D'aucuns s'empresseront d'affimer qu'on dit ti lari, ce qui est vrai mais ne correspond pas exactement à l'idée de "ruelle".
Ce qui, en effet, distingue la petite rue (ti lari) de la ruelle est fort simple : c'est le fait que la première est carossable (une voiture, certes une seule, peut la traverser) alors que la ruelle n'est accessible qu'aux piétons. Cette précision est nécessaire aux traducteurs créolophones confrontés à des textes dans lesquels figurent le mot "ruelle" et qu'ils seraient tentés de traduire spontanément par ti lari. Car si, l'exercice de la traduction fut un formidable moyen pour la plupart des "grandes" langues de faire des progrès considérables et d'acquérir leur "souveraineté scripturale" (Jean Bernabé), il en va tout autant pour les "petites" langues comme le créole, le basque, le kabyle ou nombre de langues africaines.
Un traducteur, surtout de "petite" langue, doit garder à l'esprit qu'il n'est pas seulement en train de transposer un récit ou un texte poétique mais aussi de participer à la construction littéraire de ladite langue. Il a donc l'obligation, morale ou intellectuelle, d'être précis et, par exemple, d'éviter autant que possible le mot passe-partout de bagay (Martinique)/biten (Guadeloupe)/bet (Guyane). Autant que possible ne signifiant pas systématiquement bien entendu ! Et dans le cas qui nous occupe, "petite rue" n'est pas une "ruelle". Pas exactement en tout cas comme nous l'avons vu plus haut.
En créole, il existe bien un mot précis pour dire "ruelle" : wet.
Comme dans la phrase :
Jandam pa rivé trapé'y davwè i chapé adan sé wet-la = les gendarmes n'ont pas réussi à l'attraper car il s'est enfui à travers les ruelles.
Question alors : d'où vient le mot wet ? Eternelle question s'agissant des langues qui ont accédé récemment à l'écrit et qui par conséquent ne disposent pas d'archives ou fort peu. La consultation des dictionnaires kalinago, de langues ouest-africaines, de tamoul, de chinois et d'arabe syro-libanais ne donnant rien dans ce cas précis, on est bien obligé de se tourner vers les glossaires des mots dialectaux français. Et dans l'un d'entre eux, on tombe sur la définition suivante :
"RUETTE : nom féminin. Petit chemin, sentier creux (Manche, Ile-et-Vilaine, Côte d'Armor).
Mais pourquoi s'être donné tant de peine ? "Ruette" figure dans Le Larousse et Le Robert qui le définissent comme "un passage très étroit". Certes, il n'est plus du tout utilisé aujourd'hui et les francophones ignorent son existence mais comment avons-nous pu ne pas voir immédiatement que "ruette" utilise le diminutif "ette" exactement comme dans "fille/fillette ; larme/larmelette ; table/tablette etc." ?
Notre wet créole provient donc de la "ruette" française, terme disparu dans le français actuel.
Aux dernières nouvelles une délégation de parlementaires antillo-guyanais ira prochainement visit Lire la suite
Belles paroles....
Lire la suiteArrêtons avec l'idéalisme ! Lire la suite
...oui j'oubliais une chose, importante par les temps qui courent. Lire la suite
... Lire la suite