Sans doute que la plupart de nos lecteurs et lectrices ne comprendront pas, notamment les plus jeunes, l'expression créole "Bef Bétjé adan kann Bétjé".
Disons que si littéralement, elle se traduit par "Des boeufs du Béké dans la canne du Béké", ce qui n'est de toute évidence pas très clair comme c'est le cas de la plupart des métaphores, sa signification est tout simplement la suivante : "Tout va bien" ou "La situation est sous contrôle". En quoi cela concerne-t-il le Tour des Yoles de la Martinique et le Salon du Livre de l'Habitation Clément qui viennent de se dérouler en Martinique ?
S'agissant du Tour des yoles, on ne peut pas ne pas être frappé par les voiles magnifiques qui claquent au vent du départ de chaque étape jusqu'à son arrivée. Alors que les embarcations ont un nom ("Caracoli", "Chabin'an" etc..) ), ce qui retient l'attention des milliers de spectateurs et des médias, c'est le/les noms qui est/sont inscrits sur les différentes voiles et uniquement eux. Or, ces derniers sont pour leur grande majorité celles de grandes entreprises, souvent békées, les mêmes que pendant des mois et des mois des milliers de Martiniquais avaient dénoncé, fustigé, accablé de tous les noms etc..., certains incontrôlables allant même jusqu'à incendier ou détruire certaines d'entre elles. Le Mouvement d'Alignement des Prix sur la Métropole avait un temps, en fait pendant plusieurs mois, sérieusement écorné l'image des entreprises en question, les accusant d'être les grands responsables de "la vie chère" et donc d'être de fieffés exploiteurs du peuple. Or, voici qu'avec le Tour des Yoles, succès populaire immense s'il en est, tout cela est effacé ! Tout est rentré dans l'ordre.
Tout est désormais sous contrôle. Bef Bétjé adan kann Bétjé...
S'agissant du Salon du Livre de l'Habitation Clément, qui s'est tenu à peu près au même moment, mais dans un tout autre contexte, celui d'une ancienne plantation magnifiquement rénovée et offrant au public des galeries d'art de niveau international, le "Bef Bétjé adan kann Bétjé" a été nettement moins efficace mais, dans l'esprit de ses organisateurs, ce n'est qu'un début. L'objectif, après avoir arraisonné peintres, sculpteurs, céramistes etc..., est d'en faire de même pour les gens de plume. Sauf que contrairement au Tour des Yoles dont l'organisation est laissée aux "Negs" (même si les principaux sponsors sont Békés), pour le Salon du Livre de l'Habitation Clément, il ne semble pas que cela ait été le cas. L'affaire a été directement prise en main mais a souffert de deux écueils dès le départ : premièrement, aucun Salon du Livre au monde n'invite que des auteurs du lieu où il se déroule. Cela n'existe nulle part ! Or, celui de l'Habitation Clément ne concernait que ceux de la Martinique et eux seuls. Sans doute ce nombrilisme grotesque fait-il partie de la stratégie du "Bef Bétjé adan kann Bétjé" ! Manière de montrer qu'on est "entre nous", nous Békés, Nègres, Mulâtres, Indien etc...Allez, chers frères et soeurs, donnons-nous la main ! Embrassons-nous !
Le deuxième écueil a été la mise en avant des auteurs auto-édités, censés être discriminés, les pauvres, par l'ombre que leur fait les méchants auteurs hexagonalement ou internationalement reconnus. On a tenté de faire croire que ces derniers n'avaient volontairement pas été invités, ce qui est complètement faux. Nombre d'entre eux avaient reçu une invitation mais n'y ont tout simplement pas répondu ! Sinon, pour des chefs d'entreprise, toujours très à cheval sur le management, l'efficacité etc..., faire passer l'amateurisme (auto-édition) avant le professionnalisme (édition) est complètement sidérant et surtout malhonnête. Mais il s'agit probablement là encore d'une tentative loufoque et vouée à l'échec de marginaliser ou de tenter de marginaliser les auteurs reconnus dont chacun sait qu'ils sont tous opposés au suprématisme béké, ce qui se perçoit aisément dans leurs oeuvres. Chose qui ne signifie pas du tout qu'ils sont hostiles à la communauté békée.
Par conséquent, face à tout cela (Tour des Yoles, Salon du Livre de l'Habitation Clément), les Martiniquais seraient-ils des "bef" qui ont fini par être sagement rangés dans les "kann" du "Bétjé" ?
S'imaginent-ils, comme tentent de leur faire croire les "réconciliateurs" qu'au lendemain de l'abolition de l'esclavage, à partir du 23 mai 1848 donc, anciens esclaves et anciens esclavagistes se sont trouvés exactement sur la même ligne de départ comme au 100m des Jeux Olympiques ? Croient-ils que nos ancêtres se sont alignés pour une sorte de Tour des Yoles socio-économique au sein duquel toutes les règles d'équité ont été respectées et que la yole békée a fini par remporter l'épreuve haut la main et sans triche ?
Ah bon ???Vous croyez ? Pourtant on y trouve les phrases,expressions et mots suivants :
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...cet article ne concerne pas du tout la date du carnaval mais le comportement de politiciens de Lire la suite
De même que les Mqs adoptent de plus en plus un parler ,un comportement et des pratiques culturel Lire la suite
...nous adapter à cette nouvelle réalité. Lire la suite
...à l’histoire au moins un peu (à travers qqs personnages cités, c’est de l’histoire que nous pa Lire la suite