L'une des plus prestigieuses universités du continent africain fête ses 100 ans : l'Université du Witwatersrand, située dans le centre de Johannesburg, en Afrique du Sud. Plus communément appelée « Wits », l'université regroupe cinq facultés sur 400 hectares, regroupées en deux campus. Elle accueille aujourd'hui 40 000 étudiants. Conçue à l'origine pour soutenir l'industrie minière dans ses recherches, Wits a su élargir ses domaines de recherches et devenir une référence dans le monde.
Le monde sous-terrain est un domaine de recherche très bien représenté à Wits. D'un côté les mines, de l'autre la paléontologie. Une science incarnée par le professeur Lee Berger, star dans son domaine. Lee Berger et ses équipes ont notamment découvert l'australopithèque sediba en 2008. « Vous avez devant vous plus de la moitié des fossiles humains découverts en Afrique qui sont conservés dans cette pièce, présente-t-il. Sediba dans cette boîte là-bas, Homo naledi ici, parmi beaucoup d'autres. Ce sont parmi les objets les plus rares et les plus précieux de la planète. »
« Université de classe mondiale »
Habillée d'une chemise noire brodée National Geographic, cet explorateur d'origine américaine s'est fait un nom en Afrique du Sud, à Wits. Il ne se voit pas ailleurs :
« Nous sommes ici en Afrique dans une université de classe mondiale, capable de mener ce genre de recherches. On ne peut pas faire ça ailleurs dans le monde. Quand je vois comment c'est aux États-Unis, je préfère rester un visiteur. »
Wits n'aurait rien à envier aux autres universités. Elle veut maintenant renforcer son influence sur le continent. « Notre objectif est d'atteindre l'Afrique francophone. Wits se voit comme un endroit où l'on peut transcender les frontières artificielles qui séparent l’Afrique anglophone, francophone, lusophone et arabophone », explique Zeblon Vilakazi, vice-chancelier.
À l'étage des sciences sociales, il y a un professeur qui illustre les ramifications de Wits à travers le monde. Le professeur Achille Mbembe. D'origine camerounaise, influent en France, ancien enseignant aux États-Unis et professeur à Wits depuis 2001. Achille Mbembe a trouvé l'écrin idéal pour ses recherches :
« Nous faisons partie des grands réseaux de circulation des idées à l'échelle internationale, disons dans le domaine des sciences humaines et des sciences sociales. Alors tout cela montre qu'on peut vivre et travailler à partir de l'Afrique, tout en ayant un rayonnement qui dépasse l'Afrique du Sud en tant que telle et le continent lui-même. »
Achille Mbembe observe l'avenir avec inquiétude. La poussée du sentiment xénophobe en Afrique du Sud, alimentée par le gouvernement, risque de porter atteinte au projet panafricaniste de Wits et à son influence dans le monde.
photo : Great Hall de l'université du Witwatersrand, avec les couleurs du centenaire, à Johannesburg, le 19 août 2022. © RFI/ Romain Chanson
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