3è référendum sur l'indépendance en Kanay : l'Etat français joue avec le feu

   Le Ministre de l'Outremer a donc décidé de maintenir le troisième référendum sur l'indépendance en Kanaky (Nouvelle-Calédonie) en dépit de l'opposition des partis indépendantistes qui craignent tout à la fois l'impossibilité de faire campagne à cause de l'épidémie de covid-19 et un télescopage du calendrier électoral avec les présidentielles en France.

   Décidément, la France ne comprend toujours rien à la décolonisation.

   Elle a presque toujours préféré l'affrontement armé (Indochine, Algérie, Cameroun etc.) à une mise à plat de la question et donc à un règlement pacifique. C'est pourquoi elle s'est employée depuis près d'un demi-siècle à mettre les Kanaks, la population autochtone, en minorité dans son propre pays. Ce qui, hélas, a fini par arriver ! Des milliers de Français, Tahitiens, Wallisiens, Réunionnais et Antillais sont venus progressivement s'installer en Kanaky et ont évidemment pris fait et cause pour la minorité caldoche (l'équivalent de nos Békés), ce qui explique que les deux premiers référendums se sont soldés par un "NON", assez large la première fois, de justesse la deuxième. Comment expliquer le résultat du second référendum ? En fait, les Caldoches n'ont presque rien à voir avec les Békés antillais, même si certains d'entre eux sont richissimes. Descendants pour beaucoup des prisonniers envoyés au bagne de Nouvelle-Calédonie au 19è siècle, une fraction significative d'entre eux, surtout dans la jeunesse, a fini par être sensible au message de paix de feu Jean-Marie Tjibaou :

   "Nous voulons que soit brûlée la haine et que soit clair le chemin de notre avenir et fraternel le cercle que nous ouvrons à tous les peuples."

   Autrement dit, il prenait acte de l'Histoire et ne cherchait pas à rebâtir une nation purement kanake mais dirigée principalement par les Kanaks en collaboration avec les nouveaux habitants du pays que sont les Caldoches, les Tahitiens, les Réunionnais etc. Tjibaou a payé de sa vie, comme on le sait, cette ouverture d'esprit et est tombé sous les balles d'indépendantistes radicaux, plus précisément sous celles de son bras droit au sein du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste), Yéiwéné Yéiwéné, cela le 4 mai 1989. Sauf qu'aucune balle n'a pu arrêter la diffusion de son message et que parmi la jeunesse caldoche, tahitienne, wallisienne etc., certains ont fini par comprendre que la Kanaky était leur pays, leur seul pays, et qu'il était nécessaire de voter "OUI" au 2è référendum sur l'indépendance. D'où la victoire du "NON" de justesse...

   Il est clair, pour tous les observateurs politiques que la troisième fois peut être la bonne et c'est justement ce dont ne veut pas l'Etat français pour qui la pandémie du covid a été une sorte de pain béni. C'est pourquoi il s'entête à maintenir la troisième consultation au 12 décembre prochain en dépit du refus des indépendantistes qui demandent le report du scrutin et ont appelé au boycott de ce dernier. Cet entêtement, cet aveuglement même de l'Etat français aboutira à quoi ?

   A de nouveaux affrontements sanglants. Forcément...Fatalement...

Commentaires

Analyse inexacte

Tokyo

13/11/2021 - 16:20

Pas tout à fait d'accord avec cette analyse inexacte et assez partisane: 1°) Tjibaou n'est pas "tombé sous les balles de Yéiwéné Yéiwéné" mais a été assassiné AVEC LUI par un extrémiste nommé Dubelly Wéa 2°) Il y a une autre hypothèse : sentant venir un 3ème NON ,les Kanaks ont pris comme excuse le Covid pour demander le report! Car leurs arguments actuels ne tiennent pas la route ne serait-ce que parce qu'une bonne partie de la population de la Kanaky ,ttes communautés confondues ,est vaccinée et pas censée craindre le Covid !!En plus ces mêmes Kanaks se plaignaient récemment de ne pas pouvoir honorer leurs morts à cause du confinement. Comment peuvent-ils maintenant exiger des mesures-barrières style report d'élections : faudrait savoir.

Valse-hésitation

MonOeil

17/11/2021 - 11:55

Il y a un an, l’UNI demandait à l'Etat d'organiser le 3ème référendum le plus tôt possible, avant les élections présidentielles. Alors que l'Etat répond à cette demande, avec la date du 12 décembre 2021, l’UNI veut maintenant que le scrutin soit repoussé, après l’élection présidentielle.
Par ailleurs, quel que soit le résultat, des changement interviendront. En cas de victoire du "Oui", bien sûr, mais également si le "Non" l'emporte. Des rencontres de travail ont lieu à ce sujet. L'UNI les boycotte.
L'Etat s'en tenant à ce qui a été convenu, on parle de provocation et on annonce d'ores et déjà des affrontements sanglants...
Imaginons que ce soit les partisans du "Non" qui demandent des changements au dernier moment, j'entends d'ici les accusations dont on les accablerait !
La Covid n'est "pain bénit" pour personne mais en l'occurrence, il sert de prétexte aux indépendantistes pour demander plus de temps pour la campagne du "Oui" et régler leurs dissensions internes.
Bref, au moment décisif, c'est une valse-hésitation.

Quant aux discussions avec l’Etat sur les conséquences du vote, l’UNI les désirait l’année dernière, mais huit mois plus tard, le parti a décidé de boycotter les rencontres de travail sur ce thème. Autant dire que, de son côté, droit dans ses bottes normandes, Sébastien Lecornu a pu tranquillement fredonner la chanson de Brigitte Bardot : “Tu veux ou tu veux pas ? Si tu veux bien, c’est bien. Si tu veux pas tant pis. Si tu veux pas, j’en f’rai pas une maladie…“

Valse-hésitation

MonOeil

17/11/2021 - 11:56

Il y a un an, l’UNI demandait à l'Etat d'organiser le 3ème référendum le plus tôt possible, avant les élections présidentielles. Alors que l'Etat répond à cette demande, avec la date du 12 décembre 2021, l’UNI veut maintenant que le scrutin soit repoussé, après l’élection présidentielle.
Par ailleurs, quel que soit le résultat, des changement interviendront. En cas de victoire du "Oui", bien sûr, mais également si le "Non" l'emporte. Des rencontres de travail ont lieu à ce sujet. L'UNI les boycotte.
L'Etat s'en tenant à ce qui a été convenu, on parle de provocation et on annonce d'ores et déjà des affrontements sanglants...
Imaginons que ce soit les partisans du "Non" qui demandent des changements au dernier moment, j'entends d'ici les accusations dont on les accablerait !
La Covid n'est "pain bénit" pour personne mais en l'occurrence, il sert de prétexte aux indépendantistes pour demander plus de temps pour la campagne du "Oui" et régler leurs dissensions internes.
Bref, au moment décisif, c'est une valse-hésitation.

CAMPAGNE ELECTORALE DIFFICILE

Albè

17/11/2021 - 12:02

Il faut être malhonnête intellectuellement pour ne pas voir qu'une campagne électorale en pleine épidémie de covid est quasiment impossible. Comme la date du 12 décembre est maintenue pour le référendum, cela signifie qu'il faudra faire campagne en ce moment même ! C'est-à-dire au moment où le covid repart à la hausse partout à travers le monde et où Macron, par la voie de son porte-parole, n'écarte pas l'idée d'un reconfinement. Donc, oui, ce virus est du pain béni pour l'Etat français s'agissant du référendum en Kanaky !

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