« Un BUMIDOM à l’envers » pour l’attractivité de la Martinique : farce ou projet ?

Yves-Léopold Monthieux

Ingénieurs ou ouvriers, chercheurs ou main d’œuvre, que manque-t-il le plus à la Martinique ? C’est la question qu’on peut se poser après l’émission du 12 octobre 2022 sur Martinique-la-1ère à propos du chômage et de la difficulté de trouver en Martinique des travailleurs dont elle a besoin. Me revient en écho la confession que me faisait un vieil ami entrepreneur du BTP, il y a plus de 30 ans. Il m’indiquait déjà à cette date qu’avait disparu la vieille pratique selon laquelle chaque fois qu’il ouvrait un chantier en commune, des volontaires du coin se pressaient pour se faire embaucher. L’époque active des années 1970 – 1980 était déjà donc terminée, où les ouvriers du bâtiment manifestaient dans les rues de Fort-de-France pendant un ou deux jours dans l’année, parfois plus, alors que la Fête du Travail réunissait, la CGT et Victor Lamon en tête, des milliers de travailleurs martiniquais. Ils ne luttaient pas seulement contre le chômage mais aussi pour des augmentations de salaires.

Ainsi donc, il a été fait état une fois de plus de l’impossibilité pour les entreprises de recruter des ouvriers martiniquais à peu près dans tous les secteurs d’activité. Les témoignages d’un entrepreneur et de sa collaboratrice étaient pathétiques. Ils étaient prêts à recruter sur le champ 10 ouvriers et conducteurs d’engins à la condition d’avoir un minimum de qualification. Qui n’a pas eu l’occasion d’éprouver du mal à obtenir les services d’un plombier, d’un carreleur ou d’un jardinier qui sache reconnaître un kod yam ou une feuille de patate douce, un niveau de connaissance qu’il est impossible de retrouver chez 9 sur 10 des « débroussailleurs » ? Existe-t-il un centre de formation des jardiniers en Martinique ?

Ce ne sont pas les cadres qui manquent le plus. Pour dix exécutants, il suffit parfois d’un ingénieur, de sorte que l’arbre des élites qui s’en vont ne parvient pas à cacher la forêt des exécutants qui manquent. La présence de ces derniers est inséparable de tout développement. Ainsi l’autonomie alimentaire à laquelle tous les élus font référence n’est pas possible sans une main-d’œuvre adéquate et nombreuse. Or celle-ci n’existe pas en Martinique, notre école agricole ne forme que des cadres qui, une fois leur diplôme en poche, ont vite fait de trouver un emploi ailleurs que dans le domaine agricole. Déjà aujourd’hui, nos marchés seraient à moitié vides sans le travail d’Haïtiens, en situation régulière ou non. Dès lors, assortie d’une hostilité à l’égard de l’étranger qui se mesure au fond des urnes, l’idée d’autosatisfaction alimentaire ne parvient pas à quitter son strict usage électoraliste. L’objectif est en effet impossible à envisager sans la venue massive d’étrangers haïtiens ou ste Luciens pour qui, comme en Martinique, le travail agricole n’est pas encore une maladie honteuse. Le mouvement séculaire des coupeurs de canne saisonniers serait-il en train de se transformer en règle générale.

Il est préoccupant que la Martinique ne sache pas plus former ses exécutants que d’empêcher son élite de s’en aller ni même ses techniciens supérieurs. Au surplus, au-delà de la vacuité des discours sur le manque de pouvoirs locaux, il est irresponsable que soit attendu de la métropole, nommée « hexagone », de mettre fin à ces travers. La demande par le président de la CTM à l’Etat d’un BUMIDOM à l’envers intervient alors que monte l’idée d’une soif de responsabilité. Il est vrai que le MIM vient tempérer cette appétence avec sa formule faux-cul « le peuple dispose » qui permet aux élus d’échapper à la sanction et de conserver le pouvoir après chaque désaveu du peuple, comme en 2003 et 2010. Une formule qui permet en quelque sorte aux « évolutionnistes » de se nourrir de leurs échecs. Il devrait en être de même si la présente aventure du congrès passait par une consultation populaire.

Cependant l’objectif du président du conseil exécutif n’est pas aussi burlesque qu’il y parait. Un simple décret avait suffi pour inscrire les « 40% » dans le marbre, une inégalité qui accorde à une forte minorité de la population une prime à la sécurité de l’emploi. Ce complément de salaire a eu pour objet de susciter la venue de métropolitains et d’orienter nos cerveaux musclés vers la fonction publique. Il en est résulté une caste de fonctionnaires efficaces à gérer la Martinique administrative mais impropres à générer une Martinique économique. En effet, nos ingénieurs ont longtemps troqué leurs compas et équerres contre la blouse de professeur. Imaginer une structure comparable au BUMIDOM afin de rendre la Martinique plus attractive pour nos propres élites tient de la gageure. C’est comme confier le tourisme à ceux qui l’ont combattu pendant un demi-siècle. Devrait-on attendre de l’Etat une mesure d’extension de la prime de vie chère aux cadres du secteur privé ? Il s’agirait d’un appel d’air pour la migration de confort, le nouvel oxymore que décrivent le métropolitain Patrick Bruneteaux et le martiniquais Olivier Pulvar dans leur ouvrage intitulé Les fonctionnaires à la Martinique, une migration de confort. L’Insee et les nouvelles intellectuelles (Nadia Chonville, Claire Palmiste…) ne viennent-ils pas d’alléger la population locale et les hexagonaux du poison distillé par leurs ainés, le « génocide par substitution » ? « Trop de Blancs en Martinique ? Gare aux fake news », prévient aimablement Nadia Chonville.

Deux mesures plus dignes car plus responsables conviendraient peut-être mieux à ceux qui peinent à quitter le marronnier du génocide : la décentralisation de la gestion administrative des fonctionnaires d’Etat et la diminution progressive de la prime de vie chère. On peut valablement penser que ces mesures qui décourageraient la migration de confort devraient en revanche satisfaire des centaines de candidats martiniquais aux métiers d’enseignants et autres fonctionnaires d’Etat. Reste que la question peut se poser de savoir si les fonctionnaires métropolitains seraient plus nombreux que les martiniquais à quitter l’île.

Fort-de-France, le 12 octobre 2022

Yves-Léopold Monthieux

Commentaires

Une migration d'inconfort

OuiNon

21/10/2022 - 14:49

"Une migration d'inconfort", c'est pour rire. Les migrations d'inconfort n'existent pas. Aussi; le sous-titre “une migration de confort” est-il une tautologie. En ce sens que toute migration peut être qualifiée “de confort”. On pourrait écrire tout aussi bien “Les Antillais de l’Hexagone, une migration de confort”



Mais définissons les termes…
1. Le confort est ce qui procure un sentiment de bien-être. Il relève de multiples facteurs, qu’on peut rapprocher de la pyramide des besoins, dite pyramide de Maslow.
2. La migration est le déplacement volontaire d’individus d’un pays vers un autre (ou d’une région vers une autre).
L’adjectif “volontaire” est important. En effet, il est des déplacements contraints. On parle alors de “déportation”. Les Métropolitains envoyés au bagne de Cayenne étaient des “déportés”. Les Métropolitains qui s’installent volontairement en Guyane sont des migrants.

Les migrants ne cherchent pas à vivre moins bien. Quand un migrant part de chez lui, c’est parce qu’il aspire au mieux-être. Quelles que soient ses motivations (économiques, politiques, culturelles, environnementales, etc.) Et quel que soit son niveau dans la pyramide de Maslow.

Tout migrant vise un supplément de confort.

Émigration de confort, toujours ?

Frédéric C.

21/10/2022 - 20:39

OuiNon, quand un Mquais rame dans son pays pour trouver du travail pendant 2, 3, 5 ans et chôme sans arrêt, puis qu'il part pour en trouver, vous appelez ça du confort ou de la contrainte? Vous avez déjà fréquenté des chômeurs de longues durée qui sont désespérés de devoir faire des petits djobs à droite â gauche, non déclarés, mal payés, sans couverture sociale, qui ont de surcroît une famille à nourrir ? Ça existe ! C'est très inconfortable ! Vu cet élément, je crois que dans votre analyse il y a un gros trou, un angle mort... Elle est bp trop binaire, ça me rappelle l'algèbre de Boole: 0, 1, 0, 1... La réalité est + complexe que ça. En tout cas c'est mon avis et je le partage, en 0 ou 1 because algèbre de Boole. L'avantage de cette approche c'est que c'est un univers à une dimension maximum, et encore si les vents sont favorables.

Pour Frédéric

OuiNon

21/10/2022 - 23:23

Les Martiniquais sans emploi sont en grand inconfort. Ceux qui partent pour en trouver un aspirent à moins d'inconfort. Or en arithmétique toute simple, moins d'inconfort s'obtient par un supplément de confort.
Maintenant, comme je l'ai dit, les migrations (qui sont toutes "de confort") ne relèvent pas toutes du même niveau de confort. Tous les migrants ne sont pas au même niveau de la pyramide de Maslow.
Certains migrent pour gagner encore plus alors qu'ils ont déjà beaucoup dans leur pays ou dans leur région. D'autres migrent dans l'espoir de gagner ne serait-ce qu'un peu car, dans leur pays, ils n'ont rien.
Leurs niveaux de confort sont très différents mais tous aspirent à plus de confort.

Confort et Maslow

Frédéric C.

22/10/2022 - 09:06

La pyramide de Maslow est bien sûr intéressante et pertinente, mais doit-on en faire un dogme, comme certains font de la "démocratie libérale" ou du "marxisme" un dogme rigide, absolument pas relativisable au regard d'autres facteurs ? Pour moi c'est non. La souffrance humaine d'une part, le fonctionnement des sociétés humaines d'autre part, sont beaucoup trop complexes pour qu'on se contente de la binarité "confort-inconfort". C'est comme la binarité névroses-psychose, capitalisme-socialisme: c'est trop schématique. De plus, selon les individus et l'état que leur passé leur a forgé, certains éléments de le pyramide peuvent être déplacés ou intervertis. Je ne développe pas, mais vous avez sûrement compris.

Avec votre permission...

Jean NEMAR

22/10/2022 - 11:10

Bonjour,
OuiNon, vous êtes un vrai jésuite, la casuistique ne semble pas avoir de secret pour vous, et vous vendriez de la glace à un Inuit !
Soutenir, du seul point de vue de l'arithmétique :
1- que ceux qui partent pour trouver un emploi, accèdent, ayant trouvé celui-ci, de ce fait à moins d'inconfort (ce qui n'est pas faux, mais DÉTERMINÉ par le point de vue auquel l'on se réfère), et, par suite, s'inscrivent, derechef, dans le processus d'une migration de confort, il faut le dire : c'est FORT !
2- que toutes les migrations sont de confort, même si vous nuancez et relativisez le propos, pyramide de Maslow à la rescousse : BRAVO !
3- que certains migrent pout gagner encore plus alors qu'ils ont déjà beaucoup : CHAPEAU ! Vous êtes encore plus -fort que Colin POWEL, agitant sa petite fiole d'eau distillée à l'ONU, devant les caméras du mond entier, ce qui n'est pas peu dire ! Re-chapeau !
Vous ayant lu, je préfère penser que vous êtes un auteur de science-fiction, testant un potentiel lectorat : cela me semble bien parti et, pour cette raison, je m'en tiens à ce premier terme de l'alternative.
Vous souhaitant un excellent week-end, et avec mes salutations courtoises

Kra kra

Frédéric C.

22/10/2022 - 12:01

Jean Némar, merci ! Je n'aurais pas forcé le trait jusque là, mais nos propos se recoupent. Le votre est plus "construit", plus convaincant, anti-dogmatique, et vous y mettez une dose d'humour sans attaque personnelle... Le commentaire de OuiNon m'agacé. Certes, formellement Il est bien charpenté, apparemment rigoureux, il se tient (voilà du boudin !)... Mais quand on creuse un peu, il semble évident que les coulisses ont, intellectuellement, beaucoup moins de sex-appeal... Cela fait songer au village de Potemkine, à une scène de
théâtre. Ou, plus gravement, parmi d'autres choses, à l'invocation des Saintes-Évangiles pour justifier les pires saloperies: Inquisition et tortures; traite négrière et esclavage colonial, cf controverse de Valladolid. Ou/et à l'invocation systématisée et le citationnisme de telle citation décontextualisée de Marx ou Lénine pour "justifier" les "purges" et crimes des régimes de l'URSS et de la Chine maoïste, ou, mezzo voce, des raisonnements, tactiques et stratégies imbéciles (je ne dis pas là que les PC n'ont fait que des saloperies, mais on a le droit et le devoir de prendre du recul). S'il tombe sur ceci, MB me traitera d'"anticommuniste obsessionnel", il le fera in petto quoique sans flatulences, mais je le sens, si j'ose dire. Hou! que je suis impressionné ma chère! ...A une époque, j'aurais eu droit à "vipère lubrique", "hyène syphilitique", "hitléro-trotskiste", "rebut du genre humain"... Tout ça pour dire qu'il peut être utile d'assouplir les grilles d'analyse, d'essayer d'introduire de la transdisciplinarité dans les approches. La pyramide de Maslow n'est qu'un outil à articuler avec d'autres. Douillounoheind heunndeustannd ouate haillametok hinngue eubaoute?

Quelques précisions,

OuiNon

22/10/2022 - 12:48

Je lis les critiques, que je comprends. Mais je dois quand même apporter quelques précisions, qui seront les dernières.
1) Je ne fais pas de la pyramide de Maslow un dogme absolu. J'ai dit que les migrations relèvent "de multiples facteurs, qu’on peut rapprocher de la pyramide des besoins, dite pyramide de Maslow". C'était une illustration générale. Il est bien sûr que "selon les individus et l'état que leur passé leur a forgé, certains éléments de la pyramide peuvent être déplacés ou intervertis" ainsi que le dit Frédéric C.
2) Je ne suis pas dans le binaire "confort-inconfort" mais dans l'unicité du "confort". En effet, ce qu'on app'lle "inconfort" ne s'oppose pas au confort, c'est aussi un confort mais qui est faible; voire nul. Comme la lenteur ne s'oppose pas à. la vitesse, c'est une vitesse mais qui est faible.
3) Je dis, que tout migrant cherche un supplément de confort, quel que soit le niveau de son confort de départ (élevé ou faible). Je veux bien croire que ce soit faux, encore faudrait-il me donner des exemples de migrants qui partent de chez eux dans l'espoir d'une vie moins confortable, c'est à dire avec l'objectif de descendre dans la pyramide de Maslow. Je ne crois pas qu'il y en ait : les migrants ne sont pas masochistes.
3) Bien sûr que "certains migrent pour gagner encore plus alors qu'ils ont déjà beaucoup". Les exemples pullulent. Dans le livre " Les Métropolitains à la Martinique, une migration de confort" (à l'origine de la présente discussion), on cite des cas de Métropolitains confortablement installés en France qui migrent en Martinique en vue d'un confort accru. Ce n'est pas de la science-fiction mais la réalité, qu'évoque un livre de sociologie de plus de 400 pages.

bon...: de confort ou d'argent ?

Jean NEMAR

22/10/2022 - 15:31

OuiNon, plusieurs remarques :
1- je n'ai pas lu l'ouvrage auquel vous faites référence (et ne saurait en discuter valablement), ce qui ne m'interdit pas de réagir à vos échanges
2- vous encaissez bien, et c'est tout à votre honneur : bon point pour vous, avec les félicitations du jury;
3- globalement, votre argumentaire n'est pas absolument irrcecevable, mais celui-ci est pollué par une rhétorique spécieuse, ce qui nuit à sa valeur intrinsèque;
4- vous êtes un manipulateur "sémantique" : quand vous dites dans votre commentaire "Quelques précisions", je vous cite : "3) Dans le livre " Les Métropolitains à la Martinique, une migration de confort" (à l'origine de la présente discussion), on cite des cas de Métropolitains confortablement installés en France qui migrent en Martinique en vue d'un confort accru." - ce n'est pas la même chose que lorsque vous écrivez, dans l'autre commentaire en réponse " Pour Frédéric", je vous cite : "Certains migrent pour gagner encore plus alors qu'ils ont déjà beaucoup dans leur pays ou dans leur région.".
En effet, dans la première citation, il est question de CONFORT ACCRU, ce qui ressort d'une étude spécifique ayant abouti à la rédaction d'un ouvrage, ET qui peut se traduire par UNE PLUS GRANDE QUALITÉ DE VIE, laquelle n'induit pas NÉCESSAIREMENT AUGMENTATION DES REVENUS, en termes de richesse financière, compte tenu NOTAMMENT du coût plus élevé la vie au quotidien, d'oû les "40% de vie chère", alloués aux fonctionnaires...sauf si ceux auxquels il est fait référence dans l'ouvrage, sont en effet des fonctionnaires...mais peut-on, pour autant, en déduire un accroissement en termes richesse financière ? je ne le crois pas, ces migrants fonctionnaires étant logés à la quasi même enseigne que leurs collègues fonctionnaires locaux, sauf à soutenir que les fonctionnaires martiniquais sont, à l'instar de leur tailor, riches !
Dans la 2ème citation, le propos ne semble pas soufrir d'interprétation hasardeuse : il s'agit de GAGNER encore PLUS, et l'on peut soutenir qu'il s'agit là, de gagner plus d'ARGENT.
Il résulte de cette "clarification sémantique" et si les mots ont un sens, que de deux choses l'une :
-soit vous avez malencontreusement mélangé les pinceaux de la migration, celle du CONFORT avec celle de l'ARGENT
-soit vous avez délibérément "bidouillé" votre argumentaire
Le jury vous accorde le choix des armes, et le duel cessera au premier sang...
S'agissant de Frédéric C., son KRA KRA me semble joyeux, et je lui précise me méfier comme de la peste du citationnisme, véritable débilité intellectuelle, dont l'ADN relève de la catégorie "virus", et pour lequel la science se révèle incompétente, et confesse son impuissance : le vaccin est toujours en cours d'études...
Quant à la controverse de Valladolid, si la question a été tranchée dans le sens d'une reconnaissance de l'existence d'une âme aux Amérindiens, je confirme, nonobstant ce qui a pu être déclaré, que OUI, les NÈGRES ont une âme AUSSI !
Salutations courtoises

Migrants masochistes, désintéressés ou névroses?

Frédéric C.

22/10/2022 - 17:11

OuiNon, vous demandiez quelques exemples de gens ayant migré en sachant que ce serait moins confortable de "bouger" que de se rester sur place. Vous me direz: ce que je dont je vais parler, ça se passe loin, remonte aux calendes grecques, man pa ni pèsonn pa la, etc... C'étaient des humains comme vous et moi! Alors, étaient-ils masochistes, les milliers de gens qui sont allés combattre le fascisme en Espagne en 1936-38, tout en sachant qu'ils pouvaient se faire tuer au combat, par les franquistes, les fascistes stricto-sensu (It.) ou les nazis allemands, qui étaient désormais surarmés? Ces combattants des Brigades Internationales connaissaient le contexte militaro-politique, et ils allèrent quand même ! C'étaient des gens de plein d'origines, mais peu importe: ils quittaient un relatif confort matériel et moral, mais ils allaient au front! Autre exemple : après la Révolution castriste, beaucoup de militants partirent hors Cuba pour des opérations de subversion de certains pays d'Amérique hispanophone. A posteriori, le cul sur la chaise on peut "juger" ces opérations mal préparées, mal organisées, tout ce qu'on veut, mais ce n'est pas le sujet. Che Guevara est le plus célèbre, mais il y en eut d'autres, dont Benigno... Ces gens-là SAVAIENT qu'ils quittaient un relatif confort pour risquer leur peau, VRAIMENT. Guevara n'avait peut-être plus trop le choix après le discours d'Alger, mais les autres ? Des masos, des névrosés?... Je vous entends déjà me répondre : "Ils avaient le confort moral de mettre leur comportement en accord avec leurs idées". Est-ce seulement cela? Car en Mque, y a-t-il eu à la même époque, et encore plus actuellement, des militants capables de mettre leur comportement quotidien en accord avec les convictions qu'ils veulent afficher ? Donc votre argumentaire comporte encore une zone d'ombre, un angle mort, bref! un gros trou qui ne permet pas d'expliquer certaines émigrations (comme un trou dans les chaussettes : "Landjèt sa! Y a plus de chaussette autour de mes trous..."... Quid de l'intégrité,dans votre vision? Quid de la marge de libre-arbitre, certes assez étroite, dont nous disposons tous? Pourquoi certains se rebellent, et d'autres sont des reptiles ? Vous évoquez, à la marque, les phénomènes idiosyncratiques, mais c'est complètement "à la marge", comme "périphériquement", comme pour essayer de réfuter l'objection de Jean Némar: ça semble artificiel quand même.

De confort, dont l'argent; le cas échéant.

OuiNon

22/10/2022 - 17:33

De confort ou d'argent ?
Les migrants.partent de chez eux pour plus de confort : confort économique,, confort politique, confort culturel, confort environnemental, ou autre.
Dans une phrase que vous citez, je me réfère à un confort accru, sans en préciser la nature. Dans une autre phrase, je parle du confort économique : l'argent. Vous opposez les deux phrases mais la seconde n'est qu'un cas particulier de la première.
J'aurais pu évoquer le confort politique, comme celui qu'ont cherché des Vénézuéliens que j'ai rencontrés, convenablement installés au Venezuela et qui ont migré en Martinique car leur famille était en délicatesse avec le régime. Nemar aurait peut-être écrit "de confort ou politique ?"
Il n'y a là ni mélange de pinceaux, ni manipulation.
D'ailleurs, je comprends mal que l'idée simple que toute migration est "de confort" suscite tant de vives réactions mais sans citer un seul cas de migrants (masochistes ?) qui émigrent dans l'espoir d'une vie moins confortable. Ce serait plus probant que les reproches personnels

de tout ce que vous voudrez : les mots ont un sens

Jean NEMAR

22/10/2022 - 19:00

OuiNon, vous me ferez ce crédit ou pas, mais je puis vous assurer qu'il n'y a pas dans mes commentaires, l'ombre d'une attaque personnelle : de la causticité, certes, mais d'attaque personnelle, point.
Tout également, je n'ai pas décrypté d'attaque personnelle venant de vos autres contradicteurs.
Ce que vous pouvez percevoir de la sorte, résulte, à mon sens, de la construction rhétorique qui est la vôtre, et appelle ce genre de réfutation, par suite, notamment, de ce que vous concevez tout migration comme étant nécessairement "de confort".
Soutenir cela me semble (et peut sembler) abusif, en termes de raisonnement.
Si j'ai fait le distinguo entre migration de confort et/ou d'argent,c'est qu'à mon sens, ce sont là 2 notions spécifiques qui traduisent 2 contextes tout aussi spécifiques, INTRINSÈQUEMENT, mais qui ne sont pas, pour autant, exclusifs l'un de l'autre.
Selon moi, il s'agit bien de les repérer en tant que ce qu'ils spécifient, tout en comprenant qu'ils peuvent être miscibles (je n'ai pas dit : solubles), sans que cela soit une nécessaire obligation.
Dans une telle logique de réflexion, oui, je distingue la migration de confort de celle politique, celle-là, n'étant pas celle-ci, MÊME si les 2 peuvent se rejoindre, mais pas nécessairement : quelqu'un qui fuit son pays pour des raisons de sécurité politique, n'est pas (et j'aurais tendance à penser : pas du tout), dans une migration de confort, ayant peut-être dû abandonner sa famille (je ne parle pas de femme et enfants...quoique), mais plus prosaïquement, ses propres parents, ses proches, et bien sûr, son réseau amical qui n'a pas forcément émigré dans le même pays, ou pas, sans compter ce qu'il est convenu d'appeler le spleen du pays natal, plus connu sous nos latitudes par le substantif de "gwo prèl péyi ya".
Le reproche que l'on peut vous adresser, est de ne pas tenir compte de l'aspect , du facteur humain, de la dimension psychologique, FONDAMENTALE, dans toute opération de migration, volontaire ou pas, et de réduire une telle opération à celle d'une simple équation selon laquelle : migration = confort.
Sur le plan de l'humain, lequel ne saurait être squeezé, cela ne se passe pas ainsi.
Salutations courtoises

Bon

OuiNon

23/10/2022 - 09:01

Bon, quelques commentaires...
1) La plupart de ceux qui quittent leur pays, pour aller combattre volontairement sur un champ de bataille à l'étranger, ne sont pas des migrants. Ils participent temporairement à une lutte qui les motive puis (s'ils sont toujours en vie) rentrent chez eux. Ceux qui partent en vacances sont dans le même cas.
2) Guevara mixe une migration à Cuba et des participations à différents combats dans d'autres pays, où il est mort en Bolivie. Sa motivation était la révolution. Pourquoi a-t-il migré à Cuba ? Frédéric C. me souffle la réponse. Ainsi, '"il avait le confort moral de mettre son comportement en accord avec ses idées".
3) La migration se résume effectivement au confort. Nemar évoque le cas de migrants qui ont laissé derrière eux de la famille, des amis, un emploi, des biens matériels, etc. pour laisser entendre que le confort ne les motivait pas. J'ai rencontré des migrants vénézuéliens en Martinique qui étaient exactement dans cette situation. Ils ont migré quand même, parce qu'ils ne supportaient plus le régime de leur pays (à tort ou à raison). Et dans leur configuration psychologique, fuir ce régime avait prévalu. Le confort politique.avait fait pencher la balance vers la migration, malgré tout le confort auquel ils renonçaient par ailleurs.

Bon

OuiNon

23/10/2022 - 09:03

Bon, quelques commentaires...
1) La plupart de ceux qui quittent leur pays, pour aller combattre volontairement sur un champ de bataille à l'étranger, ne sont pas des migrants. Ils participent temporairement à une lutte qui les motive puis (s'ils sont toujours en vie) rentrent chez eux. Ceux qui partent en vacances sont dans le même cas.
2) Guevara mixe une migration à Cuba et des participations à différents combats dans d'autres pays, où il est mort en Bolivie. Sa motivation était la révolution. Pourquoi a-t-il migré à Cuba ? Frédéric C. me souffle la réponse. Ainsi, '"il avait le confort moral de mettre son comportement en accord avec ses idées".
3) La migration se résume effectivement au confort. Nemar évoque le cas de migrants qui ont laissé derrière eux de la famille, des amis, un emploi, des biens matériels, etc. pour laisser entendre que le confort ne les motivait pas. J'ai rencontré des migrants vénézuéliens en Martinique qui étaient exactement dans cette situation. Ils ont migré quand même, parce qu'ils ne supportaient plus le régime de leur pays (à tort ou à raison). Et dans leur configuration psychologique, fuir ce régime avait prévalu. Le confort politique.avait fait pencher la balance vers la migration, malgré tout le confort auquel ils renonçaient par ailleurs.

O.K

Jean NEMAR

23/10/2022 - 09:17

Vous déformez mon propos au 3°) de votre argumentaire en réponse : je n'ai JAMAIS dit, écrit, que des "migrants politiques ayant laissé derrière eux de la famille, des amis , un emploi, des biens matériels", au motif que le confort ne les motivait pas.
Je n'ai JAMAIS DIT cela !
Mais tout ceci tourne au dialogue de sourds.
Je vous propose que nous en restions là.
Passez un bon dimanche.
Salutations courtoises

Dialogue de sourds.

OuiNon

23/10/2022 - 11:41

Je suis d'accord que tout ceci tourne au dialogue de sourds.
On peut se demander pourquoi.
"Les mots ont un sens", avait-vous écrit. Oui et non car, le plus souvent, les mots ont plusieurs sens , en ce qu'on peut les interpréter différemment. Personnellement, j'avais pris soin, dès mon premier commentaire, de définir ce que j'entendais par "migration" et par "confort"'.
Il me semble que les discussions qui ont suivi faisaient intervenir d'autres définitions, implicites celles-là. A partir de là, il difficile de se comprendre.
Quttons l'affaire, surtout qu'on parasite l'article de M. Monthieux.

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