"J'attends que ce procès me libère", confie la victime avant la comparution pour viol aggravé de l'avocat Alex Ursulet

Ancien ténor du barreau, notamment avocat du tueur en série Guy Georges, Alex Ursulet comparaît à partir de ce lundi devant la cour criminelle de Paris pour le viol d'une jeune femme venue en stage dans son cabinet en 2018.

"Il y a une part de moi qui a l'impression d'être restée bloquée à l'âge que j'avais à ce moment-là", a confié Margaux* dans un entretien accordé à France Inter ce lundi. Le procès de l'avocat Alex Ursulet s'ouvre ce lundi devant la cour criminelle de Paris. Il est accusé d'avoir violé la jeune femme âgée de 25 ans à l'époque, alors qu’elle effectuait un stage au sein de son cabinet parisien en janvier 2018. Alex Ursulet, 68 ans, ancien défenseur du tueur en série Guy Georges et ancien associé de Jacques Vergès, nie les faits.

Margaux accuse Alex Ursulet, son maître de stage, de l'avoir violée à plusieurs reprises dans son cabinet le 30 janvier 2018, au retour d’un déjeuner alcoolisé. Elle dit avoir été tétanisée lors des faits. Dès le lendemain, elle a interrompu son stage et a dénoncé Maître Ursulet auprès de l’école du barreau de Bordeaux où elle était admise. Pendant l’enquête, d’autres stagiaires ou collaboratrices ont témoigné de colères, de violences verbales et de manipulations de la part de l’avocat. Certaines ont dû quitter précipitamment le cabinet ou démissionner. Plusieurs écoles du barreau françaises avaient également placé le cabinet de l'avocat sur une "liste rouge" de stages à déconseiller.

"Je ne me doutais pas que je pourrais être en danger dans un cabinet d'avocat"

"Je ne me doutais pas à l’époque que je pourrais être en danger sur ce terrain-là, dans un cabinet d’avocat. Mon ignorance a fait que je n’ai pas été vigilante", analyse aujourd’hui Margaux, qui a découvert ensuite, à travers le mouvement #MeTooAvocat que c’était "des agissements courants, tus et donc acceptés. C’est pénible et risqué de les dénoncer parce qu’on croit qu’on est seule et responsable de ce qui se produit, mais c’est nécessaire pour toutes les jeunes consœurs qui entrent dans la profession".

Pour Margaux, ce procès devant la cour criminelle de Paris doit lui permettre de reprendre le contrôle de sa vie et entériner "la vérité des éléments [qu'elle] apporte. Aller en justice, c’est remettre son destin à d’autres, donc j’attends que ce procès me libère et me dissocie de mon pire ennemi", a-t-elle ajouté. La jeune femme n’a pu reprendre son activité d’avocate que depuis quelques mois.

Le conseil de l’Ordre de Paris a ouvert une enquête disciplinaire à l’encontre du pénaliste durant l'été 2018. Il a été radié du barreau de Paris le 31 décembre 2019. L'avocat a interjeté appel et peut, en attendant, poursuivre ses activités. Les avocats d'Alex Ursulet n'ont pas souhaité s'exprimer avant l'audience. Leur client risque jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu vendredi ou samedi.

*Prénom d'emprunt

Connexion utilisateur

Commentaires récents