Un livre demeure un beau cadeau, marqué du sceau de la soif de découvrir une autre réalité que la sienne et de danser au son des mots. Petite sélection pour cette fin d’année pour un cadeau inattendu.
L’année littéraire martiniquaise commence et finit, pratiquement par deux livres de Patrick Chamoiseau, plus prolifique que jamais. Il vient de publier "Le vent du nord dans le fougères glacées" son dernier roman, ou plutôt, un "organisme narratif" comme il est écrit en exergue de ce long récit de la vie, de l’oeuvre et de la mort de Boulianno Nérélé Isiklaire, dernier maître conteur, magicien de la parole, qui se tait à jamais le jour où, sans successeur désigné ni concurrent à sa hauteur, notre homme se réfugie dans les bois des hauteurs de Sainte-Marie pour n’en plus redescendre, ni tirer des contes.
Cette déclamation publiée par les Editions du Seuil est une vraie fable créole dont le chroniqueur met en scène un certain Chamoiseau lui-même dans l’histoire. Quelques mois plus tôt, le co-fondateur du mouvement de la créolité avait été inspiré par un autre grand créateur de mots, le poète français de la fin du XIXème siècle, Charles Baudelaire.
Il lui a consacré, chez le même éditeur, Baudelaire Jazz, une "partition pour chaos-opéra" avec pour sous-titre : Méditations poétiques et musicales avec Raphaël Imbert. A la fin de cet objet littéraire de haut vol est imprimé un QR code permettant d’écouter six plages musicales basées sur des textes de Baudelaire.
La culture des livres. • ©Pixabay
Manifestement, ce poète marque nos tenants de la créolité. Juste à la fin de l’année précédente, Raphaël Confiant avait publié La muse ténébreuse de Charles Baudelaire, à mi-chemin de la fiction et de la biographie. Une tentative réussie de réhabiliter une certaine Jeanne Duval, compagne du poète qui lui ouvrira les chemins fleuris avec l’amour et de l’eau fraîche.
Et comme de bien entendu, il ne se passe pas une année sans que Confiant publie au moins un livre. C’est le cas avec son magistral Dictionnaire créole martiniquais-français publié par les Editions Orphie, basée à la Réunion et rayonnant sur plusieurs autres collectivités d'outre-mer. Un gigantesque travail qui mérite respect et considération. Notre jeunesse s’en inspirera, ceci est évident.
Comme elle fréquente les librairies, contrairement à des idées reçues, elle y trouvera un livre plus ancien de Confiant, Les Saint-Aubert - L'en-allée du siècle (1900-1920). C’est le premier volet de la saga d’une famille mulâtre de Saint-Pierre, à l’univers marqué par les stigmates de l’esclavage, la toute-puissance de l’Eglise et l’idéal assimilationnistes du courant républicain.
Un roman réédité par Caraïbéditions qui accomplit un travail foncier sur le marché du livre puisque cette sympathique maison remet en rayonnages trois autres romans initialement publiés par d’autres éditeurs : La Grande Béké de Marie-Reine de Jaham, histoire de l’héritière d’une famille de békés ruinée par l’éruption de la Montagne Pelée en 1902 ; Chronique des monts jolis de Miguel Duplan, récit d’une journée d’un poète SDF de Cayenne exhortant les passants à se révolter contre l’oppression et la pauvreté ; Les tremblements essentiels de Viktor Lazlo, enquête sur la disparition d’Alma Sol, reine de beauté caraïbe devenue star de la chanson.
Les amateurs d’autobiographies apprécieront l’émouvant témoignage résilient de Pascale Dambo, La chauve sourit. C’est la chronique de ses années durant lesquelles elle a été accablée par son alopécie avant de se décider à transformer ce handicap en atout.
Dans un registre voisin, mais en plus romancé, Christine Jeanne nous propose J’ai juste bien, chez L’Harmattan, inspiré de son enfance dans la Martinique qui a disparu, celles des débits de la régie et des camions de canne.
Plusieurs essais pourraient être offerts. Notamment celui de Roland Jean-Baptiste-Edouard, publié quasiment le jour de son décès, Le livre blanc de la culture en Martinique. La parole aux acteurs, chez Jibero Editions. A retenir aussi La Martinique face aux défis du XXIème siècle, du Groupe L’Ouverture, une série d’articles de fond sur la situation et les perspectives à imaginer pour notre pays.
A mettre dans votre bibliothèque aussi Aimé Césaire, vivre debout, chez Flammarion. C’est un récit écrit par deux enseignants, Nicolas Delau et Anne Douaire-Banny, et illustré par Claire Malary. Vue de France, l’œuvre du chantre martiniquais de la négritude vaut le coup d’œil.
La fiction, dit-on, est parfois dépassée par la réalité. Ce que tente de montrer le roman de notre consoeur de Martinique La 1ère Cécile Marre. L’argument de Cœur de cerf, publié chez Anne Carrière : "Lorsque la haine monte entre les peuples, est-il encore possible de prêcher la fraternité ? Dans une quête initiatique d’amour et de résistance, tous devront faire face à l’enjeu ultime de leur époque : la survie du peuple Liu". Pour le savoir, rien de plus simple : se plonger dans ce récit qui promet d’être palpitant.
Il y a une quatrième raison plus puissante que les trois précédentes réunies. Lire la suite
A quand la continuité territoriale entre Grand-Rivière et Ste Anne ?
Lire la suiteMalgré la rage qui me ronge de voir mon île dévastée par des étrangers venus d'ailleurs qui sont Lire la suite
...cette précision, cela n'a rien à voir avec le fond de l'article. Me semble-t-il...
Lire la suite"National" au sens "national Mquais". Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant...
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