Asphalte. Tôt le matin, même désir d’horizon qui s’éloigne en point de fuite. Contact. Les voyants s’allument, l’essence afflue, mes pupilles s’accoutument à la nuit qui se défait. Comme toujours, mon rendez-vous est extrêmement urgent. Rien ne stoppera ma course contre la montre.
Admission. Au pied du volcan, le chemin de Bologne trace son ruban étroit à travers les champs de cannes. Scotché à la route, l’engin transperce la descente en poussant son cri terrifiant. D’un bond, j’atterris à Basse-Terre où des silhouettes s’activent sous les derniers lampadaires. Je lève le pied.
Adrénaline. J’avale Gourbeyre, j’entre dans l’Hermitage derrière un chapelet de môlôkoy. La bête les dévore sans pitié pour une traversée fulgurante de la montagne. Soudain, une pluie brutale, j’hésite mais le monstre veut sa dose. Je cède, le turbo siffle, les injecteurs s’enivrent ; feux de brouillard et regard menaçant, la bête inassouvie déferle sous les trombes d’eau. J’écrase la pédale dans un grondement de tonnerre. Déjà 10 secondes d’avance.
Alerte ! Zone de radars, le prochain tronçon ne sera qu’un long bâillement jusqu’à Capesterre. Au loin, baignées d’azur, les Saintes, Marie-Galante et Désirade sont à portée de main.
Accélération : Enfin l’allée Dumanoir ! À gauche la Soufrière et les chutes du Carbet ; à droite la mer des Caraïbes bordée de palmiers royaux ; devant, une suite de courbes longues où s’envole le bolide en limite d’adhérence. Boîte bloquée en fond de 6, la bête écume de plaisir : Pli ou bay, pli i ka mandé ! Garder le contrôle, dominer sur soi pour contenir l’animal. Appel de phares dans le rétro. Malgré ma vitesse, une chabine à crinière me signale que je gêne. Je m’écarte devant son puissant BMW.
Attente… Le bouchon de Sainte-Marie s’enlise interminablement. On perd du temps.
Attaque ! La chabine diabolique met la gomme, elle a bouffé du lion ! Ça rugit, ça déboîte, c’est l’extase ! Véloce et instinctive, la bête feule à sa suite. Je coupe la musique pour profiter du bruit quand un troisième luron rejoint notre équipée. Encore une femme ! Sa Golf musclée nous passe tel un éclair ! Je n’en crois pas le compteur ! Et si les manblo nous pognent ? De Goyave à Bima, en parfaite harmonie, nous laissons le bitume en flammes, marquant notre sillage de jets de lave en fusion. Zut ! Voilà déjà ma sortie ! Crins au vent, pouces levés, mes complices me saluent genre « J’ai kiffé ! » On se klaxonne comme des gamins. J’arrive à Jarry. La bête a risqué ma vie mais j’ai gagné une grosse minute.
Admiration. Au parking, je flatte le capot brûlant : Fandgas ! Fout ou ni faya an ren a’w, fout ! Le téléphone sonne : le type appelle pour reporter le rendez-vous. Pffff… Sérieusement, les gens ne sont pas sérieux !
Ambition. Je me demande en combien de temps je peux rentrer à Basse-Terre ? La bête me sourit. Contact.
Dominique DOMIQUIN, Routes de Guadeloupe, le 03/08/2022
L'article parle du départ de 4.000 jeunes autochtones par an, avec concomitament l'arrivée de 4.0 Lire la suite
...dénonciations d'agressions sexuelles de femmes françaises et européennes contre leurs parents Lire la suite
...ces retraités non-locaux dans la population marrtiniquaise pour la simple raison qu'ils passen Lire la suite
Depuis les années 1950, la population martiniquaise a constamment augmenté, sauf de 1975 à 1979, Lire la suite
Frédéric C :1) Etrangers non-Européens ne signifie pas forcément non-Blancs :Brésiliens ,Argent Lire la suite