Les nationalistes n’ayant pas eu la faveur du peuple, leur vieux slogan « élection piège à cons » s’était avéré inefficace, il a disparu. C’était aux temps de la démocratie triomphante où l’abstention aux élections était au plus bas. Aujourd’hui que les citoyens boudent les urnes, il est tentant pour les révolutionnaires d’y voir la réponse tardive à leurs vœux d’antan. C’est ce qui ressort de la production récente d’un militant nationaliste martiniquais.
Ainsi, par ces temps difficiles de la démocratie, l’abstention galopante leur apparaît comme une aubaine qu’il suffit pour s’en approprier de la déclarer « méritoire », militante, nationaliste, révolutionnaire, bref, vertueuse : des bons mots qui ne mangent pas de pain. Ils regrettent simplement que l’abstention-aubaine ne soit pas plus grande encore, faute pour les ennemis de la révolution que sont les « grands médias [de donner] la parole aux forces appelant à ne pas voter ». La bataille devrait donc se poursuivre en dormant par des révolutionnaires qui peuvent ainsi s’économiser un « maquis dans les Pitons du Carbet », comme le suggère un rebelle du nationalisme martiniquais. A défaut de combat, on se contente de faire semblant d’être les programmateurs de ce rétrécissement de la démocratie.
Revenons sur terre, ce phénomène abstentionniste ne se laisse pas saisir. Le mouvement n’est pas que martiniquais même si les circonstances particulières liées à l’activisme, au complotisme anti-vaccinal et autres catastrophes sanitaires, ainsi qu’à la « déconstruction » du citoyen martiniquais, en renforcent l’acuité. Toutes les vieilles démocraties en souffrent : les USA, le Royaume-Uni ainsi que la France et, avec elle, la petite « colonie » que s’estime être encore la Martinique.
Autre illusion de l’inertie créatrice de la révolution martiniquaise, il est hallucinant de lire « qu’aucune force politique française ne joue un rôle majeur dans la vie (même factice) politique martiniquaise ». C’est, au-delà de la sémantique, le contraire de ce que les indépendantistes et autonomistes dénoncent et qui justifie leur existence : tout remonte au gouvernement français. Or, d’où viennent les membres du gouvernement sinon des partis politiques nationaux ? Pas plus que la distance manifestée à l’égard de l’Etat par le refus d’accéder à des postes ministériels, l’autonomie des partis politiques locaux et la prétendue « césure entre la situation de la Martinique et celle de France » n’ont apporté de progrès à la situation des Martiniquais. Voire.
Ces postures pourraient avoir l’effet inverse si l’on considère l’évolution comparée du PIB de la Martinique et la Guadeloupe qui ne suivent pas le même chemin. En effet, le « marxisme révolutionnaire » martiniquais ne réussit pas à cacher ce que le nationaliste déjà cité nomme « l'aplat-ventrisme assimilationniste, … tant des Autonomistes que des Indépendantistes ».
Fort-de-France, le 22 juin 2022
Yves-Léopold Monthieux
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Commentaires
Quelques précisions SVP M.Monthieux?
Frédéric C.
23/06/2022 - 15:16
M.Monthieux, dans la forme votre prose semble intéressante. Je dis bien "semble"! Parce que sur le fond, on a l'impression qu'il manque une case: votre article ressemble à une équation, pas à une démonstration. Il y manque des appuis solides sur lesquels on pourrait rebondir pour poursuivre la réflexion, in petto ou non. 1)Pour commencer, vous évoquez "la production récente d'un militant nationaliste Mquais". De quelle "production" s'agit-il ? D'un article, ou d'un ouvrage ? Si c'est un article, lequel? il a été publié où?, et qui est ce "nationaliste Mquais" que vous citez? Non pas pour le montrer du doigt, mais pour qu'au moins vos lecteurs puissent au moins se reporter à son texte, au lieu de se contenter des extraits que vous présentez. Ce serait d'autant plus utile que vous semblez mettre dans le même sac "nationalistes", "patriotes", "souverainistes", ce qui n'est pas exactement la même chose. Tous, du moins en principe, prônent un changement de statut pour obtenir un pouvoir politique domicilié en Mque (autonome ou indépendant). Par exemple, le 1er parti à avoir posé la question nationale Mquaise, objectivement, c'est le PC, en 1957, avec les outils théoriques dont il disposait alors; mais il n'était pas "nationaliste" pour autant, il était même internationaliste et patriote. Ses militants victimes de l'ordonnance Debré du 15/10/1960 (A.Nicolas, G.Mauvois père,
W.Guitteaud G.Dufond) se désignaient eux-mêmes comme "patriotes", et non pas "nationalistes" (cf affiche publiée à l'époque, reproduite dans l'"Historial Antillais"). Le 2è parti à avoir posé la question nationale en Mque, c'est le PPM de Césaire, créé en 1958, et se qualifiait de "nationaliste". D'autres organisations naquirent plus tard, se définissant comme "patriotes', "nationalistes', et certains partisans d'un changement statutaire se définissent aujourd'hui comme "souverainistes"... Vous semblez bien connaître la sémantique, mais vous semblez mettre dans le même sac "nationalistes" toutes celles et tous ceux qui posent la question nationale-statutaire (ou qui affichent cette position ; mais c'est là un autre débat)... 2)Par ailleurs, vous tirez votre article "L'inertie créatrice des nationalistes Mquais". Donc vous faites un amalgame entre tous ceux qui sont partisans d'une évolution statutaire de la Mque, sur la base d'UN SEUL article d'UN SEUL rédacteur ! Or vous semblez parfois regretter l'absence de débat politique sérieux dans la Mque contemporaine. Vous SAVEZ qu'un débat sérieux ne peut se faire que sur des bases claires, donc en évitant les amalgames, réductions, sophismes et artifices rhétoriques qui empêtrent et bloquent la réflexion saine, au lieu de l'encourager. C'est déjà suffisamment le "bordel" (passez moi l'expression) dans l'opinion publique, comme l'ont illustré, entre autres, certains délires pendant la pandémie de Covid-19 et les résultats Mquais du 2è tour de la Pdtielle. SVP, n'en rajoutez pas. Soyez plus précis, SVP. Et je vous serais obligé de répondre aux questions que je pose à propos de votre article. Salutations.
COURTOISIE
Albè
23/06/2022 - 15:36
Il me semble que la courtoisie devrait être une pratique majeure sur ce site qui, à l'inverse de ses confrères, ne verse pas dans le sensationnalisme et les analyses à courte vue. Or, votre post, s'il développe des points de vue fort intéressants, frise la discourtoisie par endroits. Pourquoi sommer l'auteur d'un article d'écrire le nom de X ou Y s'il n'a pas jugé bon de le faire ? Seule une enquête de police est autorisée à exiger de l'auteur d'un texte de révéler ses sources.
Courtoisie,?
Frédéric C.
23/06/2022 - 18:08
Albè, si c'est à moi que vous vous adressez, levons un malentendu. Je ne "somme" pas M.Monthieux de nommer l'auteur de la "production" qu'il évoque (ma plume et moi nous sommes peut-être agacees). Mais s'il nous disait au moins quel texte précis il critique, ce serait bien: le lecteur de sa prose jugerait sur pièce...
Or en l'occurrence, YLM prétend fonder une "analyse" sur la base d'un texte non identifié, avec des extraits que le lecteur ne peut même pas vérifier, pour affirmer qqch concernant TOUS les "nationalistes" (sans préciser le champ politique qu'il entend par la; or Darsières se définissait ainsi, de même que Glissant et bp d'autres). Or en extrayant une citation de son contexte, on peut lui faire dire ce que l'on veut. Les staliniens ont fait ça. Plus récemment, en 2008, Guéant (ou Guaino) a bien pris une citation de Césaire pour justifier le discours raciste de Sarkozy à Dakar en 2007. Ce flou artistique d'YLM atteste, en tout cas dans son texte ci-dessus, d'un manque de respect intellectuel pour le lecteur, qu'il croit pouvoir balader avec des approximations, des amalgames, bref ! qu'il prend pour un couillon. Donc dur le fond, c'est plutôt de son côté que se trouve la discourtoisie. Et c'est fait en douce, a la katimini, ce qui est pire!
IL N'EMPECHE...
Albè
23/06/2022 - 18:31
Je vous comprends parfaitement mais nous, Martiniquais, avons trop l'habitude du "chiraj" permanent, de la prise de bec et il n'est pas sûr que ce soit profitable au pays. En France, Macron reçoit Mélenchon, Le Pen, Roussel et tous ses adversaires. En Martinique, verrait-on un président de la CTM fraîchement élu recevoir ses adversaires ? Letchimy recevrait-il Marie-Jeanne ou inversement ?
Il n'empêche que le texte d'YLM manque de précisions
Frédéric C.
23/06/2022 - 19:56
Et seules ces précisions permettraient d'avoir une réflexion "fine''. Parce que son article nous enfonce encore + dans un brouillard Idéologique, dans un obscurantisme dont la Mque n'a nul besoin, au contraire ! Ces précisions permettraient, soit d'aller dans son sens, soit dans un sens différent, soit d'"ajuster" la position du lecteur. mais ça nourrirait la réflexion... Cela dit, nos désaccords ne m'empêcherait pas de saluer YLM et de boire un verre avec lui s'il en était d'accord. (Pitié, ne pas me comparer à Macron recevant la chef fasciste 😭)