25 % des diplômés du supérieur natifs de La Réunion ne maîtrisent pas le créole contre 10 % des autres diplômés et des non-diplômés.
INSEE Analyses numéro 70 donne un coup de projecteur sur les pratiques culturelles des Réunionnais. Il rappelle aussi que l’impact d’un système éducatif qui privilégie les francophones. Or, la réalité linguistique réunionnaise doit être prise en compte. Le créole comme langue d’enseignement et l’apprentissage du français en tant que langue étrangère avant son extension progressive dans d’autres matières ne pourront que faire progresser la maîtrise des deux langues. Ce sera aussi un atout pour renforcer la francophonie, « butin de guerre » commun à La Réunion, à ses plus proches voisins, ainsi qu’à des centaines de millions d’Africains.
Voici un extrait de l’étude de l’INSEE « Entre langue créole, musiques des Mascareignes et influence internationale. Enquête Pratiques culturelles à La Réunion en 2019 »
« Si la maîtrise du créole réunionnais est très répandue dans l’ensemble de la population, elle l’est sensiblement moins parmi les plus diplômés : 75 % des natifs de l’île diplômés du supérieur déclarent maîtriser la langue créole, contre plus de 90 % pour ceux disposant d’un niveau de diplôme inférieur ou ceux n’en disposant pas ».
Immigration et acculturation
Ceci découle notamment de l’évolution démographique. Le développement du transport aérien, sa démocratisation et les luttes pour améliorer la situation sociale et sanitaire de la population ont favorisé l’implantation à La Réunion d’une importante population non créolophone, essentiellement des francophones. Leurs enfants nés à La Réunion ont comme langue maternelle celle qui est utilisée pour transmettre les connaissances dans le système éducatif. C’est un avantage.
A cela s’ajoute un autre phénomène connu dans d’autres pays : l’acculturation au profit d’une langue supposée dominante. De jeunes parents créolophones ne parlent qu’en français à leurs enfants, car ils ont été persuadés que le créole est un obstacle à l’apprentissage d’une autre langue. Leurs enfants sont poussés à devenir francophone.
Les créolophones discriminés
En effet, le créole n’est pas une langue d’enseignement à La Réunion. Les classes bilingues se limitent à la maternelle. Ensuite, le volume horaire consacré à la maîtrise du créole est celui des langues européennes autres que le français, ou des langues asiatiques. Le créole est donc traité comme une langue étrangère à l’école dans son propre pays.
L’acquisition des connaissances en mathématiques et dans les autres matières se fait en français, sur la base de programmes écrits dans un pays situé à 10.000 kilomètres de La Réunion. Cela constitue donc une discrimination subie par les Réunionnais dans leur pays, car ils sont très majoritairement créolophones. Dans ces conditions, ce résultat n’est pas étonnant et interroge : combien d’intelligences ne peuvent être mises en valeur à cause de cette discrimination ?
Faciliter la maîtrise du français passe par la reconnaissance du créole
La sortie de crise passe par la reconnaissance du créole comme langue d’enseignement, et l’apprentissage du français comme langue étrangère avant que son usage soit progressivement étendu dans d’autres disciplines. Ainsi, la connaissance du français sera mieux maîtrisée, car les choses seront claires dans la tête des jeunes Réunionnais. Cette maîtrise du français constitue un atout indéniable, compte tenu de l’abondance de la littérature dans cette langue dans toutes les matières.
Et ce sera un gage d’avenir, à condition que la France mette les moyens pour soutenir davantage la francophonie dans notre région.
S’inscrire dans un mouvement mondial
Le français est un « butin de guerre » commun aux Malgaches, aux Mauriciens, aux Seychellois et aux Comoriens. Il nous permet de communiquer plus facilement. Et plus largement, c’est aussi le « butin de guerre » de centaines de millions d’Africains. Par exemple, Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, est la plus grande ville francophone du monde, largement devant Paris désormais.
Mais d’autres acteurs se positionnent fortement. A quelques encablures de l’Ambassade des États-Unis à Madagascar, le Lycée américain flambant neuf a été construit par les USA. Il attire un public qui considère que l’anglais est l’avenir. Il se situe sur un axe stratégique entre la capitale Antananarivo et son aéroport à Ivato. Ceci contraste avec le Lycée français plus difficilement accessible géographiquement, et qui ne véhicule pas la même image.
Aux Seychelles, l’anglais a pris la place du français dans les colonnes du journal Nation. C’est la conséquence d’occasions ratées, comme la formation des enseignants qui a été assurée par des anglophones alors que La Réunion avait son rôle à jouer pour promouvoir la francophonie.
A La Réunion, français et créole ne s’opposent pas mais sont complémentaires. Malheureusement, le système éducatif n’est pas adapté à cette réalité et exclut le créole en tant que langue d’enseignement : combien d’intelligences réunionnaises perdues et jusqu’à quand ?
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