La Chine totalitaire accroit la répression numérisée

Marco Polo

La Chine tient un rôle majeur dans la course aux technologies de surveillance lancée depuis quelques années. Elle  a mis au point un  système implacable de surveillance vidéo de ses citoyens étendue à l’intégralité du territoire y compris dans les zones les plus reculées .Cette surveillance généralisée est intégrée  au” Système de crédit social (SCS)” sévissant sur l'ensemble du territoire . Il se manifeste de plusieurs manières :

Plus de 600 millions de caméras de surveillance ,pour un pays de 1,2 milliard d’habitants  sont installées pour surveiller les faits et gestes de la population ,soit une caméra pour 2 personnes .C’est comme si  180 000 caméras installées partout surveillaient les Martiniquais. Absolument démentiel !!! 400 millions environ ont déjà été installées dans les rues, les gares, les bus, les taxis, etc. La plupart sont des caméras intelligentes, capables de reconnaissance faciale et de modélisation de  chaque visage, certaines pouvant identifier les gens de dos, grâce à leur démarche.

Les cartes de fidélité d’une grande entreprise amie du régime permettent  une analyse fine des déplacements de chacun. L'application indique si le citoyen a voyagé dans telle ou telle zone ou même s'il s'est trouvé à proximité de personnes surveillées par les autorités. Si un QR code orange ou rouge apparait , aller dans certains lieux publics devient interdit. Ce système existe dans 200 villes et concerne donc des centaines de millions de personnes vu la population du pays. ". Des check-points à reconnaissance faciale ont été installés aux entrées des  villes, dans les gares, les hôtels, les commerces, etc.. Elle s’accompagne de la possibilité de géolocaliser immédiatement n’importe qui. Le nombre de commissariats a explosé .Environ  40 000 policiers sont mobilisés à cette surveillance de tous tout le temps.

Ce véritable” totalitarisme digital", se complète  enfin par la mise en  place du  “Système du Crédit Social” à     proprement parler qui  comme son nom ne l’indique pas , n’a absolument rien de “social “au sens où nous l’entendons car il  devrait logiquement s’appeler “Système de Crédit de répression  généralisée”. Cette  pratique fréquente dans les dictatures communistes consiste en effet à utiliser l’exacte  contraire des mots adéquats pour désigner une réalité donnée .Ainsi le rôle répressif de telle ou telle institution est habilement camouflé .

Le "SCS" est un système qui note les habitants et les entreprises selon leur conformisme et leur obéissance au “système ”politico-social. Une espèce de “permis à points “social concernant l’ensemble des comportements. Il prétend lutter contre les incivilités, et maintenir l'ordre dont les contours sont  déterminés par  l’idéologie du Parti et dont on n’a absolument  pas intérêt à dévier. Moins une personne a de points, moins elle a des droits. Les sanctions peuvent être l’interdiction d’accès à de nombreux services administratifs ou l'impossibilité de contracter des crédits bancaires étatiques ou de l’interdiction de voyager à l’étranger. En 2018, près de 17 millions de Chinois n'ont pas eu le droit de prendre l'avion et 5 millions le train à grande vitesse à cause de cet odieux système de répression politico-social. Les moins bien notés sont “mis à l’écart” . Leurs portraits sont affichés sur des écrans géants pour les dénigrer. Dans plusieurs provinces, un message d'alerte retentit lorsqu'on appelle leur téléphone portable. La nature des “comportements inadaptés” peut varier d’une province à l’autre : conduire en état d'ivresse ou traverser au rouge par exemple.Un vrai paradis ,la Chine ... Bien sûr  ,à l’inverse  la délation ,la dénonciation des ennemis du régime et des “mauvais citoyens” fait gagner des points. Les personnes "modèles de moralité" voient leur portrait affiché dans les lieux publics pour bonne conduite .

Les Ouïghours et les autres minorités opprimées sont particulièrement surveillés : ils ne peuvent plus sortir du Xinjiang sans autorisation, sont régulièrement fouillés et leurs téléphones comprennent une application de géolocalisation obligatoire. Les conversations dans la rue peuvent être mises sur écoute . Dans la capitale Urumqi, les numéros des cartes d'identité et un QR code accessible à la police se trouvent à l'entrée des domiciles. L'application liée est connectée aux caméras de surveillance. Elle recense beaucoup de données, (groupe sanguin ,consommation d’électricité , ou corans achetés ) .Des algorithmes analysent toutes ces données pour détecter les suspects ou les récalcitrants.

Les autorités communistes collaborent étroitement avec les grandes entreprises capitalistes chinoises sous contrôle politique, ça ne les gêne absolument pas. Ces dernières participent activement à cette répression; c’est le cas de  SenseTime, spécialiste de la reconnaissance faciale ,de  Hikvision, de Dahua Technology , et  de CETC  qui équipe le ministère chinois de la Sécurité.

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