Earlson Mathew, ministre de la Culture de la Dominique : "Nou ka ankouwajé tout moun palé kwéyol"

   A l'occasion de la "JOURNEE INTERNATIONALE DU CREOLE" (28 octobre) dont l'île de la Dominique fut l'initiatrice en 1983, Earlson MATHEW, le Chief Cultural officer, a publié la vidéo que l'on peut voir plus bas dans laquelle il incite ses compatriotes à "palé kwéyol, manjé kwéyol, jwé mizik kréyol, pòté rad kwéyol zot".

   On est donc très loin de la polémique imbécile lancée depuis quelques années en Martinique et en Guadeloupe par une poignée de linguistes et d'anthropologues auto-proclamés, polémique visant à diaboliser le terme "créole" et à le remplacer par "langue martiniquaise" ou "langue guadeloupéenne". Venant de colonisés qui sont incapables de se libérer du "Blanc" qu'ils passent leur temps à vilipender tout en se vautrant dans les gadgets de la civilisation dudit "Blanc (grosses cylindrées en particulier), sauf évidemment lorsqu'ils vont faire des libations en forêt, juste une journée, afin de célébrer leurs "Ancêtres", la polémique enclenchée par ces hurluberlus dépasse le seuil de risibilité.

   En effet, dans tous les pays créolophones indépendants, le terme "Kréyol" (Haïti), Kwéyol (Sainte-Lucie, Dominique) ou "Kreol" est utilisé sans problème et mis à l'honneur : il existe ainsi une "Akadémi Kréyol" en Haïti et à Maurice, un "Institut Créole aux Seychelles" et un "Folk Research Center" à Sainte-Lucie. Ces organismes s'emploient depuis trois décennies à valoriser la langue et la culture créoles alors que, disposant pourtant de moyens financiers nettement plus importants, les fameux "Départements français d'Amérique" sont incapables à ce jour de créer la moindre structure qui s'emploierait à la même tâche. 

   Les idéologues (à la petite semaine) anti-créole seraient bien inspirés de méditer cette phrase du Père de la Négritude, Aimé Césaire : "Choisir le plus large contre le plus étroit"En effet, dire "langue martiniquaise" ou "langue guadeloupéenne" au lieu et place de "créole martiniquais" ou "créole guadeloupéen" revient à faire l'inverse : choisir le plus étroit au lieu du plus large. Bizarre pour des gens qui appellent à "l'unité du Peuple noir" !!! Au lieu de renforcer l'unité de tous les "Noirs" créolophones, chaque pays devrait, à les entendre, se recroqueviller sur son petit nombril insulaire alors même qu'Haïtiens, Guadeloupéens, Saint-Luciens, Dominiquais, Guyanais etc. n'ont pas besoin d'interprètes pour se comprendre. 

   Le plus risible d'en tout cela est de voir un grand média martiniquais présenter comme une alternative à la Créolité quelqu'un (proche compère des gens du CEREGMIA) qui déclare sans rire qu'il n'est pas linguiste et qui dans une bouse auto-éditée déclare que le créole est une langue africaine parce qu'on y trouve des mots africains. Pourquoi pas une langue kalinago puisque tous les jours nous employons les mots boutou, kouliwou, watalibi, mouben, kachiman, balawou, matoutou etc ? A moins qu'elle ne soit une langue de l'Inde : kolonbo, madras, pousari, kolbou etc...

   En réalité, le créole est un peu de tout cela. Il emprunte au français, à l'éwé, au kalinago, au tamoul et même à l'anglais et l'espagnol. Mais il est surtout UNE LANGUE A PART ENTIERE qui unit 15 millions de locuteurs aux Amériques, dans l'Océan indien et dans leurs diasporas européennes et nord-américaines...

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