Pendant trois jours d'affilée, ils étaient plus de 4.000 éléphants et leurs mahouts rassemblés à Surin, dans le sud de l'Isaan, à quelques 500 kilomètres au nord-ouest de Bangkok.
Venus tout exprès de la plupart des provinces du Royaume. Réunis une fois de plus, en ce millésime 2566 du calendrier bouddhique, à l'instar de tant de manifestations identiques précédentes Elles reviennent cycliquement depuis une soixantaine d'années. Imperturbable leitmotiv. La seconde moitié de novembre est le moment solennel de ce grand symposium annuel, The Elephant Round Up. Sorte de conclave culturel et historique. Parenthèse entièrement dédiée à la tradition vivante.
Invariablement, lors de ces agapes grand format, l'ensemble tient du rituel de masse. Une partition bien rôdée dans une tournée que l'on pourrait estampiller " Pachydermes illimited ". Événement systématiquement ponctué par une véritable apothéose au Si Narong Stadium, lieu d'hébergement du traditionnel spectacle son et lumière. C'est le point d'orgue du Surin Elephant Show. Tour à tour grandiloquent et intimiste. Magnificence des chorégraphies et proximité avec les géants du bestiaire mythologique thaï. Impressionnant et attendrissant. Reconstitution et restitution des époques épiques ayant symbolisé la constitution par étapes du Royaume de Siam jusqu'à sa moûture contemporaine. Une épopée jonchée de batailles contre les envahisseurs venus de Birmanie, du Laos et de l'empire Khmer.
Un passé bouillonnant. Sang, gloire et fureur. Échelonné sur une dizaine de siècles.
Les éléphants ont alors été les pierres angulaires de la résistance aux attaquants. Des tableaux au déroulé très maîtrisé dont les personnages principaux sont évidemment, chaque année, les éléphants guerriers. A la fois premiers rôles et figurants d'une saga barrissante. Harnachés, caparaçonnés, accoutrés, les mastodontes, dans leurs plus beaux atours, resplendissent. Sans omettre leurs performances artistiques et sportives. Point n'est besoin d'être un supporter frappadingue de Messi ou Mbappé pour s'extasier devant un match de football orchestré par de si solides avant-centres. Et que dire de la défense? Tout en virtuosité au rayon dribbles. A-t'on remarqué à quel point ils se servent de leurs oreilles, agitées comme des battoirs, pour surprendre l'équipe adverse en progressant à tire d'aile dans l'aire de jeux tout en lui dissimulant le ballon? Attention d'ailleurs à ne pas le faire exploser au cours d'une passe intempestive. Garde aussi à un toucher inapproprié de la baballe par une trompe trop entreprenante dans la recherche quelque peu hypothétique de cacahuètes sur le gazon. Pauvre verdure piétinée, pilée, ratiboisée jusqu'au dernier brin. Tout au long du Round Up, les spectacles en enfilade affichent une mise en scène soignée, parfois carrément epoustouflante dans la coordination simultanée de plusieurs, dizaines de Jumbos. Chacun bien déterminé à galvaniser les gradins. Comme de juste, le public de plus en plus connaisseur au fur et à mesure des ans, exulte.
En guise de remerciement pour leurs prouesses facétieuses, les quadrupèdes au profil de quintaux ambulants se voient gratifier d'un énorme banquet. Un trempaj façon martiniquaise. Là, ils ont tout loisir de faire bombance. Se rassasient à satiété de fruits, bananes, ananas, pastèques, dont ils raffolent. Le présent festival n'a pas dérogé à cette débauche pantagruélique. Par centaines, les méga-gabarits se sont gavés. Loin de l'exercice purement folklorique destiné aux touristes qui, soit dit en passant, rappliquent en nombre depuis des lustres, la rencontre annuelle des éléphants est régulièrement la preuve de la relation symbiotique entre les Thaïs et leurs amis monumentaux...Au coeur de la culture siamoise depuis les temps immémoriaux. Cela malgré les protestations véhémentes d'activistes le plus souvent occidentaux qui crient à la maltraitance animale. Pour eux, le festival est essentiellement un lieu de torture et de mauvais traitements infligés aux colosses, certes domestiqués. Nonobstant ces accusations graves, les Thaïs tiennent à perpétuer une rencontre qu'ils apprécient comme hautement symbolique. Incontestablement, à l'heure du bilan sentimental, l'édition 2023 aura, elle aussi, contribué à tisser la légende de l'emblème animalier de la Thaïlande.
Patrick Chesneau
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite