Aucune grande capitale d'Asie n'a associé les opérations du Hamas à des actes de terrorisme. Soucieux de maintenir de bonnes relations avec les pays arabes, grands fournisseurs de pétrole et de gaz, les gouvernements ne prennent pas parti dans le conflit qui s'ouvre ou choisissent le soutien aux Palestiniens.
Si les pays occidentaux ont fermement condamné le caractère terroriste des attaques menées au cours du week-end par le Hamas et affiché leur solidarité avec Israël, les grandes capitales d'Asie se montrent, elles, beaucoup plus hésitantes et refusent de prendre parti dans le conflit qui s'ouvre dans la région. N'entretenant traditionnellement que peu de liens avec Jérusalem, les pays asiatiques ne veulent surtout pas risquer une brouille avec les pays arabes.
Même dans les démocraties, l'embarras est palpable. Au Japon, le Premier ministre conservateur, Fumio Kishida, a « condamné les attaques du Hamas et d'autres militants palestiniens qui ont gravement blessé des civils innocents » mais s'est aussi tout de suite dit « profondément préoccupé par le nombre de victimes à Gaza ».
Ni ses ministres, ni les diplomates nippons n'ont, depuis samedi, voulu associer les opérations du Hamas à du « terrorisme ». Le pays n'a pas non plus signé le communiqué très sévère publié par Washington, Paris, Rome et Berlin pour condamner « les actes effroyables » du mouvement palestinien. « Pour Tokyo, il est important de ne pas antagoniser les pays arabes qui sont pro-palestiniens. Il s'agit donc d'afficher sa neutralité », explique Akiko Yoshioka, une spécialiste du Moyen-Orient au JIME Center-IEEJ (Institute of Energy Economics Japan).
Le Japon, qui importe plus de 90 % de son pétrole et plus de 30 % de son gaz naturel du Moyen-Orient, cherche avant tout à préserver sa sécurité énergétique. « Tokyo veut se tenir à distance des conflits politiques de la zone, dont il dépend pour son approvisionnement », confirme Christopher Lamont, un professeur de relations internationales à la Tokyo International University.
Cette posture ne suscite d'ailleurs aucun débat, ni dans les médias nippons, ni dans les partis politiques. « L'opinion publique japonaise est même globalement plus pro-palestinienne que les opinions publiques européennes », remarque Akiko Yoshioka. Washington n'en tient pas non plus rigueur à son grand allié en Asie. « Les Etats-Unis ont toujours eu un certain degré de tolérance vis-à-vis des tentatives du Japon de mener au Moyen-Orient sa propre politique », note Christopher Lamont, avant de rappeler que Tokyo n'a, de toute façon, ni la prétention, ni la capacité de peser sur les enjeux de la région.
A Séoul, le président conservateur, Yoon Suk-yeol, se montre tout aussi prudent. Son ministère des Affaires étrangères a simplement déclaré qu'il « condamnait fermement les attaques aveugles menées contre Israël depuis la bande de Gaza ». Egalement dépendant du Moyen-Orient pour son approvisionnement en énergie, le pays veut préserver, en cas d'extension du conflit, ses partenariats économiques privilégiés avec les capitales régionales et particulièrement avec l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, dont il s'est récemment rapproché.
Se sentant plus concernés par les tensions régionales, autour de la mer de Chine méridionale notamment, les pays d'Asie du Sud-Est refusent également de se positionner dans un conflit jugé lointain et compliqué. « La plupart des Etats d'Asie du Sud-Est ne disent pas grand-chose ou font part de leur neutralité - comme la Thaïlande - tout en lançant des appels anodins en faveur d'une résolution de la violence », résume l'expert Joshua Kurlantzick dans sa dernière note pour le Council on Foreign Relations.
Seuls Jakarta et Kuala Lumpur osent prendre position mais pour afficher leur solidarité avec les Palestiniens. L'Indonésie, dont 87 % des 274 millions d'habitants sont musulmans, a ainsi appelé la communauté internationale à « résoudre immédiatement la racine du conflit, à savoir l'occupation des territoires palestiniens par Israël ».
En Malaisie, où 63 % de la population est musulmane, le vice-Premier ministre Ahmad Zahid Hamidi a, lui, exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies à faire cesser les actes de violence avant d'accuser la communauté internationale, en particulier les puissances occidentales, de paraître indifférente aux actions menées par Israël contre le peuple palestinien. « Dans la crise ukrainienne, l'Occident s'est empressé d'offrir son soutien à Kiev. Malheureusement, lorsqu'il s'agit de la Palestine, la question est complètement ignorée », s'est agacé le responsable, qui refuse de voir son pays nouer des relations diplomatiques avec Israël.
Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)
ce sera très drôle! Lire la suite
...vous vous bouchez les yeux quand il s'agit d'identifier les VRAIS responsables de la situation Lire la suite
Les propos de Crusol sont gravissimes .C'est néanmoins une analyse originale qui mérite qu'on s'y Lire la suite
Rien de plus facile que de modifier la constitution. Lire la suite
En droit français actuel PERSONNE ,même pas Macron ne peut "octroyer" l'indépendance à un territo Lire la suite