Chlordécone et carnaval dans les îles aux fleurs et aux belles eaux

   On a pu entendre cette phrase hallucinante sur une radio locale : "Le bain-démaré annonce le début du carnaval". Déclaration qui n'a provoqué aucune réaction ni de la part du journaliste qui interrogeait celui qui a prononcé ladite phrase ni des auditeurs. Ni de personne sur les réseaux dits sociaux, pourtant prompts à réagir dès qu'un chien pète comme on dit en dialecte insulaire. 

   Or, le bain-démaré, rituel de protection du 1er janvier consistant à se baigner à la mer aux aurores, n'a strictement rien à voir avec le carnaval. L'amalgame fait par l'interviewé dénote la volonté de "faire la bombe" toute l'année, du premier de l'an au 31 décembre. Sans césure ni coupure ni interruption de bat tanbou ek brennen bonda. Déjà que ce scélérat de virus du covid 19, envoyé par les colonialistes français pour génocider les Antillais, avait saboté la fête permanente pendant deux ans, faut quand même pas qu'on vienne emmerder les gens aujourd'hui avec des couillonnades du genre chlordécone et autres ! Bon, on avait certes défilé contre ce truc mais c'était parce qu'on avait été privé de carnaval. Rien de plus...

    "Tristes Tropiques", écrivait Lévi-Strauss. Tristes Antilles, pourrait-on écrire, démembrées par une caste prédatrice de descendants d'esclavagistes, une petite-bourgeoise de couleur népotiste, clientéliste et corrompue jusqu'à la moëlle et une bande d'hurluberlus noiristes. Véritable triumvirat du désastre antillais !

   Le chlordécone, la bétonisation des terres agricoles, la corruption, le chômage, l'exil massif des jeunes, les retraités à 400 euros de pension par mois, la folklorisation accélérée de notre culture et notre langue, le trafic de stupéfiants etc..., tout cela on s'en fout dès l'instant où l'on peut sauter-mater-calvacader.

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