QUE NOUS DIT LA POLITIQUE DE TRUMPS ?

Raphaël Constant

Rubrique

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Que dire de l’élection de TRUMP, de ses premières semaines à la Maison Blanche, de ses menaces, et de la crise de ses relations avec l’Europe Occidentale?

TRUMP a été (bien) élu. Il a gagné le suffrage populaire. Il s’appuie sur une majorité au Sénat et à la Chambre des Représentants. TRUMP a mené une campagne électorale d’extrême droite. Cela interroge sur cette (fausse) idée que pour battre l’extrême droite il est nécessaire d’être modéré. La campagne de Kamala Harris a été si modérée qu’elle a perdu 6 millions d’électeurs. Espérons que les progressistes du monde entier en tireront leçon. Pour combattre l’extrême droite, il faut être radical avec une réelle alternative progressiste.

Depuis son élection, TRUMP fait ce qu’il avait annoncé. Il a un discours et une politique nationaliste et capitaliste. Il veut faire des USA un bastion qui se suffit à lui-même et dont le reste du monde doit être dépendant et/ou servir le développement économique des USA. Il veut la protection de la production américaine contre celle des autres nations. Il considère que la défense du climat entrave l’exploitation des richesses minières. A cela se rajoute son discours xénophobe (d’où sa campagne anti-immigrée), sexiste (d’où son masculinisme exacerbé, sa politique anti LGBT y compris au sein de l’armée américaine) et réactionnaire.

A sa cérémonie de prestation de serment, sont présents MELONI, MILEI, NOBOA, l’extrême droite et les patrons des pays européens dont Bernard ARNAULT.

La logique du nationalisme-capitalisme est aussi d’avoir une démarche expansionniste pour assurer son développement national. Les déclarations de TRUMP sur le canal du Panama, le Groenland et le Canada répondent à cette logique.

Les divergences entre TRUMP et l’Union Européenne semblent profondes, suite aux entretiens TRUMP/POUTINE sur l’Ukraine et au discours de VANCE à la Conférence de Munich.

TRUMP et les pays de l’UE sont d’accord sur l’essentiel. Ils ont pour le développement capitaliste avec ses corollaires d’inégalités de discrimination en défaveur des classes populaires. Ils considèrent que c’est à l’Occident de dominer le monde sur le plan économique, militaire et même culturel.

Mais la vision de TRUMP est que le maintien et le développement de l’économie des USA implique que celles de l’Union Européenne (mais aussi la Chine et le Grand Sud) restent à leur place. Le débat sur les droits de douane doit se comprendre dans ce cadre. TRUMP taxe les produits étrangers pour assurer l’écoulement des produits américains. Néanmoins, il est évident que cela va entraîner des répercussions sur les exportations américaines si les pays répliquent de même.

Les divergences portent d’une part sur la protection des marchés nationaux et en premier lieu du marché des USA (concept totalement en contradiction avec la “mondialisation” prônée à la fin du siècle dernier) et d’autre part sur la conquête de nouveaux marchés extérieurs. Sur ce dernier point, TRUMP souhaite remettre en cause des accords commerciaux (patronnés par le FMI) permettant à certains pays du Sud (c’est le cas de l’Afrique du Sud pour sa production d’automobile) d’exporter en Occident à certaines conditions favorables (et avec des contreparties).

On observera que ces divergences ont été la cause historique de nombreuses guerres dans le passé. C’est en cela que Jean Jaurès disait que le capitalisme "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage”.

Sur l’Ukraine, TRUMP a posé sa problématique depuis le début. Il est contre à dépenser des milliards de dollars pour que Kiev continue à faire la guerre. Sa demande d’avoir accès aux “terres rares” de l’UKRAINE montre bien sa démarche. Il entend monnayer son soutien. Son secrétaire d’État Marco RUBIO (un américano-cubain anticastriste primaire) a clairement expliqué qu’un tel accord sur les “terres rares” permettrait à commencer à “rembourser” le contribuable américain.

TRUMP avait annoncé qu’il allait faire la paix en 24h. Manifestement, il a raté ce pari. Mais, il a décidé d’accélérer un processus de négociation en prenant directement contact avec POUTINE puis en informant le président Ukrainien ZELENSKI.

Manifestement, ce choix d’accélérer des négociations pose problème à ZELENSKI et aux dirigeants européens. Jusque là, la position de Kiev était de ne pas négocier avec POUTINE. Bruxelles et Kiev considéraient en effet qu’avant toute négociations éventuelles, il fallait renverser la situation militaire (actuellement favorable à Moscou) en augmentant l’aide militaire à l’Ukraine. En l’état, ZELENSKI et ses alliés européens considèrent que toute négociation amènerait une victoire de Moscou. Ils veulent continuer la guerre pour faire céder Moscou. Et TRUMP, dans sa logique nationale économique (et égoïste), veut faire des affaires et pas la guerre !

Quant au discours de VANCE à Munich, c’est celui de l’extrême droite dans son plus grand classicisme. Il n’est pas aussi opposé que cela aux “valeurs” de Bruxelles. Rappelons qu’aujourd’hui, la commission européenne compte en son sein des responsables venant du parti néofasciste d’Italie de Georgia MELONI, une bonne amie à TRUMP.

Autrement dit, il y a peu de doute qu’il existe des contradictions.

Ainsi, la décision de TRUMP de laisser Elon Musk démanteler l’US-AID a comme effet de cesser les financements de tous les mouvements politiques dits “prodémocratie”, journaux dits “indépendants”. C’est ainsi qu’on remarque que le mot “indépendance” est à géométrie variable selon qu’on soutient ou non l’Occident.

Mais il y a peu à attendre de la politique de TRUMP et de son opposition avec le reste de l’Occident. Il faut la combattre.

R. CONSTANT

Le 17/02/2025

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