La CTM vient de prendre deux décisions qui pourraient apporter une marge d’autonomie dans les domaines concernés : la maîtrise des prix et la gestion du littoral. Il est facile de porter un jugement hâtif et non circonstancié sur ces deux aspirations. Sur les réseaux sociaux les inconditionnels des deux côtés épousent d’assez près les camps politiques, alors que les élus évitent le débat, certains pour ne pas paraître faire obstacle au désir d’autonomie. Ainsi ces sujets ne sont abordés au fond ni dans les partis politiques ni les assemblées ni dans ces réseaux sociaux.
La baisse des prix qui est la préoccupation essentielle du moment appelle quelques interrogations. D’abord le nombre de produits de première nécessité peut étonner, et pas seulement le candide ou consommateur lambda : les prix devront être encadrés pour 1000 d’entre eux. Quel est ce millier de produits dont le martiniquais nécessiteux ne pourrait pas se passer ? On peut penser qu’en font partie plusieurs articles et plusieurs marques d’un même produit. Cet objectif peut paraître ambitieux et rappelle les 5000 emplois prévus à 2 reprises, en 1983 par le conseil économique et social qui s’était cru investi de cette mission, et Serge Letchimy dans une précédente responsabilité. A première vue, l’échec d’un projet alors aussi alléchant pourrait appeler aujourd’hui à la réserve. Songeons qu’au plan national, une candidate présente au second tour s’est engagée pour seulement 100 produits de première nécessité.
Nonobstant toutes les autres recherches sur la composition des prix ou la responsabilité des intermédiaires, il paraît utile de connaître les vraies raisons de la disparition des groupes Reynoird, Lancry et Ho Hio Hen. Ont-ils eu de mauvais gestionnaires, l’incompétence a-t-elle été la seule raison de leur échec ? On n’ose croire qu’ils soient partis après avoir fait le plein de bénéfices et en renonçant à celles à venir. Sans aller jusqu’au retour des « débits de la régie », peut-on revenir aux « libre-service » des années 1970-1980 et en attendre une baisse des prix ? La baisse des dépenses des ménages pourrait davantage provenir de la diminution du nombre des articles - un ou deux milliers, peut-être, au lieu des 40 000 des supermarchés – que de leurs coûts.
Des questions se posent également, concernant la gestion du littoral. Il ne s’agit pas seulement des équipements qui sont déjà, semble-t-il, de la compétence fut-ce partielle de la CTM. Plus difficile est la répartition de la mer et de ses abords dans des proportions équilibrées entre le jardin et le terrain de jeu, attendu que ces activités concourent toutes au développement du tourisme. Laquelle paraît insubmersible après tous les écueils subis pendant ces dernières décennies par cette industrie. La culture de la pêche-capture côtière pourra-t-elle résister longtemps aux conquérantes activités, touristiques pour les étrangers, de loisirs et sportives pour les résidents ? La pêche devra-t-elle enfin se moderniser et s’orienter vers un usage plus intense des DCP, l’activité des petites embarcations confinant alors au folklore ? Pourra-t-on freiner la prolifération des bateaux de plaisance qui pose la question de la pêche côtière et de la protection des fonds côtiers ?
Par ailleurs, si on peut présumer, du moins dans un premier temps, que les pouvoirs souhaités ne concernent pas le contrôle de l’entrée des étrangers sur le territoire, des élus ont souvent regretté de ne pas avoir leur mot à dire à ce sujet. On se rappelle les contestations suscitées par le renvoi d’immigrés illégaux, mais on se souvient aussi que Camille Darsières avait été partisan de l’absence de visas pour les Dominiquais et les Ste Luciens, notamment. Il demeure que ces élus sont en général peu friands de pouvoirs de police quels qu’ils soient alors que la maîtrise du littoral exige l’usage d’actes de police divers.
Quoi qu’il en soit, il demeure que la gestion partagée du littoral par la CTM et l’Etat serait source de conflits qu’on ne peut éluder n cas de transfert de pouvoirs. Les récentes mesures de répression qui ont conduit à la saisie de casiers de pêche interdits et la destruction de certains peuvent en donner une idée. L’opération du service de l’Etat a été admise du bout des lèvres par des élus qui ont obtenu la restitution de ces matériels de pêche à leurs propriétaires.
Fort-de-France, le 19 avril 2022
Yves-Léopold Monthieux
Un lapsus s'est glissé dans mon commentaire ci-dessus: Lire :..les Palestiniens de Gaza et non . Lire la suite
1) Comme vous le dites vous-même: " étant les premiers concernés" par le "racisme anti-noir" des Lire la suite
Soit vous comprenez tout de travers soit vous déformez tout ! Lire la suite
Si on vous suit bien l'Afrique du Sud NE DEVRAIT donc PAS condamner Israel puisqu'elle n'est ni Lire la suite
Ne prenez pas les gens pour des imbéciles avec vos habituels commentaires deux fois plus longs qu Lire la suite
Commentaires
Trompe-l'oeil ?
Oui
20/04/2022 - 14:35
Le coût du transport par conteneurs a fortement augmenté, du fait de sa désorganisation liée à la Covid-19. Il en est de même du prix de certaines matières premières et de l'énergie, suite à la guerre en Ukraine. Ces renchérissements se répercutent jusqu'aux rayons des magasins.
On parle d'inflation. Elle n'épargne personne. Ces derniers mois, elle est supérieure aux Etats-Unis à ce qu'elle est en Martinique.
Le mieux serait d'annuler l'inflation actuelle en agissant sur ses causes (coût des conteneurs, guerre en Ukraine). Ce qui n'est pas à la portée du premier venu.
Dans le souci de permettre à chacun d'accéder aux produits de "première nécessité", on peut proposer de contenir le prix de ceux-ci, en jouant sur l'octroi de mer, la TVA, les marges commerciales, etc. C'est à dire à faire payer l'inflation sur ces produits par la CTM, l'Etat, les commerçants... Ce qu'ils compenseront par des augmentations sur d'autres postes.
Dès lors la "baisse des prix" est en trompe-l'oeil : l'inflation zéro sur les produits de "première nécessité" se paiera par des augmentations d'impôts et une inflation accrue sur les autres produits.
Considérant que les plus aisés peuvent acheter les produits de "première nécessité" même aux prix actuels, la question se pose surtout pour les moins favorisés. On peut donc proposer d'augmenter les revenus de ces derniers, par un accroissement de l'assistanat, à charge des premiers.