’intellectuel dans le dispositif narratif, idéologique et politique des véritables détenteurs du pouvoir politique aujourd’hui en Haïti. (Sur la problématique des intellectuels et du pouvoir, voir entre autres « Les intellectuels et le pouvoir / Entretien entre Michel Foucault et Gilles Deleuze », L’Arc, n° 49, Aix-en-Provence, mai 1972 ; voir aussi « La guerre des idées », Le Monde diplomatique, hors-série « Manière de voir » no 104, avril-mai 2009 ; « Les intellectuels et le pouvoir / Déclinaisons et mutations », sous la direction de François Hourmant et Arnauld Leclerc, Presses universitaires de Rennes, coll. « Essais », 2012 ; « Des intellectuels et du pouvoir », par Edward W. Said, Seuil - essais, 1996 ; « Les intellectuels et la crise de la démocratie » par Emile Chabal, paru dans Pouvoirs 2017/2, n° 161.) L’Histoire retiendra l’ample parenté intellectuelle et idéologique qui existe entre Louis Naud Pierre et les « intellectuels » qui autrefois se sont mis au service de la dictature duvaliériste : les frères Paul et Jules Blanchet, l’autoproclamé « historien » Rony Gilot (laudateur de la dictature duvaliériste), l’idéologue raciste René Piquion (porte-étendard du noirisme et des « authentiques »), Gérard Daumec (le préfacier en 1967 du « Guide des « Œuvres essentielles » du docteur François Duvalier »), le proto-nazi Gérard de Catalogne (admirateur de Pétain et de Maurras et responsable éditorial des « Œuvres essentielles » de François Duvalier), et Clovis Désinor. Sous d’autres cieux et dans un contexte différent, le fascisme hitlérien a eu ses « grands commis de la pensée », ses philosophes, ses sociologues, ses scientifiques et même ses… théologiens : Alfred Baeumler, Martin Heidegger, Rudolf Jung, Alfred Rosenberg, Eugen Fischer, Hans F. K. Günther, Josef Mengele, etc.
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