En Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo en route vers son sixième mandat

Les élections prévues dimanche laissent peu de suspense quant à la réélection du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1979.

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Il n’est pas risqué d’affirmer que Teodoro Obiang Nguema Mbasogo sera réélu président de la Guinée équatoriale, dimanche 20 novembre. A 80 ans, l’homme qui brigue un sixième mandat à la tête du pays hispanophone, sixième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, a toujours obtenu des scores oscillant entre 93,7 % et 99 % des suffrages. Fort d’une coalition qui regroupe quatorze formations politiques, son incontournable Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) détient 99 des 100 sièges à l’Assemblée nationale sortante et l’intégralité des 55 sièges du Sénat. Ses quarante-trois années de règne ont permis au dirigeant à la poigne de fer de s’offrir le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat en exercice, si l’on excepte les monarchies.

Guinée équatoriale : deux candidats contre Teodoro Obiang à la présidentielle

Dans cette élection jouée d’avance, l’inoxydable président aura face à lui deux candidats. Sous l’étiquette Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), seul parti d’opposition autorisé, Andrés Esono Ondo se présente pour la première fois au scrutin suprême. L’autre candidature est celle de Buenaventura Monsuy Asumu, du Parti de la coalition sociale-démocrate (PCSD), une formation liée au PDGE dans les scrutins législatifs et municipaux. Ce dernier, dont « le programme de transition politique insiste sur l’engagement à lutter contre la pauvreté et sur la redistribution des richesses nationales », a déjà servi à trois reprises de « faire-valoir », selon les termes de l’opposition, au candidat sortant.

Près de 428 000 électeurs, sur 1,4 million d’habitants, sont appelés aux urnes pour choisir leur président, mais également leurs députés, sénateurs et maires. L’élection présidentielle, initialement prévue en avril 2023, a été avancée et associée aux autres, officiellement pour faire des économies rendues nécessaires par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Le pays, dont la production pétrolière a été divisée par trois en une décennie, a dû solliciter en 2021 une aide du Fonds monétaire international (FMI) d’un montant de 67,3 millions de dollars au titre de l’instrument de financement rapide. Avec une rente pétrolière déclinante, le PIB par habitant est passé de 21 711 dollars en 2012 à 8 462 en 2021.

Une santé « fragile »

Même si son entourage et les médias s’efforcent de donner de M. Obiang l’image d’un président vivant comme un ascète, « son état de santé est fragile », assure une source proche de la présidence. Les rares apparitions publiques de celui qui est arrivé au pouvoir en 1979 au terme d’un coup d’Etat où il a renversé son oncle, le dictateur sanguinaire Francisco Macias Nguema, le confirment.

« Biens mal acquis » : Teodorin Obiang, vice-président de Guinée équatoriale, définitivement condamné par la justice française

Au sein du PDGE, où il a été désigné pour rempiler il y a seulement deux mois, la question de sa nouvelle candidature a longtemps fait débat. En novembre 2021, le parti-Etat, réuni en congrès, n’avait désigné personne pour lui succéder. Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé « Teodorin », était largement pressenti. Déjà vice-président et ministre de la défense, le fils aîné du président, âgé de 53 ans, a le soutien du premier ministre, Francisco Pascual Obama Asue, du secrétaire général du PDGE, Jeronimo Osa Osa Ecoro, des services secrets et de l’armée. A Malabo, une certaine jeunesse l’apprécie également, notamment lorsqu’il invite à grands frais des stars du football, du show-business, et finance des bourses d’études à l’étranger.

Teodorin vit comme un jet-setteur, s’affichant sur les réseaux sociaux au volant de voitures de luxe avec des starlettes

Mais Teodorin, propriétaire de la seule entreprise de médias privée du pays, la radio-télévision Asonga, traîne comme un boulet sa mauvaise réputation sur la scène internationale. Provoquant et immature, il vit comme un jet-setteur, s’affichant sur les réseaux sociaux au volant de voitures de luxe avec des starlettes, alors que près de 80 % de la population de son pays vit avec moins de 1,90 dollar par jour. « Même s’il s’est un peu assagi, il n’est pas encore suffisamment rassurant », assure notre source – notamment pour être adoubé par son père et les vieux caciques du PDGE.

Lutte de succession

En France, Teodorin a été condamné en 2020 à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d’euros d’amende et la confiscation de tous ses biens, saisis pour « blanchiment d’abus de biens sociaux, détournement de fonds publics et abus de confiance » entre 1997 et 2011. Aux Etats-Unis, il a dû renoncer à 26 millions de dollars d’avoirs pour mettre un terme à des poursuites pour corruption. Et au Royaume-Uni, il est interdit de séjour depuis 2021. De futures condamnations planent encore au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès.

Son demi-frère, Gabriel Mbega Obiang Lima, est son meilleur ennemi dans la lutte de succession. Réputé sérieux, formé aux Etats-Unis, il est depuis dix ans ministre des mines et des hydrocarbures, un poste crucial dans un pays où les revenus dépendent essentiellement des réserves pétrolières. « Gabriel incarne tout ce que les Occidentaux apprécient et les Etats-Unis sont le premier investisseur pétrolier du pays, explique Benjamin Augé, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Mais les origines santoméennes de sa mère, Celestina Lima, la seconde épouse du président, ne jouent pas en sa faveur dans un clan où c’est la règle dynastique qui doit primer. » Le scénario d’une troisième voie, étrangère à la descendance du vieux patriarche, semble à ce jour inenvisageable.

« La Guinée équatoriale est un pays cassé »

En Guinée équatoriale, la peur d’un coup d’Etat vire depuis plusieurs années à la paranoïa, même s’il y a déjà eu des tentatives sérieuses. Fin octobre, le pays a fermé ses frontières terrestres avec le Cameroun et le Gabon pour « éviter l’infiltration de groupes » pouvant « déstabiliser » la campagne présidentielle, selon les autorités. La période électorale a été marquée par l’arrestation de plus de 150 militants de Citoyens pour l’innovation, un parti interdit, de défenseurs de droits humains et de Leoncio Prisco Eko Mba, alias « Adjoguening », un rappeur hostile au pouvoir. Ils étaient accusés de fomenter des « attentats » contre « des stations d’essence, des ambassades occidentales et les domiciles de ministres ».

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