An vwa fô ka pôté pli lwen

Jean-Laurent Alcide

Yan MONPLAISIR est candidat à l’élection législative, des 29 juin et 06 juillet 2024, dans le Nord de la Martinique -2ème circonscription-.

La majorité de son conseil municipal, l’ayant vu à l’œuvre, est convaincue que « cette voix forte et expérimentée peut faire avancer les affaires martiniquaises dans les instances étatiques », à l’instar de ses réalisations et projets à Saint-Joseph.

Le maire de cette ville a accepté de se soumettre aux questions de Fondas Kréyol.

 

  • Fondas Kréyol : Pourquoi cette candidature à la députation ?

 

  • Yan MONPLAISIR : Cette candidature répond au défi qui résulte de l’inattendue dissolution de l’Assemblée nationale. Il en ressort que je suis interpellé sur la question de fond que nous devons tous nous poser : que voulons-nous pour la Martinique ?

 

  • F. K. : A partir de cette réflexion, quels sont vos axes prioritaires ?

 

  • Y.M. : Il faut clarifier le débat. Nous ne pouvons pas être entendus et nous n’aurons pas de voix qui portent si nous nous présentons, face à nos interlocuteurs, en leur indiquant que l’attente des Martiniquais se résume à trois députés indépendantistes et un autonomiste avec des discours idéalistes, souvent hors-sol, qui n’apportent pas de solutions aux difficultés auxquelles est confronté notre pays. Je crois que l’exigence des Martiniquais est autre.

 

Il est vrai que nous souhaitons que soit prise en compte notre identité. Mais les Martiniquais ne veulent pas que soit remise en cause notre appartenance à un ensemble national français ; toutes les consultations populaires l’ont démontré. Il convient donc de respecter la volonté des Martiniquais !

Il importe d’avoir de grandes idées, certes ! Mais, il faut aussi apporter des réponses concrètes aux difficultés de nos concitoyens.

Nous ne pouvons pas négliger des mesures en faveur de notre langue maternelle, nous la pratiquons au quotidien et il existe même un Capès créole à l’université, pou bat pli douvan. Mais, il convient aussi d’œuvrer pour que la Martinique ait des services publics plus performants et répondant mieux aux besoins des Martiniquais.

Il faut aussi agir pour que l’écart entre les plus pauvres et les plus riches ne continue pas de se creuser.

Agir, pour que le cadre sécuritaire ne continue pas de se détériorer.

Agir, pour des transports terrestres, maritimes et aériens afin que notre insularité ne soit plus un handicap.

Agir également pour que nos compatriotes qui ont quitté la Martinique aient envie d’y revenir. Nous sommes en décroissance démographique, la seule réponse à apporter à cette menace, pour notre existence en tant que peuple, est de donner à chacun l’envie de vivre dans ce territoire.

C’est par l’action que nous affronterons et résoudrons les difficultés de notre pays et non avec des gadgets idéologiques.

Les plus jeunes, notamment, doivent y trouver des conditions propices à leur épanouissement professionnel. Il faut passer de la parole à l’action concrète. Si j’ai créé des entreprises et des centaines d’emplois dans notre pays, c’est avec l’engagement de faire progresser notre territoire, de maintenir ceux qui en ont le désir et les compétences ou la volonté de se former pour le servir et y vivre décemment.

Mon rôle, en tant que député, sera de faire entendre les messages des Martiniquais. Le gouvernement, quel qu’il soit, entendra d’autant plus nos préoccupations qu’il n’aura pas en face de lui quelqu’un qui est en rupture d’avec la France mais un élu en attente et en exigence. Ces dernières reposant sur des dossiers construits et des données concrètes et réalisables avec des échéances.

Mon approche est celle que je tire de certaines expériences.

Ainsi, récemment, j’ai été amené à prendre des positions fortes sur la question des ruptures d’approvisionnement en eau des foyers et entreprises Martiniquaises. D’abord, j’ai étudié le dossier. Puis, j’ai eu une approche très pragmatique des différentes problématiques, sans à priori, ni contre celui-ci, ni contre celui-là. J’ai été informé quant aux diverses données techniques. A partir de là, j’ai pris position, avec fermeté, pour faire entendre la voix de la raison. Les Martiniquais qui ont en charge l’approvisionnement de notre pays en eau, doivent faire la démonstration de leur responsabilité et de leur professionnalisme afin que nous soyons pris au sérieux en tant que « spécialistes des affaires Martiniquaises ». C’est à ce prix que nous pourrons aussi faire montre d’exigences pour des appuis extérieurs, notamment celui de l’État. Nous ne pouvons prétendre violenter ce dernier mais avoir avec lui un dialogue reposant sur le respect mutuel, dans un esprit de concertation constructif.

 

  • F. K. : Comment vous qualifiez-vous politiquement ; où vous situez-vous sur l’échiquier politique ?

On vous sait libéral mais avec parfois, pour ne pas dire souvent, des positions atypiques qui pourraient être celles d’un homme de gauche.

 

  • Y.M. : Ma philosophie politique est d’abord celle d’un gaulliste social. Je sais qu’aujourd’hui ces valeurs-là ont perdu, pour certains, un peu de leur sens. Ce sont des valeurs : de refus du renoncement, de l’esprit de liberté, de fraternité et de solidarité envers les plus faibles.

Mon étiquette c’est la Martinique. Je me positionnerai en dehors des extrêmes, dans un groupe avec lequel je partage les valeurs républicaines (liberté, égalité, fraternité), l’humanisme, la solidarité et la préservation de l’environnement. Je souhaite, par ailleurs, qu’il y ait un groupe des Outremers qui soit suffisamment fort et lucide pour constituer une force de lobbying faisant valoir nos intérêts au sein de l’Assemblée. Il faut de la solidarité des représentants des peuples dits d’Outre-Mer.

Des positionnements extrémistes ne conviennent pas car nous isolent en tant que parlementaires. Nous avons bien vu comment un certain groupe s’est retrouvé marginalisé.

 

  • F. K. : Yan MONPLAISIR député, qu’adviendra-t-il de Saint-Joseph ?

 

  • Y.M. : La population de Saint-Joseph est trop importante à mes yeux et trop chère à mon cœur pour que je ne continue pas, même dans un autre cadre, à œuvrer à son profit et, plus largement, au bénéfice de la Martinique en son ensemble. Député, je siégerai au Conseil Municipal de ma ville, avec la même détermination, la même ardeur et la même bienveillance à l’égard de l’équipe qui m’accompagne et avec laquelle nous poursuivrons les chantiers entamés et les projets en cours. Notre ville n’a jamais eu de député directement élu au suffrage universel. Je veux, là aussi, redonner de la fierté aux Joséphins.

 

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