VERS DE DURS LENDEMAINS !

L’extrême droite est à la veille de gouverner le pays France et nous semblons désarmés face à l’évènement. Est ce la sidération ou le sentiment de notre incapacité à l’empêcher qui explique cela ?

Il faut dire que depuis plusieurs années et mois la montée de la peste brune était de plus en plus évidente que ce soit en France ou en Europe occidentale. La post fasciste MELONI a pu devenir première ministre de l’Italie (quatrième puissance de l’UE) sans que cela ne déclenche un quelconque émoi à Bruxelles ou dans les autres capitales européennes. Il est loin le temps ou Paris et Bonn plaçaient à l’isolement l’Autriche pour avoir un gouvernement à participation d’extrême droite.

Macron a été élu contre l’extrême droite mais l’histoire retiendra qu’il a mené une politique visant à la crédibiliser. N’oublions que sur deux projets de loi emblématiques de ces derniers mois, l’immigration et le dégel du corps électoral néo-calédonien, ont été votés par les députés du RN. Pendant la campagne des européennes, Macron et Attal n’ont cessé de présenter le RN comme leur principal opposant, le premier ministre n’hésitant pas à faire un face à face avec la tête de liste du RN en excluant les autres forces politiques.

En dissolvant en catastrophe, Macron semble avoir pensé pouvoir réunir autour de lui un bloc dit modéré venant de droite et de gauche. Il n’a pas compris que son impopularité était telle que même ses plus grands soutiens ne veulent plus se réclamer de lui. Il n’avait pas prévu qu’en quatre jours, la gauche puisse s’unir autour d’un programme, ce qui reste remarquable en dépit des questions qui se posent et de la campagne anti-Mélenchon au sein de son propre camp. Bref, le bloc central semble devoir fondre comme neige au soleil.

La campagne de dénonciation des deux extrêmes mises sur le même plan comme la diabolisation de Mélenchon sont en train de dresser un boulevard pour le parti de Mrine Le Pen.

La pratique politique gouvernementale de l’extrême droite au pouvoir dans différents pays européens a aussi montré que leur politique économique était quasiment la même que celle prônée par la commission européenne à Bruxelles, à savoir : libérale jusqu’au bout des ongles. L’actuel détricotage du programme du RN par Bardella pour le rendre présentable va dans le sens de cette politique libérale classique. Même le patronat français s’est dit moins inquiet des mesures du Parti de Marine Le Pen que celui de la gauche du Front Populaire. Ainsi, en cas de victoire du RN, nous aurons une politique économique aussi dure pour les pauvres qu’aujourd’hui. Attendre le progrès social de l’extrême droite est une folie.

En revanche, et les autres expériences le démontrent amplement, l’arrivée du RN au gouvernement aura un effet catastrophique sur les libertés publiques dans tous ses aspects.

Il reste que là aussi, la pratique de la Macronie depuis 2017 a donné un avant gout de cette dégradation des libertés publiques avec la loi contre le séparatisme, la politique anti-musulmane, la vision restrictive de la laïcité, les violences policières, les poursuites contre les militants politiques et syndicalistes, les interdictions de manifestations, etc...

Mais nul doute que le RN ira plus loin et plus fort. Les immigrés et les musulmans seront stigmatisés. Les violences policières seront couvertes. Ce sera pire et il ne faut pas attendre des tribunaux qu’ils tempèrent cette rage liberticide.

Dans ce cadre G2N2RAL, la politique française dans les dernières possessions françaises va aussi s’en ressentir. Ce n’est pas du RN qu’il faudra attendre la reprise d’un dialogue en Kanaky mais bien la continuité et l’approfondissement de la répression, des tueries par les caldoches et de la dénégation du droit à l’autodétermination. Par des moyens plus radicaux, Bardella va continuer la politique de sabotage des Accords de Nouméa par Macron

Quant aux adeptes de “l’appel de Fort de France” comme Letchimy, ils pourront continuer à quémander mais n’obtiendront pas plus de nouvelles compétences avec l’extrême droite qu’avec l’ami Darmanin.  

L’extrême droite a toujours été porteur d’un discours colonial classique sous-tendu par un racisme inavoué.

Le pire est donc à venir.

Même dans l’hypothèse d’une chambre sans majorité et de la constitution d’un gouvernement “centriste”, aucune illusion n’est à espérer de ce coté là. Les supposés “centristes” ou “modérés” allant de la droite à la Macronie en passant par des socialistes sont toujours dans la fuite en avant vis à vis des idées de l’extrême droite. Comme le premier ministre Attal qui depuis 6 mois n’a cessé de dire aux Français, non pas que les idées du RN étaient fausses et dangereuses, qu’il pouvait faire aussi bien qu’eux dans la lutte contre l’immigration, l’asile politique, la violences des mineurs, etc....

Pour éviter toute autres désillusion, il ne faut se faire aucune illusion sur l’appareil d’état français. Comme en 1939, la grande masse des fonctionnaires français suivra la politique gouvernementale même d’extrême droite. Les Bouvier, Taron et autres hauts-fonctionnaires français en Martinique pourront, sans trop à se faire violence, continuer et approfondir leur pratique politique discriminatoire et répressive.

C’est donc avec un froid réalisme que nous devons nous apprêter à affronter cette nouvelle période.

Les forces patriotiques martiniquaises ont réagi à cette situation comme si elle n’était ni nouvelle, ni dangereuse. Chacun dans sa petite boutique a fait et répéter ce qu’il avait déjà fait.

Il faudra bien finir par s’asseoir et discuter pour réfléchir à l’avenir. A la veille des Quatre cents ans de la colonisation française, nous ne pouvons continuer à nous fourvoyer ou nous contenter de résister.

La défense de notre peuple et notre terre nécessite nécessite de bâtir une alternative défendre notre terre!   

Le 25 juin 2024

Raphaël CONSTANT

Avocat et Militant