Chaque fois que ça pète en Martinique, que des voitures et des poubelles sont incendiées, des magasins vendant des produits de "première nécessité" comme les motos sont dévalisés ou que ça tire à balles réelles sur les policiers, on assiste à un déferlement d'accusations contre les politiques jugés responsables de tout cela.
D'abord, dire "ça pète en Martinique" est déjà exagéré car ces révoltes n'atteignent ni le Lamentin ni le Robert ni le Lorrain ni le Saint-Esprit ni Trinité ni le Gros-Morne ni Saint-Pierre ni le Morne-Rouge etc... mais seulement la "ville-capitale", comme aime à dire le PPM, à savoir Fort-de-France, modestement peuplée de quelques 75.000 habitants sur les 352.000 qui peuplent l'ex-île aux fleurs. Ensuite, ces débordements n'affectent pas les quartiers les plus défavorisés de Fort-de-France comme Volga-Plage, Trénelle ou les Terres-Sainville, mais le plus souvent celui de Sainte-Thérèse traversé par l'avenue Maurice Bishop (là où de jeunes types déguisés en gangstas s'amusent à cabrer leurs motos sur la voie pourtant réservée à notre tramway insulaire, le TCSP, et à parfois bousiller l'existence de passants).
Il y a donc sans doute un abcès de fixation en cet endroit outre le fait que la voie est plus dégagée qu'ailleurs grâce à l'Avenue Maurice Bishop, ce qui permet de pouvoir s'enfuir plus aisément en cas de nécessité.
Abcès de fixation parce que le chômage, la déscolarisation, le trafic de stupéfiants et d'armes etc... ne sont pas plus importants dans ce quartier que dans les autres quartiers défavorisés de la ville-capitale. Surtout le trafic de stupéfiants. Mais ça, c'est le boulot des flics ! Revenons à la question posée dans le titre du présent article : les politiques sont-ils les seuls responsables de la situation actuelle ? Oui, mais... ! Oui mais, parce que ce sont les Martiniquais qui élisent les politiques et cela de deux façons. La première façon est connue de tout le monde et est universelle : en allant déposer un bulletin dans l'urne le jour du vote. Mais la deuxième façon est moins visible : en n'allant pas voter, en s'abstenant. A bien regarder, les abstentionnistes (très nombreux en Martinique) sont tout aussi responsables, sinon plus, que celles et ceux qui font l'effort d'aller voter.
Pourquoi ?
Parce qu'en ne permettant pas l'élection de candidats honnêtes et compétents, ces abstentionnistes favorisent les opportunistes, les incompétents, les corrompus et les je-m'en-foutistes. Donc que cette majorité d'abstentionnistes la ferme au lieu d'inonder les réseaux sociaux de leurs dénonciations des politiques jugés seuls responsables chaque fois qu'une émeute éclate ! Il y a des centaines de pays à travers le monde où le droit de vote n'existe pas, où l'inscription sur les listes électorales est empêchée (y compris pour les Noirs dans le sud des Etats-Unis) ou les élections sont honteusement truquées pour qu'un Martiniquais puisse rester tranquillement chez lui le jour d'une élection.
Les mêmes qui ne votent jamais sont les plus prompts à accuser les politiques de tous les maux. Bouclez-la, tonnerre du sort ! Continuez à organiser vos bwè-manjé, à vous envoyer-monter dans des Bacchanal-Festival, à vous faire tatouer la coucoune (100 euros la séance !), à passer le plus clair de votre temps sur Tik Tok ou Instagram et ça vaudra mieux pour tout le monde.
Sinon, dans toutes les sociétés du monde, ce sont les parents qui sont en premier lieu responsables de l'EDUCATION de leurs enfants, pas l'Etat ou la classe politique. Jusqu'à la fin de l'adolescence, c'est la mère ou le père (ou les deux à la fois) qui ont pour mission d'inculquer à leurs rejetons ce que l'on appelle, d'un mot certes galvaudé, les VALEURS. On dira que cela est beaucoup plus difficile dans un milieu défavorisé que dans un milieu favorisé, ce qui n'est pas contestable, mais cela n'empêche pas des milliers, des dizaines de milliers de travailleurs, de personnes appartenant aux masses populaires, d'éduquer correctement leurs enfants. Si ce n'était pas le cas, il y a longtemps que la Martinique entière serait à feu et à sang.
La Martinique, hormis certains abcès de fixation à Fort-de-France, est un territoire plutôt paisible quand on connaît les énormes difficultés matérielles auxquelles fait face une majorité de la population. Car quand on survit avec le RSA et sans espoir de trouver un boulot, quand 33% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, ce ne sont pas des émeutes épisodiques, toujours au même endroit, qui devraient éclater mais bien une révolte généralisée. Or, tel n'est pas le cas ! Cet apaisement relatif découle de la ténacité, du dévouement, du courage de ces Héros du Quotidien que sont le maçon ou l'agriculteur qui se lèvent chaque matin pour aller travailler, la femme seule qui se prive de tout pour pouvoir élever ses enfants, à l'infirmière et à l'aide-soignant qui se démènent dans des établissements sous-équipés, à ces enseignants du primaire et du secondaire qui doivent lutter au quotidien avec des élèves qui, dès la classe de 6è, possèdent déjà un téléphone portable etc...etc...
Le dommage, le grand dommage, est, hélas, que, sans doute désabusés ou découragés, ces héros du quotidien ne se déplacent pas massivement les jours d'élections pour permettre d'élire les bons candidats, abstention qui, hélas, favorise les moins bons, voire, dans certains cas, les pires.
Si on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite