Célébrer et/ou comprendre

Karl Paolo

     Un établissement scolaire de la Martinique a été récemment baptisé du nom de Paulette Nardal. Ce n'est que justice quand on sait qu'avec sa soeur Jane, elle fut un précurseur de l'idée de Négritude dans le Paris des années 30. Cependant, il importe de bien replacer les soeurs Nardal dans l'histoire de la Martinique si l'on veut comprendre leur trajectoire...

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Commentaires

Que dit-on ?

certes

15/03/2023 - 18:54

Que dit-on à ceux qui ont détruit les statues de Schoelcher ?

ILES ANGLOPHONES

Albè

15/03/2023 - 20:24

Ce genre de débat doit sembler surréaliste aux yeux de nos voisins insulaires qui ont dépassé les conflits de race et construit des états-nations. Le ressassement du passé et le racialisme exacerbé qui ont cours aux Antilles dites françaises est un obstacle à l'accession à la souveraineté nationale. Ils signent même la défaite de l'indépendantisme ! Ou plus exactement la maladie infantile de l'indépendantisme.

L'article illustre quand même un point...

Frédéric C.

17/03/2023 - 06:57

... c'est qu'il y a eu PLUSIEURS "NÉGRITUDES", et non une seule... Celle de Césaire, de Senghor et de Damas sont différentes. Si l'on intègre les sœurs Nardal dans le mouvement, ce qui doit être fait, la palette s'élargit.... Cela confirme qu'il y eut, pour reprendre des critères "européens": 1)Une négritude de "gauche", intégrant Césaire et Damas. Quoi qu'on puisse lui reprocher par ailleurs, même d'un point de vue de "gauche" et national- Mquais, Césaire s'est investi pour que les Mquais pauvres sortent de leur condition misérable. Son activité de Maire et de député est relativement éloquente... 2)Une ou des négritudes de droite, ayant tendance à essentialiser le Nègre, et à jeter par-dessus bord la question sociale. EXEMPLES : Senghor, qui fut un homme-lige de de Gaulle-Foccart dès la fin des années 1950, un pion du néo-colonialisme français en Afrique, et dont le régime intérieur au Sénégal ne fut guère progressiste (CF 1968). Le Sénégal senghorien ne fut même pas membre du Mvt des Non-alignés ! Et puis on a des personnes comme Paulette Nardal, dont le texte sur les "16 de Basse-Pointe" est stupéfiant, voire glaçant. Elle plaint les gros békés de l'époque, pas les ouvriers agricoles surexploités. Ils sont Nègres (ou Indo-descendants), mais pour le reste, qu'ils se tiennent à leur place, semble nous dire P.Nardal. En 1948, elle écrit "le progrès social est en marche": autrement dit il n'y a qu'à attendre. Or c'était complétement faux: il a fallu que des militants comme Victor Lamon se démènent avant et après 1948 pour qu'il avance vraiment. Je crois avoir lu ou entendu que Lamon lui-même se serait déplacé pour aller voir le Ministre du Travail de l'époque et faire avancer le dossier de l'application des lois sociales françaises aux travailleurs Mquais**. D'ailleurs, P.Nardal vivait en Mque sous Wòbè, or y a-t-il sa signature dans Tropiques ? Je ne l'ai pas vue... La Négritude de Césaire était, pour l'époque, une Négritude de résistance, et dans Tropiques Ménil et lui semblent avoir travailler de concert, sans anicroche majeure. Pendant ce temps-là, P.Nardal préparait-elle un féminisme de type "suffragettes"? Quand on compare avec l'activité de Solange Fitt-Duval (une des fondatrices de l'UFM) qui se battit pour la défense des femmes Mquaises du "petit peuple", on est édifié. Ce serait édifiant d'établir une mise en parallèle des vies militantes des deux femmes. Mais apparemment P.Nardal ne resta pas longtemps en Mque après 1945. Et politiquement on n'en entendit pas beaucoup parler.... Que lui doivent les femmes Mquaises ?.... Tout cela pour dire: oui, il faut parler de P.Nardal comme co-fondatrice de la Négritude, elle a été trop passée sous silence. C'est injuste, patriarcal, et Césaire lui-même n'y est peut-être pas étranger (il faudrait vérifier cette hypothèse). Mais faisons cela en gardant les yeux ouverts sur les questions sociales et la question des luttes de classes. Il me semble que dans le "drame" de septembre 1948, je cite de mémoire, Césaire aurait dit en substance : "L'étonnant, ce n'est pas le fait* en lui-même : c'est que ce genre de fait ne se soit pas produit plus tôt !". Aucun rapport avec les propos de P.Nardal. Ce serait intéressant de savoir si plus tard elle s'est démarquée de sa position d'octobre 1948. En présentant publiquement des excuses aux "16 de Basse-Pointe" et aux travailleurs vivant dans les mêmes conditions et devant se battre pour vivre décemment. //*meurtre d'un béké raciste et exploiteur d'ouvriers agricoles non-Békés./**En 2023, on peut se dire que c'était de "l'assimilationnisme de gauche". Mais là question nationale n'était pas encore posée en Mque, cela ne vint qu'après. Mais "les Antilles grêlées de petite vérole" dont parle Césaire dans le "Cahier...", Lamon, Césaire et S.Fitt-Duval ont travaillé ardemment à les soulager. Par contre, quel rôle joua P.Nardal là-dedans ? Peut-être celui que le jeune D.Boukman imputa à Césaire dans son "Chant pour hâter la mort des Orphée". Mais Boukman appartient à la génération nationaliste postérieure. Et vu son parcours, on ne peut pas dire que c'était un "révolutionnaire de salon": il a pris des risques, des vrais !

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