La commission d'enquête parlementaire conduite en grandes pompes par le député Serge Letchimy, très tardif "découvreur" du scandale du chlordécone, n'aura été en final de compte qu'un vèglaj, un grand bluff orchestré avec la complicité de certains médias martiniquais.
On vient en effet, d'apprendre que deux juges parisiens ont décidé de clore le dossier ouvert en... 2007. Autant dire que l'on se dirige tout droit vers un non-lieu et que les empoisonneurs peuvent désormais dormir sur leurs deux oreilles ! D'aucuns hausseront sans doute les épaules, se disant que nous sommes habitués depuis des lustres à l'étouffement des scandales divers et variés qui ont secoué et continuent de secouer la Martinique : Crédit Martiniquais, Ceregmia, Sodem, Cftu, Smtvd, Retraites à la mairie de Fort-de-France, La Colas et tant d'autres. La tactique est bien rodée : la justice feint d'abord de s'intéresser à l'affaire, des enquêtes judiciaires sont menées, des gardes à vues sont prononcées, des mises en examen également, une ou deux audiences sont tenues en Martinique et hop ! , l'affaire est délocalisée sans la moindre justification au...Tribunal de Paris.
A partir de cet instant, on n'en entend plus parler du tout. L'affaire sera enterrée sur les bords de la Seine !
Sauf que le scandale du chlordécone est d'une toute autre ampleur que ceux qui ont secoué la Martinique jusqu'ici. Car si une banque est ruinée, si une université est obligée de rembourser des millions de fonds européens, si des riverains d'une avenue ne sont pas dédommagés alors qu'ils ont été expropriés etc..., ce sont leurs usagers et eux seuls qui se trouvent malheureusement impactés. Or, le scandale du chlordécone impacte la quasi-totalité des Martiniquais puisque 90% d'entre eux ont des traces de ce dangereux pesticide dans le sang. Et ce pourcentage n'émane pas du cerveau de quelque dangereux "nationaliste" mais des propres services de l'Etat français.
Une chose est claire : tout a été fait pour étouffer le scandale du chlordécone.
Scandale dont la découverte ne date pas d'aujourd'hui mais de...1974 lorsque les ouvriers de la banane dans le Nord de la Martinique se sont mis en grève pour protester, entre autres, contre l'usage de pesticides. Grève qui a été matée dans le sang en février de cette année-là ! Ensuite, l'écologiste Pierre Davidas a, dans les années 80, sans cesse dénoncé, dans le magazine ANTILLA notamment, l'extrême dangerosité du chlordécone. A l'époque, personne n'a voulu l'écouter. Dans les années 90, l'ASSAUPAMAR de Garcin Malsa a pris le relais mais c'était, hélas, comme crier dans le désert. Pendant ce temps, les gros planteurs de banane, principalement békés, ont obtenu dérogation sur dérogation, avec l'appui de parlementaires martiniquais. Cela jusqu'en... 1992, sauf qu'une enquête des services de l'Etat découvrit des stocks de chlordécone sur une "Habitation" en...2002 ! Est-il besoin de rappeler que ce produit fabriqué aux Etats-Unis fut interdit dans ce pays et cela définitivement dès... 1979 ?
A compter des années 2000, des associations agricoles et écologistes guadeloupéennes ont à leur tour porté plainte et en 2007, les écologistes Louis Boutrin et Raphaël Confiant publièrent la même année deux ouvrages accablants : Chronique d'un empoisonnement annoncé et Chlordécone : 12 mesures pour sortir de la crise. Ils organisèrent une conférence de presse sur le sujet en pleine Assemblée nationale avec à leurs côtés zéro député des Antilles, mais les écologistes français Corinne Lepage et Alain Lipietz. Puis des syndicats de travailleurs de la banane se sont réunis en collectifs à compter de 2010 pour faire entendre leur voix. Enfin, en 2020, près de 10.000 Martiniquais ont défilé dans les rues de Fort-de-France pour demander des comptes aux empoisonneurs.
Pendant tout ce temps, quatre décennies en fait, le chlordécone a fait des ravages : eau du robinet gorgée de chlordécone ; rivières, nappes phréatiques et rivages pollués au point que l'aquaculture martiniquaise a été éradiquée et la pêche interdite sur certaines parties du territoire ; développement phénoménal de toutes sortes de cancers (notamment celui de la prostate), des maladies de Parkinson et d'Alzheimer, des malformations congénitales et de l'endométriose. Qu'a fait l'Etat ? Il a concocté de plans : "Plan Chlordécone 1", "Plan Chlordécone 2", "Plan chlordécone 3" etc...etc...Mais aucune des principales revendications des opposants au pesticide n'a été prise en compte, en particulier le recensement de tous les ouvriers agricoles contaminés (beaucoup sont décédés depuis !) ; la cartographie exhaustive des terres contaminées ; la traduction en justice des importateurs et utilisateurs du chlordécone.
Il n'y a guère eu que la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique), sous la mandature d'Alfred Marie-Jeanne, à avoir fait des efforts pour tenter d'endiguer les conséquences désastreuses de ce qui n'est rien d'autre qu'un empoisonnement de masse. Ainsi, le Parc Naturel de Martinique, à l'époque où Louis Boutrin en était le président, a lancé le Label "Zero Chlordécone" rassemblant une soixantaine d'agriculteurs et d'éleveurs travaillant sur des terrains non contaminés ainsi qu'un Application "Zéro Chlordécone", munie d'un QR Code, permettant à tout acheteur de légumes ou de viande de vérifier, avec son téléphone portable, si le produit qu'il comptait se procurer comportait du chlordécone ou pas. Tout cela a été bazardé par les différents "doucineurs" qui ont succédé à L. Boutrin à la présidence du PNM !
Résultat des courses aujourd'hui : nombre de travailleurs de la banane meurent dans l'indifférence générale et leurs enfants ne seront jamais indemnisés puisqu'aucun empoisonneur n'a été conduit à la barre du tribunal. Zéro coupable donc ! 20.000 hectares de terres en Martinique et 5.000 en Guadeloupe seront contaminés pour les 150 ans à venir. Aucune recherche approfondie n'a permis à ce jour en mettre en œuvre des techniques de dépollution fiables. Et l'actuel président de la CTM de s'exclamer à la radio en 2020 et sans rire : "Le chlordécone est un scandale d'Etat !". Comme s'il n'y avait que l'Etat en cause ! Certes, les AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) sont délivrées par le Ministère de l'agriculture et donc divers ministres sont impliqués mais comment faire l'impasse sur ceux qui, les gros planteurs, ont non seulement importé massivement le chlordécone, l'ont utilisé 3 fois plus à l'hectare que dans les bananeraies latino-américaines et l'ont introduit en Martinique sous le nom de "Curlone" pour tromper la population à commencer par les ouvriers agricoles.
Un non-lieu dans cette affaire serait donc rien moins qu'un méga-scandale !
Si on vous suit bien l'Afrique du Sud NE DEVRAIT donc PAS condamner Israel puisqu'elle n'est ni Lire la suite
Ne prenez pas les gens pour des imbéciles avec vos habituels commentaires deux fois plus longs qu Lire la suite
1) Le contenu central même de l’article et de mon commentaire (mentalité esclavagiste des arabo-m Lire la suite
L’histoire de la Martinique est a la fois complexe et linéaire. Lire la suite
Petitot préfet. Lire la suite