Décrire les créoles du XVIIe au XIXe siècle aux Antilles et en Guyane : quels enjeux ?

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Numéro coordonné par Olivier-Serge Candau, Béatrice Jeannot-Fourcaud et Renauld Govain

Pour quiconque s’intéresse un tant soit peu au créole et à son histoire, un tel titre peut surprendre. Que faut-il entendre par « Décrire les créoles du XVIIe au XIXe siècle », alors que les premières études scientifiques sur la plupart des créoles n’émergent pas avant la seconde moitié du XIXe siècle ? Plutôt que de renoncer à répondre à la question, il convient d’en chercher la réponse dans les différents angles d’approches qu’elle suppose.

Le titre interroge d’emblée l’ensemble des évolutions qui traversent la période donnée, et la façon dont la connaissance de la langue coloniale se construit pas à pas. À la fin du XVIIe siècle, l’intérêt des missionnaires et des voyageurs pour les langues parlées par les esclaves dans la colonie naissante s’avère maigre et la place accordée aux traits linguistiques à l’œuvre dans les rares énoncés transcrits d’autant plus réduite. Le XVIIIe siècle dénote un intérêt plus marqué pour la question et invite à une considération particulière, dans la mesure où il donne à entendre désormais le créole par la voix des natifs. Au tournant du XIXe siècle se met en place progressivement une grammatisation du créole.

Une seconde difficulté se présente. Que faut-il entendre par « décrire » ? Quels sont les champs disciplinaires mobilisés et en quoi rendent-ils compte de leur objet d’étude ? La sollicitation de périodes historiques successives et le jeu constant des points de vue différents – d’abord extérieurs lors de l’installation de la colonie à la fin du XVIIe siècle, puis progressivement internes à la fin du XVIIIe siècle lorsque les natifs évoquent eux-mêmes leur propre langue – interrogent les outils épistémologiques à l’œuvre dans la constitution d’une réflexion sur la langue et ses usages. Quel rôle joue l’histoire dans la constitution d’une réflexion sur le créole et progressivement d’une créolistique ?

C’est à ces deux difficultés que ce numéro consacré à la description des créoles du XVIIe au XIXe siècle s’efforce de répondre, en accordant une place privilégiée, par le choix assumé de la pluralité des approches et des périodes, à la diversité constitutive par leur genèse et leur évolution des mondes créoles.

 

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