Un tueur silencieux. Sous l’effet du dérèglement climatique, des régions entières du globe vont devenir invivables au cours des prochaines décennies, avertissent l’ONU et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) ce lundi. Dans un rapport conjoint, les deux organisations appellent à se préparer aux vagues de chaleur à venir, plus fréquentes et plus intenses, pour éviter un nombre important de morts.
Le rapport alerte notamment sur le Sahel, l’Asie du Sud et du Sud-Ouest. Couplés à des situations socio-économiques préoccupantes, ces régions dépasseront les limites au-delà desquelles les personnes exposées à une chaleur et une humidité extrême ne peuvent survivre. Une telle situation va se traduire par «des souffrances et des pertes de vies humaines à grande échelle, des mouvements de population et une aggravation des inégalités», avertissent les deux instances.
Canicules meurtrières
Un rapport qui tombe à pic, à moins d’un mois de la COP27, la conférence annuelle de l’ONU sur le climat, en Egypte. L’ONU et le FICR appellent à réaliser en urgence des investissements importants et durables pour atténuer l’impact du changement climatique. Des appels qui attendent une réponse lors de la COP. D’autant plus que les vagues de chaleur sont parmi les phénomènes météorologiques les plus meurtriers et difficiles à contrer.
Les canicules «tuent déjà des milliers de personnes chaque année et vont devenir de plus en plus mortelles à mesure que le changement climatique s’accentue», alerte Martin Griffiths, chef de l’agence humanitaire de l’ONU. «Le système humanitaire n’a pas les moyens de résoudre seul une crise d’une telle ampleur.»
Les vagues de chaleur sont à l’origine de certaines des catastrophes les plus meurtrières jamais enregistrées. Le rapport rappelle le lourd bilan de la canicule de 2003 en Europe qui avait fait plus de 70 000 morts, et une vague de chaleur en Russie en 2010 avait tué plus de 55 000 personnes. Selon le rapport, les experts prévoient des taux de mortalité en lien avec la chaleur extrême très élevés, «comparables en magnitude, d’ici à la fin du siècle, à tous les cancers».
Mesures à l’impact limité
L’ONU et la Croix-Rouge soulignent qu’il est tout aussi important de reconnaître que l’adaptation à la chaleur extrême comporte des limites. Certaines des mesures prises, comme l’augmentation de la climatisation à forte consommation d’énergie, sont coûteuses, ne sont pas viables sur le plan écologique et contribuent elles-mêmes aux canicules.
Ces mêmes climatiseurs sont actuellement au cœur de polémiques concernant l’organisation de grands événements sportifs dans des pays chauds. La Coupe du monde de football masculin au Qatar en fin d’année est d’ores et déjà boycottée par de nombreuses villes françaises par l’annulation de sa retransmission sur écran géant. La récente annonce des Jeux asiatiques d’hiver en 2029 en Arabie saoudite a, elle, suscité l’indignation face à l’aberration écologique qu’ils représentent.
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